avril 24, 2024

La Femme Insecte – Chroniques du Japon

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Titre Original : Nippon Konchuki

De : Shôhei Imamura

Avec Sachiko Hidari, Emiko Aizawa, Masumi Harukawa, Seizaburo Kawazu

Année : 1963

Pays : Japon

Genre : Drame

Résumé :

A travers l’histoire de Tome, qui veut quitter sa campagne pour vivre à Tokyo, le réalisateur évoque la reconstruction du Japon.

Avis :

Shôhei Imamura fait figure de cas exceptionnel au Japon. Metteur en scène talentueux aux thèmes sulfureux, le japonais ne fait jamais dans la dentelle et propose toujours des films qui ont un double sens. Il est tout d’abord fasciné par les femmes et l’inceste ou la prostitution. Des films comme Le Pornographe ou encore Cochons et Cuirassés sont là pour en attester, mais cela est encore plus flagrant dans La Femme Insecte. Mais il est aussi passionné par son pays et son histoire, de sa chute après la Seconde Guerre Mondiale, à sa reconstruction après le départ des américains. Tout du moins, des trois films proposés par Elephant Films, ce sont les principaux plaidoyers que l’on peut voir à l’intérieur des fils d’Imamura. Mais qu’en est-il de la Femme Insecte ? Sommes-nous toujours en présence d’un film sulfureux au rythme lénifiant ? Le film a-t-il toujours un pied dans la modernité comme pour ses précédents métrages ? Rien n’est moins sûr.

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Les deux obsessions du réalisateur sont ici à leurs paroxysmes car La Femme Insecte est certainement le film le plus ambigu de la trilogie proposée par Elephant Films. Comme son habitude, le cinéaste met en parallèle deux histoires qui ne se croisent pas mais qui sont l’une dans l’autre. Il prend l’histoire d’une jeune fille, Tome, et à travers l’histoire de sa vie, il va montrer les différentes évolutions du pays. Ainsi, le réalisateur fait un drame social qui a deux niveaux de lecture et permet d’enrichir grandement son postulat de base qui est assez maigre. On va donc suivre les aventures la vie de Tomé, qui est né dans les années 1910, dans un village rural où la vie est dure. Son père est considéré comme un simplet et sa mère comme une femme facile. D’entrée de jeu, le réalisateur pose une base très lourde, très sombre, pour ne quasiment jamais en sortir sur un peu plus de deux heures. Et il faut croire que ce départ va conditionner la vie de la jeune femme, dont le parcours se jalonné d’erreurs, de misère et de désillusions.

Et c’est peut-être là le plus gros reproche que l’on peut faire au réalisateur, qui livre un film d’une grande mélancolie, frôlant souvent le pathos et la dépression. Non pas que le film soit mauvais, bien que le rythme ne favorise pas une attention sur les deux heures, mais on tombe à chaque fois dans la misère la plus totale, jusqu’à avoir une femme froide, sans scrupule et qui n’a plus qu’une obsession, gagner de l’argent. Encore une fois, Imamura brasse l’un de ses thèmes fétiches, l’argent et ses méfaits. Ainsi, l’héroïne devient quelqu’un de cupide et qui est prête à tout pour bien gagner sa vie. Ce qu’elle considère comme un dû, vu sa vie difficile, de prostituée à bonne. Mais avec ce procédé, on ne ressent aucune empathie pour le personnage principal, tant et si bien que l’on se fout un peu de ce qu’il lui arrive. Et même si cette évolution est crédible et suit le schéma social du pays, on reste tout de même dans quelque chose de trop plombant.

D’autant plus que le film est très malsain sur deux points, qui ont pour point commun le sexe et l’inceste. Certes, le film démarre avec une nana qui se fait prendre par tout le monde dans des granges, mais jamais le réalisateur n’était allé aussi loin dans l’obscénité. La prostitution prend une place prépondérante dans le film, mais on aura surtout doit à un père incestueux avec sa fille qui reste consentante. Pour l’époque et au sein d’un pays plutôt pudique, cela a dû faire grand bruit, mais à quoi sert vraiment cette relation ambiguë ? On se pose encore la question. Surtout que le cinéaste ne s’arrête pas là, proposant par la suite une relation incestueuse entre la fille du personnage central et son beau-père. Néanmoins, sur cette relation, il y a une finalité, qui reste toujours la même, l’appât du gain et une notion d’intéressement. Et c’est bien dommage que le film ne présente personne de sympathique ou de drôle, allant toujours vers quelque chose de dur, de violent et de lourd.

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Au final, La Femme Insecte est un film qui n’est pas à mettre entre toutes les mains. Sombre, violent, cru et incestueux, ce métrage est, même pour aujourd’hui, relativement difficile d’accès et particulièrement long, brassant des thèmes sulfureux et allant au bout de son concept. Un film lourd qui étouffe son spectateur sur un peu plus de deux heures, accumulant les longueurs et les moments contemplatifs. Bref, un film intéressant dans son évolution sociétale mais qui reste bien usant.

Note : 10/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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