Résumé :
Des meurtres en série. Une secte sanguinaire surgie du passé. Six pages mystérieusement disparues d’un célèbre manuscrit du XIIIe siècle. Ari Mackenzie, analyste atypique et controversé de la direction centrale des Renseignements généraux, est confronté à la plus extraordinaire et la plus violente affaire de sa carrière…
Avis :
Henri Loevenbruck fait partie des grands auteurs à succès dans la littérature fantastique française. Etant membre actif de la Ligue de l’Imaginaire, il propose des romans qui vont de la fantasy pure avec La Moïra ou encore Gallica, jusqu’au thriller ésotérique avec notamment Le Rasoir d’Ockham. Il faut tout de même savoir que ce monsieur a rapidement eu du succès et qu’il s’essaye à plusieurs genres sans jamais tomber dans la redondance. Son style est vite reconnu et il devient chevalier des arts et des lettres en 2011. Le livre qui nous intéresse aujourd’hui est son huitième roman et entame le cycle de Ari McKenzie, flic faisant partie des renseignements généraux et ayant comme poste celui d’avoir un œil sur les sectes. Maintenant, le monde du thriller est très coriace, avec des auteurs français, come Maxime Chattam ou encore Jean-Christophe Grangé, mais aussi avec des auteurs étrangers, comme Camilla Lackberg ou bien Douglas Preston. Alors Le Rasoir d’Ockham vaut-il le coup ? L’auteur français est-il aussi doué pour les thrillers que pour la fantasy ? Perçons donc le secret de Villard de Honnecourt.
Le scénario établi par Loevenbruck part d’un carnet existant. Pour la suite, je ne suis pas sûr de la réalité des carrés, mais il faut dire que j’aime quand l’histoire, la vraie, se mélange au fantastique et parfois à l’uchronie. Pour faire simple, on va suivre les aventures de Ari McKenzie, un agent des renseignements généraux qui fait office de vilain petit canard car il s’occupe seul des sectes et qu’il a des gouts particuliers, comme le whisky, le risque, une libraire dont il ne veut pas avouer ses sentiments et surtout une hantise du net. Personnage un peu caricatural auquel j’ai eu du mal à m’identifier au début du récit. Un peu trop téméraire, un peu trop caustique peut-être avec ses supérieurs, il semble tout droit sorti d’une série américaine. Mais petit à petit, on apprend à le connaître et il fini par être touchant, c’est d’ailleurs surement la volonté de l’écrivain. Bref, un de ses meilleurs amis va se faire assassiner de manière étrange, et juste avant sa mort, il lui envoie une lettre avec la photocopie d’une page de manuscrit. Il ne faut pas longtemps à notre héros pour faire le lien entre des crimes en série et un étrange carnet auquel il manque six pages. Le mystère sera encore plus épais lorsqu’une société secrète nazie va convoiter ces pages pour découvrir un secret bien enfouie. L’histoire possède tous les atouts pour faire un thriller ésotérique réussi, et c’est le cas, car le livre est très prenant. D’autant plus que cela est bien écrit, et qu’il n’y a pas un seul temps mort. L’écrivain alterne des chapitres assez longs avec des chapitres plus courts et cela donne un bon dynamisme au bouquin.
Le principal problème de ce livre sera certainement l’énigme en elle-même. Assez facile à comprendre, il semblerait que seul McKenzie ne voit pas les liens qu’il y a entre les différents sigles. De plus, la partie de déchiffrage est assez longue pour finalement un résultat frustrant pour le lecteur, car il faut attendre le deuxième tome pour peut-être en savoir plus. Cela dit, Loevenbruck en profite pour faire étalage des dangers de la religion, des dangers des sectes qui sommeillent, à l’image de la confrérie du Vril, secte nazie, mais il lance aussi une petite pique aux écrivains français qui ont oublié de devenir des raconteurs d’histoires, des Story-tellers, et j’ai trouvé ce passage assez savoureux. En plus de paraître être un thriller, le livre se lit aussi comme un film d’action, avec des phases de gun fights et des passages plutôt musclés qui en ferait un bon film. Malgré toutes ces qualités, le livre possède un point faible, les ennemis. En effet, hormis Lamia, le reste demeure peu consistant et pas assez charismatique, si ce n’est le Docteur que l’on ne verra que deux fois.
Au final, Le Rasoir d’Ockham est un roman très plaisant à lire, où le mélange de thriller et d’ésotérisme bat son plein. Si le début demeure assez froid et que le héros semble très caricatural (une sorte de John McClane français), la suite est assez haletante et tient bien en haleine. D’ailleurs la venue du garde du corps est un des moments les plus réussis. Bref, un livre intéressant qui donne envie de savoir la suite dans Les Cathédrales du Vide et qui montre un travail propre, soigné et intelligent.
Note : 15/20