Avis :
La musique est-elle inscrite dans les gènes ? Est-on formaté dans sa jeunesse pour faire de la musique et de la scène sans craindre un retour de bâton de la part de la critique ou des auditeurs ? Ou alors est-ce un milieu où règne le népotisme et dans lequel les fils et filles de se prélassent sans sourciller pour sortir des albums et faire de la scène ? Grandissant dans l’ombre gigantesque de leur papa, les enfants de chanteur ont souvent tendance à suivre les traces laissées par le paternel sans pour autant briller. Arthur H est le fils de Jacques Higelin et il commence à chanter dans les années 80, sortant son premier skeud en 1990. Malheureusement, même s’il continue à sortir des albums aujourd’hui et à faire des concerts, il n’a pas la notoriété de son papa et ne l’aura certainement jamais. Officiant dans le jazz, le rock et l’électro, la musique d’Arthur H est un mélange hétérogène qui vaut réellement le coup d’œil sur scène pour des prestations hallucinées. Mais que s’est-il passé avec ce dixième album studio ? Parce que Soleil Dedans se jette à cœur perdu dans la chanson française, avec une volonté de faire des textes poétiques ou évoquant des problèmes sociétaux, sans pour autant réussir à toucher. Retour sur un échec.
Le skeud commence avec l’Autre Côté de la Lune et cela annonce clairement la position du chanteur sur cet album. En fait, le titre se révèle être hyper simpliste, avec une ligne de basse redondante et déjà entendue des millions de fois, un piano qui tape quelques notes sans pour autant avoir un quelconque punch et une structure basique avec couplet/refrain. Il est vrai que la voix du chanteur reste reconnaissable et qu’il chante relativement bien, mais sans que cela soit vraiment emportant. D’autant plus que l’aspect poétique/romantique est plutôt simple, dans lequel on ressent l’influence qu’a eu Mathieu Malzieu de Dionysos sur Arthur H quand ils ont travaillé ensemble sur le film La Mécanique du Cœur. Et tout le reste de l’album sera du même acabit, racontant une rencontre avec une femme venue de la lune ou de l’espace. Et le principal reproche que l’on peut faire au skeud, c’est qu’il reste sur un rythme lénifiant du début à la fin, malgré des efforts pour varier les plaisirs. A titre d’exemple, Une Femme qui Pleure est franchement chiant essayant vainement d’augmenter le son pour réveiller son auditoire. On peut aussi parler de l’Aéroport de Los Angeles, qui ressemble à une musique d’ascenseur interminable ou encore Le Tonnerre du Cœur, un morceau de plus de six minutes qui contient du vide et qui se veut éthéré alors qu’il n’est que vide abyssal.
Si les textes étaient bien écrits, cela aurait peut-être pu faire passer la pilule, mais là aussi, ce n’est pas très folichon. Entre passages complètement ubuesques et textes abrutissants, Arthur H semble bien peu inspiré sur ce dixième album. Le Bonheur c’est l’Eau en est l’exemple le plus flagrant qui ressemble plus à une comptine pour enfants qu’à un vrai morceau de musique. D’ailleurs, la rythmique reprend la même qu’un autre morceau du même skeud, La Femme Etoile, qui ressemble aussi davantage à une farce qu’à un titre de chanson française. Les fans se réjouiront peut-être de ces morceaux complètement loufoques et à l’instrumentalisation si « bohème », mais franchement, on a connu beaucoup en musique française. Mais en dehors de ces morceaux à vocation poétique, il y a aussi les titres qui se veulent sociétaux, parlant de la société d’en bas. La Caissière du Super est bien évidemment une des pierres angulaires du skeud, et pourtant, c’est résolument l’un des morceaux les plus mauvais. Entre bruitages de supermarché, batterie redondante, son électro dépassé et texte absolument imbuvable, Arthur H nous raconte la vie d’une caissière à grands coups de jeux de mots inutiles et détestables (Elle est vraiment super la caissière du super ou encore elle bosse pour le boss… on a connu plus percutant non ?). Et il faut savoir que le morceau dépasse les six minutes. On frôle l’apoplexie à chaque écoute. Alors après, il est évidemment que les bourgeois bohèmes aimeront ce skeud, ceux qui veulent briller en société en portant tout de même un chèche et un pantalon large seront aux anges, mais l’ensemble n’est pas pertinent et ne tient pas la route sur toute la longueur. D’autant plus que le chanteur ne fait que très peu de second degré comparé à un Philippe Katerine, beaucoup plus drôle et subversif.
Au final, Soleil Dedans, le dernier album d’Arthur H, n’est pas vraiment éclatant. A défaut de mettre de la lumière dans nos oreilles, le chanteur nous éclaire avec une simple lampe torche à cause de textes trop peu inspirés et une volonté de se démarquer du reste de la chanson française avec une sorte d’inaccessibilité ou ciblant volontairement un public déjà acquis à sa cause. Bref, un album décevant, long, très chiant et pas solaire pour un sou.
- L’Autre Côté de la Lune
- La Ballade des Clandestins
- La Caissière du Super
- Oh Là-Haut !
- Une Femme qui Pleure
- Navigateur Solitaire
- L’Aéroport de Los Angeles
- L’Arrivée de la Femme Etoile
- La Femme Etoile
- Les Papous c’est Nous !
- Le Tonnerre du Cœur
- Le Bonheur c’est l’Eau
Note : 06/20
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Par AqME