De : Henry Koster
Avec James Stewart, Josephine Hull, Peggy Dow, Charles Drake
Année: 1950
Pays: Etats-Unis
Genre: Comédie, Fantastique
Résumé :
Les aventures de Elwood P. Dowd, un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire, mais qui a la particularité d’avoir pour ami invisible un gigantesque lapin.
Avis :
Henry Koster est un réalisateur allemand qui a fui l’Allemagne dans le début des années 30. Après avoir baroudé en France et en Hongrie, il part pour les États-Unis en 1936 pour travailler chez Universal et c’est là-bas qu’il va se faire une sacrée carrière. Une carrière d’une trentaine de films en une trentaine d’années.
Œuvre atypique et géniale, oscillant entre le drame et la comédie, Henry Koster livre ici un film sublime que les années n’ont fait qu’embellir. « Harvey » est un film plein de tendresse et d’humour, qui malgré tout détient un sujet sensible et sérieux que le réalisateur traite avec beaucoup de légèreté et de mystère. Emmené par un James Stewart tout simplement exceptionnel, « Harvey » sera la très belle pépite qui vous fera passer une soirée pleine de sourires, d’émotions, de quiproquos, et même un poil de doute, une fois le générique arrivé.
Elwood P. Dowd est un homme bien différent des autres hommes de la ville. Si l’on observe Elwood comme ça, il pourrait presque passer inaperçu, mais quand on y regarde plus près et surtout qu’on écoute Elwood, on se rend vite compte qu’il tient des conversations tout seul. En effet, Elwood discute avec Harvey, un lapin géant qu’il est bien le seul à voir. Sa sœur, qui souhaite que sa fille Veta puisse trouver un homme bien, a honte de son frère. Et après une énième honte que son frère lui fait, elle décide de le faire enfermer dans l’asile le plus proche. Mais par un malheureux quiproquo, c’est elle qui se retrouve enfermée à l’asile.
Adapté d’une pièce de théâtre de Mary Chase, le film de Henry Koster s’avère être un petit bijou d’humour et surtout de réflexion. Une réflexion intelligente, évidente, qui intrigue autant qu’elle touche, amuse et envoute. Car oui, « Harvey« , de par son ambiance décalée et lunaire, de par son acteur incroyable qui donne un pouvoir hypnotique immense à son personnage, est un film qui envoûte dès les premières minutes. Dès que l’on commence « Harvey« , on a envie de plonger dedans les yeux fermés.
Le scénario que tient entre ses mains Henry Koster est une petite perle pleine de folie, de quiproquos géniaux. C’est un film qui sait tenir un certain mystère et son spectateur jusqu’au bout et arrive même à être bien surprenante dans sa conclusion. Avec ce film, il est bien entendu question de parler des troubles mentaux, des hallucinations ou encore de la solitude de l’homme et ce qui est génial, c’est que finalement le film arrive à jeter un doute sur les troubles mentaux et sur ce que le réalisateur nous raconte depuis le début. Plus le film avance et plus le scénario devient « complexe ». Celui qui semblait être au départ une comédie, s’aventure sur d’autres sentiers. Plus le film avance et plus le drame prend place, tout en gardant une vraie part de rêve. L’écriture et la réflexion qu’il apporte sont excellentes. Le film est profond, sensible, bourré de nuance et rien n’est laissé au hasard. Et quand « Harvey » arrive sur son final, son mystère et la conclusion que l’on peut en faire sont libres et s’aventurent dans nos esprits bien plus loin que son générique.
« Harvey », c’est aussi un film devant lequel, on prend vraiment plaisir à suivre cette galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Le scénario laisse une vraie place à chacun d’eux. Le film leur donne une importance et une existence, qui fait que malgré que certains, ne soit pas au premier plan, on a toutefois envie de savoir de qui va leur arriver.
« Harvey » est aussi un film à la mise en scène géniale. Une mise en scène pleine d’idées qui finissent par faire véritablement exister ce lapin géant sans jamais l’apercevoir. Que ce soit dans le jeu de ses acteurs ou encore les angles et les mouvements de caméra, ce lapin existe et tout en étant discret finit par imprégner chaque scène de sa présence. « Harvey« , de par cette présence fantomatique, rappelle le « Rebecca » d’Hitchcock qui arrivait à rendre présent le fantôme de Rebecca à chaque scène.
« Harvey« , c’est bien sûr et sans conteste James Stewart qui offre un jeu impeccable et magique. L’acteur est magnifique, il y a une part d’enfant qui s’échappe de lui, de ses discours, de sa maladresse et de son regard sur la vie. C’est génial et terrible de le voir laisser éclater sa douce folie en compagnie de cet ami imaginaire qui l’accompagne partout. James Stewart est drôle, très drôle et en même temps, il arrive à être sensible à chaque instant. Et même si la mise en scène est incroyable, que l’écriture est géniale, et les autres comédiens impeccables (mention spéciale pour Cecil Kellaway), « Harvey » n’aurait peut-être pas été le même film si attachant sans James Stewart. Si tout est bon autour de lui, l’acteur est le cœur et l’âme du film.
« Harvey » est donc un gros coup d’amour ! C’est une perle tout droit sortie des années 50. C’est un film qui est aussi sérieux que léger. C’est un film qui amuse et qui sait toucher avec un sujet traité avec beaucoup de tendresse, de folie douce. Un thème dramatique abordé avec humour, tout en gardant un ton réfléchi. Bref, « Harvey » est un film superbe qui mérite qu’on s’y arrête à plusieurs reprises !
Note : 19/20
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Par Cinéted