Nous l’avions déjà rencontré il y a quelques années lors de la création de sa revue sur le cinéma ; « Manivelle ». Malgré l’arrêt de celle-ci, Lionel Grenier continue d’écrire et vient de rédiger un livret de 16 pages inclus dans l’édition collector de « La Guerre des Gangs » de Lucio Fulci sorti en DVD chez Ecstasy of Films (http://the-ecstasy-of-films.com/). Logique puisque Lionel est un spécialiste du cinéaste italien pour avoir notamment créé luciofulci.fr et participé au livre Lucio Fulci – le poète du macabre (collection Cin’Exploitation dirigée par Julien Sévéon). Focus sur ce passionné de cinéma et par la même occasion sur un éditeur DVD indépendant qui s’attache à sortir des films jusque là inédits en France.
- Salut Lionel ! Pas mal d’eau à couler sous les ponts depuis notre précédente entrevue (http://www.shunrize.com/blog/interview-lionel-grenier-manivelle) dont, malheureusement l’arrêt de Manivelle. Pourquoi cet arrêt et quels sont les enseignements que tu retiendras de cette aventure ?
Etrangement, Manivelle s’est arrêtée à cause de son succès. Je ne pensais pas que la revue fonctionnerait si bien si rapidement, même dans le cadre de l’artisanat, dans un mode de production et un mode de diffusion indépendants. Entre mon travail, la revue, les autres projets qui étaient en cours et la santé, il a fallu faire un choix. J’ai préféré terminer sur un numéro dont j’étais satisfait plutôt que de continuer en étant moins présent comme rédacteur en chef et me retrouver avec une revue qui ne me correspondait plus. Je repense à ce dernier numéro avec émotion, d’autant plus que Gabrielle Lucantonio, l’auteure du dossier sur les Goblin (dont elle était la spécialiste mondiale), nous a quitté en début d’année… Et elle nous manque.
Les enseignements sont divers comme dans chaque aventure…J’y ai fait de belles rencontres humaines, certains rédacteurs ont depuis publié des livres sur le cinéma, etc. J’espère qu’avec Manivelle, on a donné envie à des gens de regarder les films de Giulio Questi, Flora Gomes ou Jean-Luc Brisseau…
- Pour autant, tu continues toujours d’écrire…
En effet, bien que l’écriture me prenne moins de temps aujourd’hui. J’ai eu le plaisir d’écrire un dossier sur Tobe Hooper pour Medusa, le fanzine culte de Didier Lefevre. Sur le même sujet, j’ai participé modestement à un numéro de Toutes les couleurs du Bis sur Hooper. Et puis surtout, Je m’occupe toujours de mon site luciofulci.fr qui commence à être connu même en Italie et aux Etats-Unis. J’ai écrit sur ce cinéaste pour le hors-série de Cinétrange intitulé Nos Années 80 vol.1 et pour la revue belge Cinémagfantastique.
- D’ailleurs, dernièrement tu as écrit un livret de 16 pages pour le DVD de La Guerre des gangs de Lucio Fulci sorti chez The Ecstasy of Films (http://the-ecstasy-of-films.com/). Ce film était jusque là inédit en France sur ce support…
Tout à fait. Christophe Cosyns (que je ne connaissais absolument pas) m’a un jour contacté pour me parler de ce projet. J’ai accepté parce que non seulement, j’aime bien ce film, mais en plus, le livret m’a permis de tordre le cou à certaines idées reçues qui traînent ça et là, notamment sur internet. C’était aussi l’occasion pour moi de retrouver Fabio Frizzi pour une interview sur la musique du film ; une musique qu’il aime particulièrement.
Et l’idée d’une collection Fulci ne pouvait que m’enchanter.
- Le public de fans connaît notamment Lucio Fulci pour ses films d’horreur qui auront marqué les années 70-80 avec L’au-delà, Frayeurs ou encore l’Enfer des Zombies mais ne connait pas forcement les autres facettes du cinéaste.
Ses films d’horreur étaient destinés au marché international contrairement à ses comédies ou à La Guerre des gangs d’ailleurs. Depuis notamment le travail de Néo Publishing qui avait édité en DVD certains de ses gialli ou encore le très beau drame historique Beatrice Cenci, les choses tendent à changer un peu. En tout cas, c’est dans cette optique là que j’ai créé luciofulci.fr : montrer les diverses facettes de son œuvre.
- L’Italie des années 70 était submergée à la fois de Western Spaghetti mais aussi de ces Néo-Polars. On pourrait croire que celui-ci est noyé dans la masse mais pourtant on reconnait la patte du réalisateur …
Chronologiquement, les Néo-polars ont remplacé les westerns « spaghetti » en fait et en effet, la patte de Fulci est très reconnaissable dans La Guerre des gangs qui est son seul polar. Tout le monde parle de la violence du film mais Fulci n’est pas le seul réalisateur italien à filmer la violence. Ce qui le rattache à ses autres films, c’est dans sa manière de faire surgir cette violence par sa mise en scène. Alors que le polar est un genre très réaliste, Fulci tourne certaines scènes comme des cauchemars, et ce, par sa connaissance pointue de la mise en scène (cadre, mouvement, son, etc.). Et La Guerre des gangs, par bien des aspects, se rapproche des 4 de l’apocalypse, le meilleur western de Fulci selon moi.
- Il faut rendre un grand coup de chapeau justement, à l’éditeur indépendant Ecstasy of Films, qui entreprend de sortir des films totalement oubliés dans des éditions collector à faire pâlir les gros distributeurs et leurs radineries notoires en termes de suppléments… (tu peux en profiter pour enchainer et parler de l’interview de Frizzi)
The Ecstasy of Films essaie de poursuivre ce que faisait Néo Publishing avec de belles éditions spéciales. C’est tout à son honneur. L’éditeur fait aussi le pari d’inclure des courts-métrages de jeunes talents pour leur donner une certaine visibilité.
- Pour revenir sur ton cas personnel, quels sont tes projets à venir ?
J’écris actuellement un long article sur Le Maître des illusions de Clive Barker. Ce sera pour le 25ème numéro de Médusa qui fêtera par la même occasion ses 25 ans. Je suis heureux d’y participer, surtout avec ce film que j’apprécie tout particulièrement. Depuis quelques temps, je travaille aussi à la refonte de mon site sur Fulci et je vais élargir le contenu à l’Italien et l’Anglais.
Il y a aussi d’autres projets éventuels mais il est trop tôt pour en parler…