De : Louie Psihoyos
Année : 2016
Pays : Etats-Unis, Chine, Hong-Kong, Indonésie, Mexique, Angleterre
Genre : Documentaire
Résumé :
Le réalisateur oscarisé Louie Psihoyos (The Cove – La baie de la honte) réunit une équipe d’artistes et d’activistes pour faire découvrir le monde méconnu des espèces en voie de disparition. Une course contre la montre a déjà commencé pour les sauver. L’équipe parcourt le globe pour infiltrer les marchés noirs et utilise une technologie de pointe pour illustrer le lien entre émissions de carbone et disparition des espèces. Racing Extinction révèle des images inédites qui changeront à jamais votre façon de voir le monde.
Avis :
Faire un bon documentaire dans le domaine de l’écologie et de l’environnement requiert deux choses essentielles. La première est d’éviter la leçon de moral, de dresser un constat alarmant, inquiétant et de ne proposer derrière aucune solution pour que notre monde aille mieux. Ce regard inquisiteur n’est pas le compagnon idéal du documentaire, car pour être efficace, s’il faut faire peur, il faut aussi se savoir rassurant ou avoir des solutions de repli. La deuxième chose essentielle, c’est de s’entourer d’un staff hyper compétent, permettant d’accéder à des endroits interdits ou alors de jouer de subterfuge pour donner des images inédites, appuyant un propos déjà sensible. Après The Cove – La Baie de la Honte, qui a valu un oscar pour Louie Psihoyos, Racing Extinction s’avère un documentaire d’une grande force qui se concentre sur les animaux en voie de disparition à cause des émanations de gaz carbonique mais aussi à cause des actions de l’homme et il contient bel et bien ces deux choses primordiales à tout bon documentaire.
Racing Extinction commence de manière assez incroyable sur une espèce aujourd’hui disparue. Se passant dans une bibliothèque auditive regroupant tous les cris d’animaux, le documentaire présente un cri d’oiseau. Le cri d’un oiseau mâle qui appelle la femelle, avec laquelle il vit jusqu’au bout de sa vie. Seulement, il n’y a personne qui répond à ce cri, puisqu’il s’agit du dernier représentant de son espèce. C’est à partir de cet état de fait que le film démarre sur son sujet de fond, les espèces en voie de disparition, mais surtout la vitesse à laquelle notre monde change. S’appuyant sur différentes espèces, comme cette pauvre grenouille d’Amérique du Sud dont il ne reste plus qu’un seul représentant dans un vivarium aux Etats-Unis, le documentaire va montrer la corrélation entre émission de gaz carbonique et changements fondamentaux des niches écologiques, comme l’acidité de l’océan. De ce point de vue, le film montre de façon évidente et avec des technologies de pointe, les changements que la pollution opère sur l’environnement, tuant ainsi des milliers d’espèces pourtant nécessaire à notre propre croisement.
Mais ce n’est pas tout. Le film se concentre aussi énormément sur les actions de l’homme, réduisant dangereusement des espèces pour le commerce ou pour des affabulations mystiques. Racing Extinction montre le commerce noir en Chine autour des requins ou des raies manta, dont les ailerons servent à faire de la soupe et les branchies soigneraient du cancer. Durant cette séquence-là, où le staff s’introduit dans une usine, on se rend compte de la bêtise humaine et des conséquences de telles croyances. On ressent aussi beaucoup d’empathie pour le groupe de reporters qui sont totalement investis dans leur mission et qui n’hésite pas à montrer leurs émotions devant tant d’ignominie. Seulement, il aurait été dommage si le documentaire s’arrêtait là, devant un simple constat. Mais le film montre l’intelligence de ses protagonistes, qui vont tout faire pour arrêter la pêche à la raie manta et vont proposer une alternative qui fonctionne, le tourisme, et plus précisément l’éco-tourisme. Et c’est là que le documentaire trouve toute sa puissance, dans cette façon de trouver des solutions simples et efficaces et de les montrer au monde entier dans une séquence finale sublime.
Au final, Racing Extinction est un documentaire que tout un chacun devrait voir et méditer. Bien loin de la moralité à deux balles trouvant des fondements dans analyses politiques ou commerciales, le film de Louie Psihoyos va plus loin, établit un constat mais propose de vraies solutions simples et efficaces et montre qu’avec de petits riens, on peut faire de grandes choses. Un récit alarmant donc, très instructif, très didactique et qui montre qu’il est encore temps de faire quelque chose pour sauver cette planète, pour nous sauver nous. Il est juste dommage que la galette ne trouve pas tellement le chemin des devantures de rayon, car il est presque d’utilité publique de voir ce documentaire de haute volée.
Note : 19/20
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Par AqME