Résumé :
Bienvenue à Shotgun City. Un tremplin pour les puissants, une pente glissante pour les autres. Sa place, Johnny “Choker” Jackson a appris à la connaître durant ces trois dernières années. Mis au placard pour avoir refusé d’intégrer le programme “Man Plus” de la police, il joue les privés de bas étage. Mais la chance semble tourner. Son ancien supérieur le rappelle pour une mission très spéciale…
Avis :
Ben Templesmith n’est pas un petit nouveau dans le monde du comics. Avec un style qui se reconnait parmi tous les dessinateurs, il a su imposer sa patte et son savoir-faire au service de bandes-dessinées américaines plus ou moins trash et avec des sujets ayant beaucoup d’humour noir. On pourrait donc citer 30 jours de nuit ou encore Wormwood. Et quand on voit la bibliographie de ce monsieur, on peut être sûr qu’avec Choker, on est tombé dans du gras, du sale, mais aussi de l’intéressant. Alliant un graphisme particulier avec un univers assez dérangeant, ce comics prend la forme d’un one shot surprenant, assez difficile d’accès et pourtant fort sympathique. Alors que se cache-t-il derrière ses quelques pages noires ? Que quoi est faite l’histoire de Choker ? Vous aussi vous reprendriez bien un peu de cette pilule, de « l’homme plus », non ?
Le scénario de ce livre est assez déroutant car quand on le prend et qu’on l’ouvre sans prendre la peine de regarder le synopsis, on ne sait pas dans quel monde on évolue. Est-ce que c’est le futur ? Est-ce que c’est une autre planète ? Est-ce que c’est purement fantastique ? Bref, beaucoup de questions qui vont vite avoir une réponse. En fait, on va suivre la vie de Johnny Jackson, dont le surnom est Choker et qui est détective privé. Ancien flic, il fut rejeté de son travail à cause d’un rejet de la part de son corps de la pilule « Homme Plus » qui rend plus fort et plus agressif. Résultat pour lui, il se retrouve avec une main qu’il ne contrôle pas et qu’il doit droguer avec des sédatifs. Seulement, un beau jour, il est rappelé par son supérieur qui lui donne une mission importante, celle de retrouver et recoffrer Cassidy, un dealer qui fabrique une drogue dure, rendant fou et transformant en vampire tous les camés de la ville. S’il y arrive, il pourra réintégrer la police. Il va alors faire équipe avec une jolie blonde complètement frappadingue et ultra violente et il va vite se rendre compte que derrière tout cela se cache une vengeance de la part de Cassidy. Ce qui est étrange avec ce comics, c’est que l’on nage en plein délire visuel et environnant. Ainsi, on sait que l’on est dans un monde pourri, avec une police répressive très violente, mais avec aussi des mutants à plusieurs têtes et des personnages plutôt incongrus. Ceci dit, le mélange fonctionne plutôt bien et on ne s’ennuie pas un seul instant devant cette histoire de drogue dans un monde dépravé. Le seul gros point noir viendra de la simplicité du scénario et de la complexité qui l’entoure qui ne sert à rien à part rendre compliqué quelque chose de simple pour faire plus de pages. On pourra aussi dire que drogue et sang de vampires, ce n’est pas nouveau, puisque l’on voit déjà cela dans True Blood, mais pas un contexte comme celui-ci et encore moins dans un univers aussi sale. Les fans de noirceur et de monde en perdition seront ravis, mais ceux qui cherchent de la couleur et de la joie sont mal tombés.
Le dessin de Templesmith est très spécial. Sans être beau, il frappe par son visuel presque flou et surtout par des planches qui alternent dessins à la main et passage au numérique. Les proportions ne sont pas souvent respectées, et il y a beaucoup d’exagération dans les traits. Mais il faut avouer que tout cela colle parfaitement à l’ambiance de l’histoire. Alternant des moments chauds, comme la planche ci-dessus, mais aussi des moments froids dans des teintes plus bleutées, le dessinateur s’amuse à peindre un monde perverti, sale, où la police tue et où la salubrité n’existe plus. On pourra aussi émettre un gros défaut pour Templesmith concernant les seconds couteaux de son histoire comme Cassidy ou encore la taupe au sein de la police. En effet, certains visages ne sont pas assez marquants, ou se ressemblent trop et pour le coup, on ne sait plus qui est qui et on se retrouve perdu sur la fin de l’histoire. Cela n’entache pas trop la lecture, mais malheureusement, on ne peut qu’être déstabilisé devant ce passage. Par contre, les scènes d’action ne manquent pas de panache no de gore, avec tripes, boyaux et autres têtes voltigeant dans les airs. On peut dire que Templesmith s’amuse bien avec les différentes parties anatomiques des personnages. Enfin, on pourra tout de même apprécier le travail fait sur le héros, sorte de bonhomme bien portant, loin des standards héroïques, et qui donne un véritable souffle à l’histoire.
Au final, Choker est un comics assez déroutant de prime abord mais qui réserve bien des surprises et qui s’avère assez sympathique. Alor certes, il n’est pas le comics du siècle, loin de là, mais son univers malsain, son héros corpulent, et son histoire de drogue en font un ensemble cynique, où l’humour noir est omniprésent. Il suffit pour cela de lire le tout début avec la scène de sexe entre le maire et une femme habillée en truie. Bref, un bon moment pour une histoire complète qui ne coute pas chère.
Note : 13/20