avril 18, 2024

Jeff Beck – Loud Hailer

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Avis :

Le rock britannique fait partie des fondements de ce que cette musique est devenue aujourd’hui. Mais outre les groupes devenus cultes très rapidement (The Who, The Doors, The Beatles, The Rolling Stones, Pink Floyd, etc…), il y a certains artistes qui se sont démarqués dans des formations plus discrètes, puis qui ont explosé en solo. Et si l’on doit compter un groupe qui a connu de nombreux guitaristes de légende, The Yarbirds s’impose directement. En effet, après Jimmy Page et Eric Clapton, le groupe a aussi accueilli en son sein Jeff Beck, qui a connu un succès phénoménal dans les années 70. Il faut dire que le guitariste est l’un des premiers à utiliser la musique électronique pour donner plus d’appui au rock. Se servant du mauvais matériel des Yarbirds lors des concerts, il a réussi à maîtriser les larsens et autres distorsion pour faire quelque chose de plus électrique, de plus nerveux, et cela bien avant un certain Jimi Hendrix. Cependant, à la différence des guitaristes cités précédemment, Jeff Beck n’a jamais réussi à garder un succès constant dans sa carrière et il apparaît plus effacé que Clapton et Jimmy Page, qui ont tous les deux cartonnés avec Cream et Led Zeppelin. Quoiqu’il en soit, Jeff Beck sort un onzième album studio, Loud Hailer, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le guitariste est en grande forme.

Le skeud débute avec The Revolution Will Be Televised, un morceau qui commence lentement, avec la voix nasillarde de Rosie Bones qui fait office de chanteuse sur cet album, et qui possède une aura assez sombre, assez lourde. Certes, le sujet n’est pas drôle, mais au niveau de l’ambiance, on se rapproche presque d’un hard rock dépressif, avec quelques riffs bien sentis qui montrent une certaine hargne dans le jeu de cordes. Live in the Dark poursuit cette descente en enfer, mais de façon plus rythmée et moins lourde. Le titre est plus pop dans sa construction et ce n’est pas étonnant d’ailleurs que le guitariste ait choisi ce titre pour représenter son dernier album. On notera cependant qu’il manque un petit quelque chose au titre pour être au top, notamment un style plus marqué, car si le premier titre était blindé de solos de gratte en arrière-plan, il manque à Live in the Dark une empreinte précise et technique. Cet aspect lugubre et presque proche du métal se retrouve dans le très court morceau Pull It, qui utilise tous les éléments chers à Jeff Beck au niveau de l’instrumentalisation, à savoir quelques fulgurances électro et de bons gros riffs de gratte appuyant une sonorité lourde et puissante.

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Mais après ces trois titres à la direction sombre, le guitariste change son fusil d’épaule et va alors livrer quelque chose de plus technique et de plus référencé vers le blues. Ainsi, Thugs Club emprunte au blues noir américain avec une certaine désinvolture réjouissante et on pourra même y entendre des allusions au rock britannique. Le mélange est idéal et envoie du lourd. Dans le même style, on pourra se jeter sur Edna, bien plus rock, mais avec une ambiance plus festive et surtout une cadence frénétique qui colle parfaitement avec la voix dynamique de Rosie Bones. Mais les références du guitariste ne s’arrêtent pas là, puisque avec The Ballad of the Jersey Wives, Jeff Beck va s’appuyer sur une rythmique plus soul/funk qui change littéralement de ce qu’il propose dans tout le reste de l’album. C’est frais, ça permet de souffler un peu, mais en plus de cela, techniquement, c’est irréprochable et on se surprend même à chanter le refrain au bout de quelques écoutes. Enfin, il est difficile de ne pas citer les nombreuses ballades qui parcourent le skeud, à l’image de l’immense Scared for the Children, un titre touchant, d’une beauté transcendante et d’une justesse incroyable. Avec ce titre, on retrouve un rock des années 70/80 qui manque tellement aujourd’hui, un titre aux antipodes de ce que l’on peut proposer maintenant. On peut aussi citer Shrine, qui fait écho aux plus belles ballades rock des années 70, et qui montre un réel amour pour le genre et une volonté de ne pas sombrer dans la modernité à tout prix. D’ailleurs, ce titre ressemble à ce que pourrait proposer Duffy, avec cette voix nasillarde et cette instrumentalisation si rétro.

Au final, Loud Hailer, le onzième album de Jeff Beck, est une belle réussite et un skeud complet. En seulement onze titre, le guitariste nous emporte dans un univers à la fois sombre au départ, puis lumineux par la suite, trouvant des références dans tous les sous-genres du rock sans jamais tomber dans la copie ou la facilité. Bref, un très bon album qui prouve encore une fois que le rock n’est pas mort.

  1. The Revolution Will be Televised
  2. Live in the Dark
  3. Pull It
  4. Thugs Club
  5. Scared for the Children
  6. Right Now
  7. Shame
  8. Edna
  9. The Ballad of the Jersey Wives
  10. I.L. (Can’t Get Enough of That Sticky)
  11. Shrine

Note: 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=F6dsffOrOoI[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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