décembre 9, 2024

Nouvelle Cuisine

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Titre Original : Gaau Ji

De : Fruit Chan

Avec Miriam Yeung Chin Wah, Bai Ling, Tony Leung Ka Fai, Pauline Lau

Année: 2005

Pays: Hong-Kong

Genre : Fantastique

Résumé :

Ching Lee, une ancienne star approchant la quarantaine, est décidée à retrouver sa beauté d’antan pour reconquérir son infidèle mari. Elle s’adresse alors à Mei, une cuisinière charismatique qui a pour spécialité les jiaozi, raviolis à la vapeur typiques de la cuisine chinoise. Vendus à prix d’or, les jiaozi de Mei, à l’étrange éclat rosâtre, sont réputés pour leurs vertus rajeunissantes.
Ching, prête à tout pour retrouver sa jeunesse, ne se soucie guère de connaître les ingrédients de la recette secrète de Mei. Quitte à en payer le prix fort plus tard…

Avis :

Au départ acteur de second plan, notamment dans plusieurs films de Jackie Chan, Fruit Chan va toucher un peu à tout, monteur, scénariste, producteur, avant de passer à la réalisation. Un passage qui se fera en 1991 avec « Finale in blood« , une histoire de fantôme plutôt bien accueillie. Depuis, le réalisateur livre régulièrement de nouveaux projets, aussi bien en Chine comme aux États-Unis où le réalisateur a pour l’instant réalisé un film d’horreur.

« Nouvelle cuisine » est le sixième film de Fruit Chan et il a réalisé un excellent thriller, aussi hypnotique que fastidieux et nauséeux.

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Ching Lee est une actrice qui a raté sa carrière. Si elle a connu un joli succès il y a quelques années, aujourd’hui, elle ne travaille plus vraiment. Ching Lee s’est marié à Monsieur Lee, son producteur de l’époque, mais le temps a fini par rendre sa relation fade. Ching Lee ne se trouve plus aussi attirante qu’auparavant, sa beauté et sa jeunesse s’en vont et elle est persuadée que c’est la cause de ses malheurs. Comment retrouver les traits parfaits de ses vingt ans ? Ching Lee va alors consulter une femme appelée Tante Mei. Cette femme modeste, qui habite dans une cité délabrée, ferait une cuisine miracle et ses raviolis, dont la recette est secrète, auraient le don de restituer la jeunesse à qui les mangerait. Ching Lee, qui est prête à tout pour retrouver son éclat perdu, va alors goûter aux raviolis. Mais que se passerait-il si Ching Lee venait à découvrir les ingrédients secrets de la drôle de cuisinière ?

Glauque, effroyable, immonde, et pourtant fascinant, prenant, très décalé et tout simplement délicieux (sans mauvais jeu de mots), « Nouvelle cuisine » est tout aussi bon que sa bande-annonce le laissait supposer.

Le scénario que nous livre Fruit Chan fait froid dans le dos et s’avère bien plus intelligent et dur qu’il n’y parait, car derrière la quête de cette femme prête à tout pour retrouver le regard des autres, et d’elle-même, le réalisateur nous livre surtout un film très fort et critique sur la société de consommation, sur le poids du regard des autres, sur les dictes de la mode, la publicité et la culture en elle-même qui prône le visage et le corps parfait, qui prône la jeunesse pour la réussite. Le réalisateur, à travers une intrigue inhumaine, va traiter ce sujet avec beaucoup de subtilité, mélangeant le glauque (le film nous donnerait presque envie de goûter ces raviolis, alors même que l’on sait avec quels ingrédients ils sont fait) au poétique, l’irrévérence à l’intrigue (jusqu’où va-t-elle aller ?), et le tout livré avec beaucoup de politiquement incorrect, car sans juger ses personnages, « Nouvelle cuisine » s’avère être d’une sévérité pointue envers cette société.

On pourrait reprocher une certaine lenteur dans la réalisation, car le réalisateur prend vraiment tout son temps pour faire monter la pression de son intrigue et sombrer son film dans l’horreur. Mais pourtant, cette lenteur n’est pas dérangeante. Il faut dire que le film s’appuie sur une réalisation magnétique de la part de Fruit Chan. Le cinéaste oscille tout le temps entre répugnance et beauté (la façon dont le réalisateur filme la nourriture est sensuellement indécente). Et ce qui est terrible, c’est que le film ne montre finalement pas grand-chose, mais suggère beaucoup, ce qui décuple l’horreur. « Nouvelle cuisine » est un film qui présente deux cultures distinctes et les fait presque s’entrechoquer.

Pour donner vie à ses personnages aussi immoraux qu’attachants, le réalisateur a fait appel à deux actrices de grand talent qui vont faire un duo qui fonctionne à merveille. Ching Lee est jouée par Miriam Yeung Chin Wah et l’actrice est troublante dans la peau de cette femme étrange, fascinante et fascinée. On comprend sa quête, même si elle ne s’avère pas toujours très juste. Le réalisateur lui réserve même un final effroyable et en même temps très bien vu, presque jubilatoire dans l’horreur de sa trajectoire. En face d’elle, on trouve la talentueuse Bai Ling qui trouve un rôle totalement décalé et qui nous montre une facette de l’actrice que l’on ne connaissait pas encore. L’actrice est géniale, charismatique, un peu folle, tout en étant très touchante de par sa solitude.

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« Nouvelle cuisine » est donc un savoureux « mei » qui dérange, presque terrifiant et écœurant, mais que l’on ne peut s’empêcher de suivre jusqu’à sa dernière bouchée. Fruit Chan nous sert une sauce onctueuse, qui nous fait passer par plusieurs saveurs différentes, dont les principales seront d’être hypnotiques, intelligentes et monstrueuses.

Note : 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=4lEuAMIUepA[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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