avril 16, 2024

Call of Duty Infinite Warfare

Résumé :

Le joueur est entraîné dans un périple au style classique dans un contexte de guerre à grande échelle, se déroulant dans un futur où le conflit humain s’est étendu dans tout le système solaire.

Avis :

À tort ou à raison, certaines franchises suscitent énormément d’animosité envers la communauté de joueurs ou les critiques, parfois les deux. S’il est une saga représentative de ce constat, c’est bien Call of Duty. Pourtant, chaque épisode annuel continue à se vendre comme des petits pains et l’éditeur ne se prive jamais de le rappeler au dos de la boîte. Au-delà de cet argument commercial maladroit, dire que Call of Duty n’a pas évolué d’un iota serait erroné. Après la Seconde Guerre mondiale, les conflits contemporains ont imposé leur dictat. Puis le contexte s’est tourné vers un futur plus ou moins éloigné où la situation géopolitique change radicalement. Époque différente, camps différents, même combat ?

Comme son titre l’indique, Infinite Warfare veut encore sauter le pas en extrapolant une guerre à l’échelle du système solaire. D’aucuns pourraient penser que ce choix offre une approche moins « terre-à-terre » dans le domaine du FPS. Infinity Ward avait déjà amorcé le virage avec quelques incursions spatiales dans Ghosts, opus en demi-teinte. Ici, on ne passe qu’un court moment sur Terre. Le temps d’ébaucher les tenants de l’intrigue et nous voilà propulser à Mach 3 dans la noirceur intersidérale. Si l’année ou même le siècle où se déroule l’action n’est guère dévoilé, on se doute que les technologies présentes (notamment le voyage dans les trous de ver) ne seront employées d’ici un à deux cents ans, voire davantage.

Il est vrai que l’histoire demeure beaucoup moins complexe que Black Ops 3. En dépit du conflit qui s’étend à d’autres planètes, les enjeux restent très basiques. À savoir, l’Alliance Spatiale des Nations unies (ou l’ASNU) contre le SetDef ou Front de Défense des Colonies dont l’organisation et les méthodes évoquent un groupuscule terroriste. Dommage que l’antagoniste principal interprété par Kit Harrington ne soit pas davantage développé pour mieux saisir ses enjeux. L’on demeure avec une vision très restreinte du conflit. Ici, on ne tente pas d’effectuer des retournements de situation amenés à changer de camp (comme c’était le cas dans Advanced Warfare) ou à apporter un point de vue global du contexte. L’approche reste très manichéenne avec les gentils (nous, en l’occurrence) et les méchants (les autres, pour l’occasion).

Ajoutons à cela, un ton clairement axé sur le patriotisme et l’esprit de sacrifice. Il en ressort un message mielleux et très naïf où il faut préserver la paix dans le monde et la tranquillité des bonnes gens au péril de sa vie. De là à dire qu’on a droit à une campagne de recrutement militaire, il n’y a qu’un pas. Et c’est principalement sur le fond que ce volet est sujet à discussion. La glorification de la guerre reste de mise par le biais de gadgets technologiques jouissifs (grenades antigravité, vaisseaux spatiaux…) et d’une réalisation grandiloquente où la bande-son se marie, une fois de plus, à merveille avec des séquences épiques. Aucune surprise de ce côté-là, Infinity Ward maîtrise l’art du spectacle pour en imposer visuellement.

D’ailleurs, le fait de placer l’action dans l’espace ou sur des terres inconnues permet d’étonner le joueur blasé par les habituels effets pyrotechniques, explosions et autres destructions inhérentes à la série. Il faut jouer de concert avec les ennemis, mais également l’hostilité de l’environnement. Encore que, sur ce point, le concept aurait pu davantage être développé. Le froid extrême sur Europe, les rayons mortels du Soleil sur un astéroïde minier dans l’orbite de Mercure qui nécessite de traverser certaines zones dans l’obscurité sous peine de brûler vif… Voilà d’excellentes idées malheureusement trop sporadiques pour imposer une manière différente d’appréhender chaque mission.

La progression s’affranchit du côté linéaire du FPS et des précédents opus, notamment grâce à des chapitres annexes qui viennent ponctuer la quête principale. Le joueur peut donc choisir l’ordre dans lequel il va aborder le conflit. Certes, cela n’a rien à voir avec des titres tels que Mass Effect, mais l’initiative est louable d’autant plus qu’elle donne droit à des batailles spatiales immersives. Avec une approche arcade très permissive, le maniement du Jackal reste très facile. Si l’on peut entrer en collision avec des éléments du décor (structures humaines, débris de vaisseaux ou météorites…), les affrontements se révèlent intenses et rondement menés. En somme, un ajout bienvenu qui devrait ravir les nostalgiques de Colony Wars, même si ce dernier se montrait plus technique.

Niveau gameplay, on demeure avec une prise en main immédiate et des réflexes inchangés depuis les premiers opus. Le système de santé qui nécessite de se mettre à couvert pour récupérer, évoluer par palier en se concentrant sur un ennemi, changement d’armes aussi fluides que les mouvements… Dommage que l’interaction avec le décor ne soit pas de circonstances. L’idée de piratage des robots, ainsi que le booster utilisé pour accéder à des endroits surélevés ou séparés par des précipices sont des aspects qui auraient gagné à bénéficier de plus d’importance. Le choix de l’arsenal, lui, satisfera les adeptes de la customisation de l’équipement, mais les suggestions de l’armurier restent pertinentes pour mener les missions.

Côté durée de vie, on dénombre une trentaine de missions (principales et annexes) à la longueur et difficulté variable. Il faut donc compter entre sept à huit heures pour faire le tour de la campagne sans trop de mal, du moins en mode normal. Le multijoueur est toujours de la partie et s’adresse aux joueurs bénéficiant d’une connexion Internet assez exigeante, ainsi qu’un mode zombie qui gagne en qualité et en originalité avec le temps. Ne demeure qu’un challenge croissant en préférant les modes à la difficulté extrême, comme Spécialiste et surtout YOLO (acronyme anglais pour « On ne vit qu’une fois »). On reste donc dans la moyenne du genre, même si la variété est au rendez-vous pour contenter tous les publics.

Au final, cet Infinite Warfare divise sur bien des points. On renoue avec une intrigue par trop simpliste et manichéenne pour adhérer à son message fondé sur un patriotisme exacerbé, pour ne pas dire aveugle. Pour autant, le fait d’explorer d’autres mondes et l’espace offre un élan supplémentaire pour réinventer la franchise. Les combats en gravité zéro et les batailles spatiales y contribuent grandement. S’il persiste certaines errances narratives et contextuelles, Infinite Warfare reste néanmoins le genre de « jeu pop-corn », semblable à un blockbuster. À savoir, un côté spectaculaire parfaitement assumé qui gagnerait en maturité avec un travail sur le fond plus approfondi.

Note : 13/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=EeF3UTkCoxY[/youtube]

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.