avril 20, 2024

La Fille du RER

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De : André Téchiné

Avec Emilie Dequenne, Michel Blanc, Catherine Deneuve, Nicolas Duvauchelle

Année : 2009

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Jeanne vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère Louise. Les deux femmes s’entendent bien. Louise gagne sa vie en gardant des enfants. Jeanne, sans trop de conviction, cherche un emploi.
Un jour, en lisant une annonce sur le net, Louise croit que le destin frappe à sa porte. Elle nourrit l’espoir de faire engager sa fille chez Samuel Bleistein, un avocat de renom qu’elle a connu dans sa jeunesse.
L’univers de Jeanne et celui de Bleistein sont à des années lumières de distance… Pourtant, ils vont se rencontrer à cause d’un mensonge inouï que Jeanne va échaffauder.
Le film est l’histoire de ce mensonge qui va devenir le fait divers le plus médiatisé et le plus politisé de ces dernières années.

Avis :

André Téchiné est un réalisateur français qui a connu un succès assez fou à la fin des années 70 et dans les années 80. Des films comme « Hôtel des Amériques« , « Le lieu du crime« , « Alice et Martin » ou « Rendez-vous » sont des classiques de sa filmographie. Mais depuis les années 2000, le réalisateur est en baisse de régime. Si « les temps qui changent » et « Les témoins » avaient su lui faire remonter la pente, il lui faudra encore attendre sept ans pour pouvoir le revoir en forme avec « L’homme que l’on aimait trop« .

Entre-temps et après « Les témoins« , le réalisateur a décidé de s’attaquer à un fait divers qui avait soulevé la presse, le gouvernement et indigné la France en 2004. Un fait divers qui fut appelé « L’affaire du RER ». À l’époque, une jeune fille sans histoire avait prétendu s’être faite agressée par des hommes sous prétexte qu’il l’avait crue juive. L’affaire, qui était en réalité un mensonge, avait fait énormément de bruits. Tous les ingrédients de ce triste événement été réunis pour faire un film et c’est ce qu’a choisi André Téchiné. Le réalisateur avait choisi de nous raconter les raisons de ce mensonge, mais son film aura un petit goût de déception et le portrait de cette jeune fille aura un peu de mal à convaincre.

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Jeanne est une jeune fille comme les autres. Elle habite avec sa mère avec qui elle a une belle relation. Au chômage, Jeanne cherche un emploi, mais elle est maladroite et a bien du mal à convaincre quand elle se rend à un entretien d’embauche. Un après-midi, alors qu’elle fait du roller dans Paris, elle fait la rencontre de Franck, un garçon séduisant et drôle. Pour les deux jeunes gens, c’est le coup de foudre, mais cette jolie rencontre va avoir de sacrées conséquences aussi bien pour elle que pour lui.

S’approprier « L’affaire du RER » était une belle idée sur le papier. Essayé d’en expliquer les rouages et les névroses qui ont conduit à ce mensonge éhonté était une belle intention, mais malheureusement si le tout donne terriblement envie, sur l’image le constat est plus difficile.

« La fille du RER » est construit en deux parties, deux chapitres que le réalisateur appelle « les circonstances » et « Les conséquences ». Deux parties qui annoncent alors la couleur. Il va y avoir un avant et un après l’agression du RER. On s’attendait donc à avoir une belle réflexion sur le mensonge et la tromperie, le tout accompagné peut-être des névroses et d’un mal de vivre par rapport à une société de plus en plus dure. Mais entre ce que l’on espère voir et ce que le réalisateur nous a réservé, il va y avoir une sacrée différence.

La première partie de cette « Fille du RER » est, au départ, pleine de charme. Même si le film n’est pas prenant, on se laisse tout de même bercer par le charme des acteurs et la mise en scène soignée. Cette histoire d’amour qui débute est jolie et bien amenée. Le film arrive même à créer un certain suspens, puisque l’on a bien du mal à voir comment cette jeune fille va basculer dans la spirale du mensonge et finir par s’automutiler. Le scénario avance doucement et malgré les charmes, les premières longueurs se font ressentir. On avait envie de découvrir l’envers du décor de l’histoire du RER et André Téchiné traîne une bonne heure avant d’y arriver. Il va donc falloir attendre l’élément déclencheur, mais une fois celui-ci arrivé, on aura bien du mal à croire et à comprendre la raison de la réaction de cette jeune fille. Le scénario devient alors labyrinthique. Il essaie de justifier les névroses de Jeanne, mais ce n’est pas clair et finalement, on se pose plus de questions qu’autre chose. Et malheureusement, ce n’est pas le chapitre « Les conséquences » qui va éclairer notre lanterne.

Car si les conséquences de ce mensonge sont bien présentes, que le réalisateur emporte son personnage jusqu’à sa révélation et assume ses actes et paroles, il n’y a toujours aucune vraie justification, et ce n’est pas « Je voulais que tout le monde m’aime, mais c’est le contraire qui se produit » qui pourra justifier le tout. Peut-être qu’on attendait autre chose, qu’on en voulait plus, ou que l’excuse de la jeune femme est assez mal placée, mais à cause de ce manque d’explications, on reste sur notre faim. De plus, on aurait apprécié que le réalisateur développe plus les conséquences sur les médias ou les récupérations politiques qu’il y a eues. On aurait aimé que ce mensonge soit plus lourd à porter et à débusquer. Car si le film aborde bien les conséquences « judiciaires », on reste là aussi sur notre faim en ce qui concerne le reste. Et c’est dommage, car c’est vraiment ce qui manque à ce film pour convaincre pleinement le spectateur. À la place de s’égarer dans le chapitre « Les circonstances » où Téchiné développe d’autres éléments pas forcément nécessaires comme la vie de famille de Michel Blanc ou encore l’amourette jamais vécue entre Blanc et Deneuve, on aurait préféré qu’il se concentre plus sur « L’affaire du RER » et le portrait de sa jeune fille.

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C’est donc dommage, car le film avait tout pour être une très belle critique de notre société. Ce mensonge et cette jeune fille avaient tout pour dénoncer une société et une génération en manque de reconnaissance. Dans un sens, le film aborde ceci, mais le réalisateur ne fait que le survoler. Pour le reste, André Téchiné s’égare quelque peu et s’aventure sur d’autres sentiers que celui qu’on aurait aimé voir. « La fille du RER » est alors un film qui se laisse regarder, sans vraiment d’ennui malgré les petites longueurs. C’est un film qui détient tout de même son charme, de belles images et d’excellents acteurs, mais c’est aussi un film qui s’oubliera assez vite malheureusement.

Note : 10/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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