Avis :
Il se passe quelque chose de pourri dans le monde de la musique électro. On a souvent tendance à dire que les français sont au top du top dans ce style et il serait difficile d’aller contre le public si celui-ci était un petit peu mélomane. Et comme pour tout autre médium, le public n’a pas tout le temps raison, sinon la culture de masse serait beaucoup trop prépondérante. Le problème, c’est que cette pseudo culture est en train de bouffer littéralement les scènes underground ou moins connues au profit d’un profit à peine dissimulé par les grandes boîtes de distribution. De ce fait, Bob Sinclar, Martin Solveig ou encore David Guetta font les beaux jours des boîtes de merde, ne visant qu’un but, le ramassage de pognon, et peu importe la qualité artistique. Mais alors, qu’est-ce que la bonne musique si ce n’est celle qui brille à la radio et fait des vues sur Youtube ? Tout simplement une musique variée, touchante, techniquement irréprochable ou novatrice et qui demande un peu de boulot pour réussir. Sixième album du plus célèbre des DJs français, Listen ne rentre dans aucune des catégories et profite en plus d’un buzz incroyable grâce à des featurings habituels pour le style, mais aussi et surtout une ressortie honteuse un an plus tard pour les fêtes de fin d’année. Il serait peut-être temps de s’insurger contre ce genre de délit culturel.
Le skeud démarre avec le succès Dangerous en duo avec Sam Martin, que l’on retrouvera sur un autre titre dans l’album. Et après une intro au piano, qui essaye de faire dans le sentimentalisme, on tombe dans l’électro de base, sans rythme, avec un beat déjà entendu des milliards de fois et une voix qui frôle le désagréable. Mais le pire dans ce titre, c’est que l’on a l’impression d’entendre l’intro d’un autre titre. Ça ne décolle jamais, ne prend pas de risque hormis le fait de glisser quelques violons, une ou deux notes de piano, en essayant de toucher son auditeur. Sauf que le morceau en devient vite chiant au possible parce qu’il ne se passe rien et on ressasse la même chose depuis des années dans l’électro et que David Guetta, au lieu d’innover et de proposer autre chose, ne fait rien pour changer les choses. Alors, il est vrai que ce n’est pas le seul, Avicii et compagnie font la même merde, mais il y a chez eux une retenue que n’a pas David Guetta à cause d’une image médiatique trop présente. Et ses featuring sont là pour le prouver avec un titre avec la pute (il n’y a pas d’autres mots) Nicki Minaj sur Hey Mama qui se veut du hip-hop électro sans saveur et qui surfe sur la musique de Major Lazer. C’est mauvais du début à la fin et pire que tout, ça ne donne pas envie de danser. On peut aussi parler des deux morceaux avec la talentueuse Sia, qui s’efface aussi à un tel point que l’on dirait du Rihanna, donc deux titres impersonnels et sans saveur.
Mais le plus fou quand on écoute entièrement cet album, c’est la redondance des morceaux. Le type a beau essayer de faire un semblant de reggae, une pointe de rock, ou alors de tomber dans l’électro la plus basique, tous ses titres ont la même structure, à un tel point que l’on a l’impression d’entendre le même morceau sur les quatorze chansons. C’est d’autant plus flagrant lorsque l’on entend What I Did For Love en duo avec Emeli Sande qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Dangerous qui est juste avant. Structurellement, les morceaux ne se dissocient pas les uns des autres. On a une intro douce, le premier couplet, une accroche électro annonçant le refrain, qui sera à base de gros beats dégueulasses histoire de mettre un peu de dynamisme dans le titre, puis le deuxième couplet et ensuite on reprend come au départ en un peu plus rapide. C’est tout le temps la même chose et c’est affligeant d’entendre autant de facilité dans un album à succès. D’ailleurs, David Guetta serait plus un passeur de disque, piquant des samples à droite ou à gauche pour ensuite se les réapproprier, comme le démontre Listen avec John Legend (mais va mourir, je n’ai plus envie de t’écouter !), et il doit avoir plus souvent les mains en l’air que sur les touches contrairement à C2C par exemple. Mais si en plus il faut rajouter des paroles d’une débilité crasse comme No Money No Love, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour un résultat d’un cynisme ahurissant.
Au final, Listen, le sixième album de David Guetta, est une purge infâme et qui ne mérite absolument pas le succès public et la lobotomisation que nous prodigue les radios et les médias. Bête, mal foutu, sans talent, cet album est certainement l’une des choses les plus indigestes qui soit, que ce soit dans la culture populaire ou dans la culture musicale. Si c’est ça le nouveau mètre étalon de l’électro, autant arrêter tout de suite le massacre et chercher sur internet des sources plus intéressantes, et surtout plus talentueuses.
- Dangerous feat Sam Martin
- What I Did For Love feat Emeli Sande
- No Money No Love feat Elliphant & Ms. Dynamite
- Lovers on the Sun feat Sam Martin
- Goodbye feat The Script
- Lift Me Up feat Nico & Vinz et Ladysmith Black Mambazo
- Listen feat John Legend
- Bang my Head feat Sia
- Yesterday feat Bebe Rexha
- Hey Mama feat Nicky Minaj, Bebe Rexha, Afrojack
- Sun Goes Down feat MAGIC! Et Sonny Wilson
- T.O.P. feat Ryan Tedder
- I’ll Keep Loving You feat Jaymes Young et Birdy
- The Whisperer feat Sia
Note: 01/20
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Par AqME