mars 28, 2024

Six Feet Under Saison 1

D’Après une Idée de : Alan Ball

Avec Peter Krause, Michael C. Hall, Frances Conroy, Lauren Ambrose

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie

Nombre d’Episodes : 13

Résumé :

La vie des membres de la famille Fisher bascule lorsque le père meurt dans un accident, laissant ainsi la direction de la société de pompes funèbres qu’il a fondée à ses deux fils.

Avis :

Alan Ball est un scénariste qui est principalement connu pour son travail pour le petit écran, même si c’est à lui que l’on doit le scénario d’ »American Beauty » de Sam Mendes. D’ailleurs, c’est après avoir écrit ce film qu’Alan Ball a pu créer « Six Feet Under« . Si la série s’inscrit comme son chef d’œuvre, le scénariste a depuis créé une autre série pour la chaîne HBO, « True Blood« .

Bien souvent considérée comme l’une des plus grandes séries que la télévision américaine ait vue, « Six Feet Under« , avec son pitch spécial n’était pas un pari gagné d’avance, puisque Alan Ball nous invite à suivre la vie d’une famille de croque-mort.

C’est noël et Nate, le fils aîné de la famille Fisher, vient passer les fêtes en famille. Mais cette année-là, la fête va être gâchée par l’accident mortel du patriarche de la famille. Le père de la famille était le directeur de Fisher et fils une entreprise de pompe funèbre et il a laissé son entreprise à ses deux fils sur son testament. La vie de la famille Fisher bascule alors et Nate, qui avait toujours fui cette vie, se voit dans l’obligation de rester…

En commençant « Six Feet Under« , je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Il faut dire que suivre la vie d’une famille de croque-mort est pour le moins singulier et avait même de quoi faire peur, dans le sens où la série aurait pu tomber dans le morbide ou le trash, comme ça se fait beaucoup aujourd’hui… Mais il n’en sera rien, et cette première saison est un véritable bijou, dont certains épisodes peuvent s’élever au rang de chef-d’œuvre à eux seuls.

Sur la base de treize épisodes qui font tous à peu près une heure, Alan Ball nous offre une célébration de la vie.

Partant du principe que chaque épisode s’ouvre avec la mort d’une personne lambda, les scénaristes vont alors faire s’emmêler de manière incroyablement subtile cette mort à la vie des Fisher qui s’occuperont des funérailles du défunt.

Chaque épisode apporte quelque chose et chaque mort fera écho à un questionnement ou un raisonnement, et tout sera utile pour construire peu à peu le portrait de cette famille américaine attachante qui finalement, derrière leur métier étrange, et leurs névroses, ressemble à n’importe lequel d’entre nous et tout le monde peut se reconnaître en chacun d’eux.

Bon autant le dire, on ne va pas rigoler tout le temps et c’est même l’inverse qui est présent. Si la série jouit d’un humour génialement noir sans jamais être déplacée, si on sourit très souvent devant cet humour, beaucoup de ces épisodes seront de sacrés moments d’émotion aussi vive que puissante. Beaucoup de ces épisodes, de par l’intelligence des propos évoqués, de par l’émotion de ces histoires ou encore de par la simplicité de ton avec laquelle la série aborde les différentes histoires, comme la vie de ses personnages, fait qu’on sera bien plus souvent dans l’émotion les yeux humides, le cœur palpitant, qu’autre chose et étrangement, ça fait du bien. En fait, en parlant en permanence de la mort, « Six Feet Under » parlera avant tout de la vie et des vivants. La série est clairement positive, malgré tout le malheur qui la parcourt. Elle nous dit de profiter de chaque instant, elle remet les choses à sa place, démontre que l’on n’est pas grand-chose, tout en étant important. La série parle avec amour de la vie, qu’elle célèbre à chaque instant. Elle parle du temps qui passe, de la famille, des épreuves, des générations, des amis et de toutes les petites choses qui font que l’on est vivant. Et finalement n’est-ce pas la mort qui donne tout son sens à la vie ?

