Avis :
Tout genre musical possède des origines très précises. Et si certains styles alimentent la rumeur d’un possible rencard avec le diable, le Black Métal, malgré son côté sulfureux et sa mauvais réputation d’enfant satanique, ne possède pas vraiment de légende urbaine comme a pu l’offrir le blues ou le rock. Quoiqu’il en soit, le Black est un genre extrême qui laisse beaucoup de monde sur le carreau, la faute à une imagerie diabolique assumé et à des rythmiques très rapides pas toujours mélodieuses. Fer de lance du genre, Inquisition voit le jour en 1988 en Colombie, mais dans un tout autre style, le Thrash Métal. C’est en partant vers les States que le groupe va se forger un nom avec le Black Métal. Sortant son premier album dix ans plus tard, soit en 1998, le groupe se fait vite une excellente réputation et se démarque des autres formations black avec des breaks plus thrash et offrant ainsi une certaine variation dans les compositions. Presque vingt ans plus tard, le groupe est toujours présent et offre un septième album studio plutôt sympathique, mais qui a tendance à partir bien trop vite au départ, pour gagner en assurance sur la fin. Car oui, on a beau être un groupe référence, on ne fait pas tout parfaitement.
Le skeud commence par une introduction qui laisse peu de doute sur l’orientation thématique de l’effort. Intro : The Force Before Darkness fait sortir les voix d’outre-tombe et un semblant de cornemuse sur un ton monocorde, mettant de suite mal à l’aise l’auditeur et le plongeant dans un univers sombre et glauque. C’est sur le titre d’après que le groupe lâche la purée et balance du riff à vitesse grand V. From Chaos They Came est une boule d’énergie qui a bien du mal à se contrôler. Malgré quelques breaks plus posés, le groupe part en vrille et propose une rapidité d’exécution qui coupe toute mélodie. Et c’est peut-être là-dessus que le groupe se perd un peu. Très rapide, voire trop, on sent que Inquisition veut plaire à ses fans et pour cela, il va mettre les bouchées doubles pour fournir trois pièces d’affilée qui demeurent assez redondantes et bien trop violentes. Le summum viendra avec Vortex From the Celestial Flying Throne of Storm qui est à la limite de l’écoutable tant les riffs sont rapides. Le problème, c’est que cela coupe toute mélodie et on sent même que le chanteur a du mal à poser sa voix dessus. Une voix sans timbre, assez monocorde et grave, un style que travaille volontairement le chanteur pour faire croire que cette voix vient d’une autre dimension. Un délire qui aurait pu marcher si sa voix prenait le dessus sur la musique, mais ce n’est pas le cas.
Fort heureusement, le groupe se reprend en main après A Black Aeon Shall Cleanse, fournissant des pièces plus complexes, moins bourrines, et d’autant plus travaillées. Ainsi, les sonorités sont plus lourdes, plus graves, mais l’ambiance y gagne, offrant finalement ce mélange si cher au Black entre satanisme et paganisme. The Flames of Infinite Blackness Before Creation en est un exemple flagrant, avec une batterie moins puissante, mais un riff toujours bien présent et qui appuie justement une ambiance ésotérique. On retrouve aussi cela dans Through the Divine Spirit of Satan a Glorious Universe is Known, un titre plus thrash et moins black, malgré des insertions ultra rapides et des paroles toujours autant axé sur le diable, les sacrifices et toutes les âneries véhiculés par ce style musical. En fait, avec cet album, on a vraiment la sensation qu’Inquisition a le cul entre deux chaises. Le début est purement Black et assez difficile d’accès, alors que la seconde moitié est plus thrash et du coup, on ressent plus les mélodies et l’album deviendra plus facile pour les néophytes, alternant entre deux styles qui finalement ne sont pas si loin l’un de l’autre.
Au final, Bloodshed Across the Empyrean Altar Beyond the Celestial Zenith (ça c’est du titre d’album), le septième album d’Inquisition, est plutôt une bonne surprise même s’il reste tout de même assez difficile d’accès de prime abord. Affichant une entrée en matière très violente et parfois pas du tout mélodique, le groupe se rattrape avec une seconde moitié plaisante et beaucoup plus structurée, apportant les racines thrash du groupe, lui permettant ainsi de se démarquer de ses compatriotes. Bref, un album plutôt sympathique et possédant une ambiance lourde qui plaira certainement aux fans comme aux néophytes du genre.
- Intro : The Force Before Darkness
- From Chaos They Came
- Wings of Anu
- Vortex From the Celestial Flying Throne of Storm
- A Black Aeon Shall Cleanse
- The Flames of Infinite Blackness Before Creation
- Mystical Blood
- Through the Divine Spirit of Satan a Glorious Universe is Known
- Bloodshed Across the Empyrean Altar Beyond the Celestial Zenith
- Power From the Center of the Cosmic Black Spiral
- A Magnificent Crypt of Stars
- Outro: The Invocation of the Absolute, The All, The Satan
- Coda Hymn to the Cosmic Zenith
Note: 14/20
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Par AqME