Auteur : Richard Awlinson
Editeur : Fleuve Noir
Genre : Fantasy
Résumé :
Le sage Elminster a disparu. Minuit est accusée de l’avoir tué. Et Kelemvor lui-même l’abandonne : il n’a rien à gagner dans cette affaire. Le chaos mène le monde, les dieux en exil n’y peuvent rien et la merveilleuse Minuit doit apprendre à se garder de tout, même de ses amis. La leçon sera profitable : elle prend sans trembler la route de Tantras, où un mortel rendez-vous attend les fous qui osent franchir les portes de la ville…
Avis :
Le monde de la Fantasy en littérature s’est démocratisé depuis l’avènement du Seigneur des Anneaux au cinéma. SI auparavant les ouvrages existaient bel et bien, leur portée et leur intérêt aux yeux du monde n’avait finalement que peu de valeur et le genre « imaginaire » n’avait que peu place face aux policiers et autres romans dramatiques issus de la « littérature ». D’ailleurs, même si aujourd’hui le genre est beaucoup mieux représenté et fait partie des meilleurs ventes de livres, il est toujours en dehors de la case Littérature, genre que l’on semble réserver aux écrivains se vautrant dans le drame ou le récit de vie à tendance neurasthénique. Mais qu’importe, tant que la visibilité de ce genre d’ouvrage s’améliore. Bien avant l’adaptation de Peter Jackson, les rôlistes, comme on aime à appeler les joueurs de jeu de rôle, avaient succombé aux Royaumes Oubliés et à Donjons & Dragons dans le monde magique de Féerune.
Tantras est le deuxième roman de la grande collection Les Royaumes Oubliés, et il est aussi le deuxième tome de la trilogie des Avatars, une trilogie qui fait tomber les dieux dans le monde des hommes suite à la disparition de deux tablettes du destin et une guerre s’organise pour dominer les humains mais aussi pour retrouver les tablettes et regagner les cieux. Nous avions laissé nos héros (Kelemvor le guerrier, Minuit la mage, Cyric le voleur et Adon le prêtre) à la fin de Valombre dans une situation incongrue, puisque hormis Cyric et Kelemvor, les deux autres personnages se font arrêter pour un meurtre qu’ils n’ont pas commis. Fort heureusement, Cyric les sauve en faisant un massacre auprès des gardes et Kelemvor se fait embaucher pour les retrouver et les arrêter. Cette course-poursuite va les amener à Tantras, la ville du Dieu du Devoir Torm, et dans laquelle est cachée l’une des tablettes du destin. Scénario sensiblement pareil au précédent, ce deuxième se veut plus spectaculaire que le précédent, mais il use de rebondissements faciles pour donner du fil à retordre à ses héros.
En effet, Richard Awlinson semble parfois se perdre dans ses bonnes intentions et livre des situations bateaux, voire hasardeuses, qui montre la stupidité des dieux (ou leur crédulité) et parfois, ce n’est absolument pas crédible. On pense par exemple à la malédiction de Kelemvor (il se transforme en panthère sanguinaire dès qu’un contrat qu’il remplit n’est pas dûment récompensé) qui est levé par Baine avant de remplir sa mission de trahison. Libre de ses mouvements, le héros va alors trahir le Dieu des Conflits, ce qui semble logique de la part du guerrier, mais illogique de la part du dieu, puisqu’il lui offre un cadeau avant qu’il n’ait rempli sa mission. Et des moments un peu gênants comme celui-ci, ce deuxième tome en est rempli, ce qui lui confère un goût d’inachevé, ou tout du moins un sentiment de laxisme au niveau des péripéties. D’autant plus que le style pataud de Richard Awlinson ne favorise pas une plongée dans l’univers, l’écrivain étant assez concis dans ses descriptions et limitant au maximum les séquences de combat qui se termine bien souvent par un sort destructeur ou une fuite.
Fort heureusement, le tome se rattrape sur ses personnages principaux. Les faux-semblants vont bon train, les protagonistes principaux ne savent plus à qui se fier et finalement, c’est là-dessus que le roman engrange des points. D’un côté Kelemvor a des doutes sur ses camarades et sur le meurtre commis, à un point que l’on ne sait jamais de quel côté va pencher la balance, de l’autre, on à Minuit son amante qui semble être déçu par les points de vue de son amoureux. Le jeu est trouble et même le lecteur ne saura jamais où se placer sur cette relation qui peut battre de l’aile à tout moment. Mais le personnage le plus charismatique et important, c’est Cyric le voleur, dont la destinée va prendre un tournant radical, surprenant, le montrant sous son plus mauvais jour à cause d’une vie difficile et d’émotions ingérables pour lui. Enfin, il reste Adon, le prêtre défiguré, qui reprend un peu du poil de la bête en fin de tome, mais qui met en avant des doutes sur l’intérêt des dieux pour les hommes, offrant un petit peu de réflexion sur les croyances à outrance et les prélats un poil trop extrémistes.
Au final, Tantras est un deuxième tome assez décevant mais qui se lit relativement bien. Assez court (moins de 250 pages), le tome se veut plus pêchu que son aîné et offre des personnages plus bigarrés ainsi que des séquences plus nerveuses. Cependant, si les personnages sont mieux traités et évoluent convenablement, l’écrivain a oublié de rendre tout cela plus prenant, en mettant en avant des situations incongrues et illogiques et des méchants complètement ratés, à l’image du dieu Baine qui est d’une bêtise flagrante. Bref, un tome sympathique, mais loin d’être le fleuron de la fantasy en littérature.
Note : 12/20
Par AqME