avril 25, 2024

Philadelphia

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De : Jonathan Demme

Avec Tom Hanks, Denzel Washington, Antonio Banderas, Mary Steenburgen

Année: 1993

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Andrew Beckett, brillant avocat, est appelé à une carriere fulgurante. Adulé par son milieu, rien ne semble pouvoir ralentir son ascension. Mais, le jour où ses associés apprennent qu’Andrew est atteint du sida, ils n’hésitent pas à pretexter une faute professionnelle pour justifier son renvoi. Andrew décide de ne pas se laisser faire et attaque le cabinet pour licenciement abusif.

Avis:

Pour Jonathan Demme, les années 90 et tout particulièrement le début de cette décennie signifient un très joli succès. Il faut dire que le réalisateur a eu du nez et nous a offert deux de ses meilleurs films, si ce n’est ses deux meilleurs films. Premièrement en 1991, il nous propose le culte « Le silence des agneaux« , un polar fabuleux qu’on ne présente plus. Puis deux ans plus tard, le réalisateur va récidiver avec « Philadelphia« .

Et c’est sur « Philadelphia » qu’on va s’arrêter aujourd’hui. Devenu lui aussi un classique du cinéma américain des années 90, avec ce film, Jonathan Demme se lance dans un film plutôt osé pour l’époque. « Philadelphia » est un film de procès qui va aborder des thèmes difficiles, et même si l’ensemble reste très classique, le réalisateur nous offre un petit bijou d’émotion qui n’a rien perdu de son charme ou de sa beauté. On prend donc toujours autant de plaisir à revoir « Philadelphia » et ses comédiens parfaits dans leurs rôles.

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Andrew Beckett est un brillant avocat à qui tout réussi. Il est d’ailleurs si bon dans son métier que ses patrons lui confient même le plus gros dossier de leur cabinet. Mais quelques jours après cette promotion, sur un coup monté, Andrew se fait licencier séance tenante. La raison officielle, c’est qu’Andrew n’est pas un si brillant avocat que ça. La raison officieuse, c’est qu’Andrew a caché son homosexualité et qu’en plus, il est atteint du sida. L’un des associés du cabinet s’en étant rendu compte, Andrew a donc décidé de porter son affaire en justice afin de prouver le licenciement abusif dont il est la victime. Un procès difficile, médiatique et bourré de préjugés.

« Philadephia » est aussi bien un cri d’alarme qu’un témoignage bouleversant d’une époque pas si lointaine que ça. C’est le témoignage d’une ignorance et d’une intolérance qui malheureusement a toujours cours aujourd’hui. Film courageux, engagé et parcouru d’émotions, « Philadelphia » traite ses sujets avec énormément de justesse, de pudeur et de révolte.

Très classique dans sa forme, « Philadelphia » n’apporte rien de bien nouveau et se révèle être un traditionnel film de procès. Jonathan Demme s’appuie sur les classiques de base et ne prend aucun risque de ce côté-là. Mais le côté classique, voire même sans grande surprise (puisque l’injustice est tellement évidente), ne veut à aucun moment dire que le film est mauvais ou fade. C’est même tout le contraire que l’on trouve-là. Jonathan Demme nous offre ce que l’on est venu chercher et les débats qui animent ce procès seront aussi passionnants que révoltants.

Si Jonathan Demme ne prend donc pas de risque dans sa mise en scène, on ne pourra pas en dire autant dans son intrigue et les sujets qu’il va affronter. « Philadelphia« , dans ce qu’il aborde, ce qu’il raconte et ce qu’il dit est une belle prise de risque. Injustice, intolérance, ignorance, homosexualité, sida, cette maladie qu’on connaît encore très mal à l’époque, puisque le sida a tout juste une dizaine d’années et il inspire bien plus la peur et le rejet qu’aujourd’hui.

Alors que le film est assez lisse dans sa forme, le réalisateur n’hésite pas mettre les deux pieds dedans dans la façon de nous raconter ce combat. Sans tomber dans le pathos, sans coup de théâtre spectaculaire, Jonathan Demme tient-là un scénario magnifique et c’est avec beaucoup d’émotion et de justesse, qu’il va traiter son intrigue. « Philadelphia » est un film qui aborde principalement la peur et l’ignorance. Ces deux thèmes sont le cœur même du film et Jonathan Demme les aborde sans colère, ni jugement. Le réalisateur expose des faits, n’hésite pas à faire se confronter les opinions pour démontrer l’ignorance et la bêtise de certains personnages. Il le fait même de façon géniale avec le personnage de Denzel Washington. D’ailleurs, à bien des arguments, son personnage est surement le plus passionnant du film. Au départ très réfractaire, par peur de l’inconnu, il va dépasser ses peurs, ses préjugés, et même ses tabous, pour affronter le regard des autres et celui qu’il porte sur lui-même. Son personnage est donc en perpétuelle évolution et c’est avec une grâce infinie que Jonathan Demme nous propose de l’observer.

Après tout n’est pas parfait malheureusement. On sera un peu irrité par les quelques clichés que l’on retrouve dans le film (Les homos et l’opéra… Grande histoire d’amour apparemment, même si la scène reste magnifique) ou encore le final qui reste vraiment très, voire trop, tire larmes. Alors que le film n’est déjà qu’émotion, il n’avait pas besoin de cette touche supplémentaire, même si encore une fois, c’est très joli.

L’émotion de ce film est aussi magnifiquement véhiculée par un Tom Hanks absolument grandiose qui n’a absolument pas volé son premier Oscar. L’acteur, déjà ô combien talentueux, rentre ici dans la cour des grands et son personnage d’Andrew Beckett, que Tom Hanks incarne avec tant de douceur, en devient inoubliable. Et le constat se fait aussi avec Denzel Washington qui trouve là l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Un rôle qui est bien plus complexe et riche qu’un simple avocat de la défense. Le reste du casting, c’est aussi Antonio Banderas magnifique en amoureux fou de Tom Hanks. Leur histoire brisée est l’une des plus jolies qu’on ait dans les années 90. C’est aussi la belle Mary Steenburgen qui est à contre-emploi ici et qu’on va adorer détester. Puis enfin, il y a le très grand Jason Robards, qui incarne l’associé principal du cabinet qui a mis à la porte Tom Hanks et l’acteur est si présent à la caméra qu’il n’a pas besoin de faire grand-chose pour qu’on devine tout ce qu’il ressent, colère, gène, peur, honte…

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Beau, touchant, profond et engagé, « Philadelphia » est un grand film que Jonathan Demme réalise avec beaucoup de simplicité. Alors que le film vient de dépasser sa vingtaine, il reste toujours aussi juste et émouvant et c’est avec une certaine tristesse que l’on constate que même si certaines choses ont évolué dans le bon sens, d’autres en sont toujours au même point, ou pire encore, ont régressé.

Note : 17,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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