Particulièrement riche, « Six Feet Under » aborde des sujets que peu de séries, et mêmes de films, ont osé aborder de manière aussi frontale. L’impact d’un décès, ce qu’on laisse après un départ « imprévu » ou brutal, le souvenir de certaines personnes ou encore l’ignorance qu’un décès provoque. La série aborde la mort avec un grand respect et ne s’avère jamais gratuite. Les différents scénarios sont chacun d’une justesse sans égale. Certains décès affecteront plus que d’autres, et chaque membre de cette famille va peu à peu évoluer et prendre conscience de certaines choses, par rapport à une vie brisée, un amour en miettes, ou encore une libération… Bref, en treize épisodes, « Six Feet Under » s’impose déjà comme une grande série.

Derrière les décès qui s’enchaînent, la série bâtit peu à peu ses personnages et en plus de la mort, elle va aborder énormément d’autres sujets. Ainsi, sans aucun tabou, elle parlera du métier de « croque-mort », de l’entreprise, des bénéfices, du service fourni, la restauration des corps (un métier dont on ne parle jamais), de la concurrence, du respect de la mort et l’impact du métier sur ces personnes-là. Cynisme, émotion, je m’en foutisme ou blindage seront autant de façon d’aborder la mort et le métier.

La série abordera de manière évidente et attendue la religion et les questionnements qui vont avec et c’est sans juger et sans faire la promotion ou non d’une religion, d’une façon de penser, que « Six Feet Under » parle du paradis, de l’enfer, des athées et des autres.

« Six Feet Under« , c’est aussi une série sociale, qui ira bien plus loin que son sujet. À travers la vie de cette famille, la série parlera d’une pelletée de sujets et affrontera certains tabous, comme l’homosexualité, dont la série parle de très belle manière et surtout avec peu de clichés, ce qui est étonnant, surtout si on replace la série dans son époque. « Six Feet Under » parle aussi de l’émancipation de la femme, ou encore de l’amour, du poids de la famille, de l’adolescence… Bref, « Six Feet Under » est complète et ose parler de tout.

Très bien tenue, parfaitement rythmée, très justement filmée avec des choix pertinents, « Six Feet Under » sort du lot aussi au niveau de sa mise en scène. Alan Ball vise bien plus loin que le petit écran et ça se ressent dès le sublime générique d’entrée. On sera surpris parfois par le ton léger de certains épisodes, alors même que les intrigues sont d’une rudesse folle. On sera surpris de voir la série partir parfois dans toutes sortes de ton allant de la mélancolie à la passion, du désespoir à la véritable comédie, parfois même allant chercher du côté du film policier. Alan Ball, ses scénaristes et ses réalisateurs, font front commun pour offrir le meilleur et le plus beau.

« Six Feet Under« , c’est aussi des acteurs et des personnages de toute beauté. Des personnages d’une justesse folle, qui marquent dès les premiers instants. Chacun d’entre eux saura émouvoir, et tous donnent l’envie d’aller plus loin, de découvrir leur vie, leurs amours et leurs chagrins, en espérant que la série ne nous les prenne pas trop vite.

Alan Ball se paye un casting de luxe. On trouve ainsi l’immense Frances Conroy, le talentueux Michael C. Hall bien avant « Dexter« . On trouvera aussi le toujours aussi cool Freddy Rodriguez, la belle Rachel Griffiths dans un rôle plutôt ambigu. Et personnellement, j’ai eu une énorme révélation pour Peter Krause, le fils aîné de la famille, dont le personnage est passionnant et bouleversant.

Cette première saison se paye aussi quelques guests comme Illeana Douglas, Michael Cudlitz, Sandra Oh ou Joanna Cassidy. On notera aussi les apparitions géniales de Richard Jenkins dans le rôle du père décédé qui revient en hallucination.

Immense, irremplaçable, puissante, marquante à vie, inoubliable, un chef d’œuvre… Ces treize premiers épisodes sont une véritable ode à la vie et l’émotion est bien plus qu’au rendez-vous. « Six Feet Under » marque et une fois la télé éteinte, la série reste, envahit les pensées et l’on a qu’une envie, c’est de s’y replonger… Bref, cette entrée en matière est puissante et annonce que du bon pour la suite.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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