décembre 9, 2024

Apollo Brown & Ras Kass – Blasphemy

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Avis :

Si le cinéma ou le domaine de la littérature sont propices à des travaux permettant la corrélation de deux artistes, la musique reste le domaine de prédilection du featuring et des projets réunissant deux musiciens célèbres. Si les exemples sont nombreux l’instant d’un titre, il est plus complexe de trouver des albums complets faits par deux chanteurs ou deux stars de la scène. Tenant souvent lieu du simple clin d’œil ou de la volonté mercantile de vendre des albums en faisant valoir deux noms célèbres, il arrive que parfois, deux artistes ont vraiment envie de faire un travail conséquent ensemble. Si en France nous avons Laurent Voulzy et Alain Souchon, le rap est un domaine favorisé pour les duos et les projets un peu fou à deux. Orelsan et Gringe sont un exemple parmi tant d’autres et les américains ne sont pas en reste. Seulement, pour le profane, certains noms restent obscurs alors que les rappeurs ont une notoriété monstre de l’autre côté de l’Atlantique. Et Apollo Brown ainsi que Ras Kass sont deux exemples. Si le premier connait une notoriété grandissante à partir de 2009, s’appuyant sur des samples de soul et reprenant des titres de rap, le second est un pilier du rap et du hip-hop underground, officiant dans le milieu depuis les années 90. Seulement, faire un album à deux signifie faire des concessions ou accepter la fusion de deux univers. Le pari est-il gagné avec Blasphemy, album sorti fin 2014.

Le skeud débute avec une intro tout ce qu’il y a de plus normal dans ce genre de produit, puis arrive How to Kill God. Titre volontairement provocateur en rapport avec le nom même de l’album, on se retrouve face à quelque chose de très classique. Si le morceau débute avec un sample de soul se voulant rétro avec des grésillements de vinyle, ce qui parcourra tout l’album, on se retrouve très vite avec une boîte à rythme redondante et une redondance du chant féminin du début. Alors certes, c’est très classique, mais cela reste très bien foutu, bien nerveux et le flow des deux rappeurs colle parfaitement avec le rythme imposé. C’est d’ailleurs cela qui fera clairement le charme du skeud, malgré des redondances évidentes. Loin d’un rap virulent et pénible à grands renforts d’autotune, Apollo Brown et Ras Kass préfèrent se la jouer old school et ce n’est pas plus mal. On aura confirmation de cet état de fait avec H2O, qui reste dans le même schéma que le titre précédent, mais avec un rythme plus lent et plus posé. L’autre gros point fort du skeud, c’est qu’il propose des thèmes intéressants et relativement politisés. Certes, on n’échappe aux poncifs du genre avec les « nigger » et autres moments d’égotrip qui parsème l’album, mais on retrouve une profonde réflexion sur notre monde aujourd’hui et notamment la religion qui détruit toute liberté de spiritualité. C’est assez intéressant dans un pays où le puritanisme tue à petit feu le reste de jugeote qu’avaient ses habitants. Ainsi, Deliver Us From Evil est l’un des meilleurs titres de l’album.

Ras-Kass-Humble-Pi

Mais tout n’est pas rose pour autant dans cet album. En effet, au travers des seize titres (ce qui est beaucoup), rien, ou presque, ne reste vraiment en mémoire et pour cause. Tout, ou presque, se ressemble et rien ne sort véritablement du carcan imposé par les samples d’Apollo Brown. Utilisant toujours des extraits de musique soul et quasiment à chaque fois la même boîte à rythme, on se retrouve face à un objet assez redondant et lénifiant au bout d’un moment. Cela n’enlève rien au plaisir immédiat que l’on ressent à l’écoute, mais rien ne donne véritablement envie d’y retourner ou de faire plusieurs écoutes pour découvrir de nouvelles choses. Peut-être parce qu’il n’y a rien de plus à découvrir et que l’album est juste un échange intéressant, mais finalement très formaté. Des titres comme Francine ou Roses ne restent pas forcément en tête et c’est vraiment le plus gros défaut de ce skeud pourtant sympathique. Alors certes, d’autres titres sont plus marquants que d’autres, à l’instar de Drink Irish, mais cela reste bien mineur par rapport à l’ensemble de l’album.

Au final, Blasphemy, qui signe la collaboration entre Apollo Brown et Ras Kass, est un album fort agréable et qui possède des titres très intéressants, mais à la longue, on aura du mal à se prendre d’affection pour l’objet. Loin d’être mauvais, c’est juste que l’accumulation de titres se ressemblant fait que l’on a pas forcément envie d’y revenir et c’est un peu dommage. Alors certes, c’est très bien foutu et les références à la soul des années 70 sont plutôt bien vues, mais il manque vraiment une âme à cet album.

  1. Next Caller (Intro)
  2. How to Kill God
  3. H2O feat Pharoahe Monch & Rakaa Iriscience
  4. Please Don’t Let Me
  5. Strawberry
  6. Giraffe Pussy feat Royce the 5’9, Xzibit & Bishop Lamont
  7. Roses feat 4 Rax
  8. Deliver Us From Evil
  9. Too Much of a Good Thing feat LarIna
  10. Animal Sacrifice
  11. Humble Pi
  12. 48 Laws Pt. 1
  13. Francine
  14. Drink Irish feat Slaine, Sick Jacken & Sean Price
  15. Bon Voyage
  16. Impossible Dream feat Sean Price & Bleu DaVinci

Note: 13/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=fwDr-1hc8Cc[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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