avril 19, 2024

Luc Arbogast – Metamorphosis

Avis :

On a souvent tendance à cracher sur les émissions de télé-crochet qui lancent des carrières de chanteurs préformatés et bon pour être oubliés une paire d’années plus tard. Sauf que cela peut aussi être un tremplin pour de nombreux artistes en devenir, à l’image de Luc Arbogast. Il faut dire que son cursus est assez inédit et qu’il sort des cases du chanteur lambda. Tout d’abord attiré par le punk et le métal, genre qu’il va jouer avec son frère jusqu’au milieu des années 90, il va se plonger dans la musique celtique et médiéval, y trouvant un certain plaisir et se découvrant une voix inattendue, celle de contre-ténor. Connaissant un succès à Strasbourg et lors de regroupements médiévaux, il enregistre pas moins de cinq albums qu’il auto-produit pour se faire connaître. Mais son explosion, il l’a doit à l’émission The Voice, dans laquelle il s’engage lors de la deuxième saison. Entre son univers et sa voix, il ira jusqu’au direct avant de se faire éliminer par le public. Mais qu’importe, la mise en avant est là et il signe même avec Universal pour produire de nouveaux albums. Un succès évident ressurgira avec ce label et notamment grâce à la reprise du générique de Game of Thrones, collant bien évidemment à l’univers du chanteur. Metamorphosis est son dernier album en date, le troisième avec Universal, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Luc Arbogast ne se foule pas trop.

Le premier constat que l’on peut faire sur la globalité de l’album, c’est qu’il est très court, un poil plus d’une demi-heure pour dix pistes, c’est relativement peu et l’ensemble peut parfois manquer d’entrain ou d’ambition. En effet, certains morceaux, comme Metamorphosis, peuvent sembler incomplets car ils ne décollent jamais. Ce sera aussi le cas sur O Fortuna, une reprise timide du célèbre Carmina Burana de Carl Orff, qui manque de souffle et d’épique pour pleinement convaincre. Et bizarrement, malgré tout le côté médiéval fantastique, on sent un véritable manque d’entrain dans cet album. Et cela est dû en partie à une chose qui plombe l’ensemble du disque, l’ajout de rythme électronique. Pour cela, il suffit de jeter une oreille sur Mandragora, et même si la voix de Luc Arbogast est sublime et que l’arrangement peut sembler fonctionner, donnant une ambiance un peu délétère et aérienne, on s’éloigne grandement du folklore voulu par son auteur. En fait, on pourrait presque croire que tout cela manque de spontanéité et surtout d’honnêteté, voulant faire des rajouts pour donner une sonorité plus jeune, ce qui n’est pas vraiment nécessaire. D’ailleurs, le simple rajout d’instruments sortant de l’ordinaire suffit à rendre un morceau atypique ou plus accrocheur pour l’auditeur.

Alors tout n’est pas à jeter dans ce troisième album sous le label Universal, bien au contraire. Danza Ex Machina est le titre le plus enjoué du skeud, notamment grâce à un rythme plus rapide, mais aussi et surtout à des percussions plus prégnantes et donnant une autre dimension au titre. D’ailleurs, c’est l’un des rares titres que l’on verrait bien en live lors d’une fête médiéval avec des gens habillés en tenue d’époque faisant des rondes et des danses traditionnelles. On peut aussi citer Tempus Fugit, un très joli morceau relativement envoutant et d’une pureté cristalline ou encore Oniris (Hortus Deliciarum) qui, malgré un rythme très lancinant, se révèle apaisant et maîtrisé d’un bout à l’autre. Néanmoins, il faudra attendre la fin de l’album pour entendre un vrai titre médiéval plaisant et dans ce que le chanteur nous avait habitué avec Nomad. Si le refrain sera connu de tous, il n’en demeure pas moins que l’instrumentalisation typique et les roulements de tambours participeront au succès du morceau et à son côté médiéval totalement assumé. Il est juste dommage que certains titres soient si oubliables comme Liberta ou même Ad Mortem Festinamus qui entame l’album.

Au final, Metamorphosis, le troisième album de Luc Arbogast sous le label Universal, s’avère une légère déception de par sa trop courte durée et surtout par ses morceaux trop peu convaincants avec une instrumentalisation électro qui gâche l’aspect authentique du genre arboré. Si certains titres sortent du lot, on ressort de cet album avec un sentiment mitigé, celui d’avoir des ébauches de morceaux épiques et non pas des titres complets. Bref, sans être fondamentalement mauvais, cet album est trop simple pour pleinement convaincre.

  1. Ad Mortem Festinamus
  2. Metamorphosis
  3. Danza Ex Maxchina
  4. Mandragora
  5. Tempus Fugit
  6. Ursae (Ursae Majoris)
  7. O Fortuna
  8. Liberta
  9. Oniris (Hortus Deliciarum)
  10. Nomad

Note : 10/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1UqhPdmC7yk[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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