Avis :
Quand on est une légende du rock, il y a un certain statut à tenir et deux choix de carrière sautent aux yeux. Soit on n’arrête en pleine gloire afin de partir avec les honneurs et la tête haute, soit on s’acharne quitte à fournir des albums moins bons que les précédents ayant fait la notoriété dudit groupe. Si les raisons d’arrêt de certains groupes sont plus ou moins obscurs, d’autres font le choix de continuer malgré des déboires avec la critique et le public. C’est un peu le cas des Red Hot Chili Peppers qui ont connu la gloire à la fin des années 80 et au début des années 90 avant de connaître un statut de culte avec l’album Californication en 1999. Mais depuis, la formation peine un peu à renaître de ses cendres et à surprendre un public qui se délite au fur et à mesure. Il faut dire que le groupe a un peu perdu de sa superbe avec des lignes de basse un poil moins marquées et surtout une aura qui a tendance à se ternir avec une absence de tubes et une propension à la facilité. Mais surtout, la principale erreur du groupe fut de faire une longue pause qui vit l’arrivée de quelques super groupes comme Chickenfoot avec Chad Smith à la batterie. Quoiqu’il en soit, c’est cinq ans après le timide I’m With You que le groupe revient avec The Getaway, un album complet, plaisant et qui renoue avec un rock plus franc et des mélodies plus chaudes.
Le skeud s’ouvre avec The Getaway, le morceau éponyme de l’album, et il faut dire qu’il sera à l’image de l’entièreté de l’album. En effet, le rythme est assez lent mais suffisamment rythmé pour obtenir un flow relativement « cool » dans le sens où le titre évoque un lieu chaud, notamment avec sa refrain, ses chœurs féminins ainsi que sa guitare assez discrète mais bien prégnante en arrière-plan dans les notes aigues. Du coup, il en résulte un titre très agréable, à l’orée du funk qui fait plaisir, tant par son originalité que sa volonté de fournir une sonorité plus basique. On retrouvera aussi une sympathique ligne de basse qui fait les beaux jours du groupe. On aura aussi cette sensation de chaleur avec Dark Necessities et son intro à la basse si caractéristique du groupe et du jeu de Flea. Même si le morceau demeure un poil plus sombre que le précédent titre, il est aussi plus funk dans son allure et son refrain rentre immédiatement en tête dès la première écoute. C’est à partir de là que l’on se rend compte que le groupe a vieilli, a mûri, optant pour un son plus funk, moins râpeux et surtout, on a l’impression qu’une certaine sagesse s’est installée au sein de la formation. Cette sensation se conforte dans la fin de l’album avec plusieurs titres plus doux comme The Hunter ou encore Encore, qui sont deux titres très posés, très calmes, mais qui rencontre un certain succès notamment grâce à un certain sens du rythme qui n’ennuie jamais.
Bien entendu, tout n’est pas parfait dans cet album, puisqu’il possède quelques titres plus mineurs, comme Detroit, qui ne reste pas assez en tête, notamment à cause de riffs qui n’ont aucune originalité malgré leur efficacité ou encore This Ticonderoga, qui essaye de faire plus hard rock avec un refrain plus doux, mais une saturation de guitare trop prégnante et qui enlève toute mélodie. Cependant, le groupe arrive à relever le niveau grâce à des titres plus doux, plus mélodieux, parfois proche d’une musique dite de surfeur à l’image de Sick Love et de ses distorsions de gratte ou encore Go Robot et son refrain ultra efficace et bien rythmé. Enfin, on pourrait croire aussi que le groupe revient à ses premiers amours avec Goodbye Angels, qui allie des passages plus scandés proche du rap et un refrain plus rock, montrant une belle osmose entre les deux genres mais aussi avec une ligne de basse typique de Flea, qui tapote ses cordes afin de donner une sonorité très originale.
Au final, The Getaway, le dernier album des Red Hot Chili Peppers, est une vraie réussite de la part du groupe qui revient sur le devant de la scène par la grande porte. Si le skeud ne parvient jamais à la cheville de Californication, il reste dans le haut du panier de ce que peut fournir la formation, optant pour un son plus calme, plus travaillé et montrant une certaine maturité dans l’évolution du groupe. Bref, The Getaway est l’une des plus belles surprises de l’année en ce qui concerne le rock et un joli retour des Red Hot Chili Peppers.
- The Getaway
- Dark Necessities
- We Turn Red
- The Longest Wave
- Goodbye Angels
- Sick Love
- Go Robot
- Feasting on the Flowers
- Detroit
- This Ticonderoga
- Encore
- The Hunter
- Dreams of a Samurai
Note : 17/20
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Par AqME