Résumé :
L’agent spécial Jill Valentine du B.S.A.A. a perdu contact avec Chris et sa partenaire Jessica. En suivant les coordonnées trouvées, Jill et Parker, son partenaire, sont envoyés dans un navire sombre pour les retrouver. C’est alors qu’elle découvre que ce navire est infesté de monstres, des armes bio-organiques appelées « Ooze », et d’autres créatures mutantes. Elle devra faire preuve de courage pour pouvoir s’échapper vivante du navire avec son partenaire et découvrir la lourde vérité sur Chris et le navire.
Pendant ce temps, dans des montagnes européennes recouvertes de neige, Chris Redfield et sa partenaire Jessica Sherawat sont témoins d’un crash d’avion ; bientôt, ils découvriront la base de Veltro, groupe bioterroriste possédant le Virus T-Abyss.
Avis :
Depuis quelque temps, Resident evil est décrié par les fans de la première heure. Malgré de sensibles évolutions de gameplay depuis le quatrième volet, l’une des sagas phares de Capcom est loin de faire l’unanimité. La faute à une action prépondérante qui occulte l’ambiance malsaine et angoissante des premiers titres. Avec Revelations, la firme nipponne a pour objectif de réconcilier les puristes en laissant de côté les masses continues d’ennemis qui tombent sous un déluge de balles. Le survival-horror est de rigueur, mais est-ce un retour aux sources réussi ou une simple volonté maquillée pour un épisode « bis » ?
Avant ce portage sur console de salon, Revelations avait fait le bonheur des possesseurs de Nintendo 3DS. Fort d’un succès commercial et critique, il n’en fallait pas plus pour que Capcom se décide à rentabiliser son investissement sur d’autres supports. Hormis un traitement HD sur les graphismes pour le moins flagrant et l’ajout de quelques détails anodins (personnages, partie plus avec de multiples avantages…), cette « remasterisation » ne se justifie pas pour ceux qui se sont essayés à la version portable. L’absence de réelles nouveautés, ainsi qu’une copie minimaliste du jeu d’origine, fait que l’on parlera davantage de transposition binaire plutôt que d’une véritable adaptation.
Si la segmentation du récit se prête bien à de courtes sessions pour la 3DS, elle se révèle moins percutante pour une console de salon sur laquelle les parties gagnent en longueur. Il est vrai qu’on a l’impression d’assister à une série TV avec les résumés en début d’épisode ou les cliffhangers censés dynamiser l’histoire. Seulement, il aurait fallu un scénario à la hauteur de cette construction propre à entretenir et nourrir le suspense. Ici, l’on a droit à une intrigue facile (évitons les mauvais jeux de mots) qui reprend pêle-mêle les poncifs de la saga mélangés à de multiples références cinématographiques (Le vaisseau de l’angoisse, Un cri dans l’océan, Le bateau de la mort…).
Finalement, les tenants et les aboutissants demeurent les mêmes avec des retournements de situation éculés et des traîtrises prévisibles. Pour ce faire, il suffit de décortiquer brièvement les motivations et le caractère de chaque protagoniste pour deviner sa place. Pas d’ambiguïtés, aucun doute, pour flouer le tableau. Le récit a beau essayer de trouver une cohérence, il manque cruellement de répondant sur le fond pour s’imposer dans l’univers Resident evil. Autrement dit, le scénario est aussi décevant que le jeu porte mal son titre ; un peu comme l’épisode d’Assassin’s creed du même nom.
Certes, la saga n’a jamais brillé pour ses histoires, mais il faut reconnaître une écriture paresseuse qui ressasse encore et toujours les mêmes péripéties pour aboutir à un happy-end relatif. Constat d’autant plus frustrant que l’atmosphère a été travaillée pour générer un maximum d’appréhension. Des couloirs exigus, des portes grinçantes et des ombres qui se jouent de nous… On a parfois le sentiment de renouer avec l’ambiance du manoir dans le premier opus. En ce sens, l’isolement sur le Queen Zenobia, navire-fantôme, et le danger d’un naufrage contribue à accentuer les sensations d’angoisse et d’oppression.
D’ailleurs, les ennemis sont peu nombreux ou sont regroupés dans des portions précises à des moments clefs de l’aventure. Leur présence est palpable. On guette une bouche d’aération d’où suinte un liquide visqueux écœurant. On inspecte une chambre ou une pièce quelconque ravagée. Malgré un binôme qui ne sert pas à grand-chose, il émane un réel sentiment de solitude et de vulnérabilité sur des flots capricieux. Pour varier les plaisirs, les armes biologiques ne seront pas le seul obstacle étant donné qu’il faut faire face à des avaries qui menacent la stabilité du paquebot. On notera également l’absence de zombies.
Pour poursuivre dans la diversité, certaines séquences intermédiaires nous font incarner d’autres personnages dans des espaces de lieux et de temps différents. Site d’un crash dans les montagnes, flash-back sur le passé des protagonistes avec une incursion sur une cité flottante (Terragrigia) ou sur les plages désolés qui l’entourent… Sur ce point, Capcom n’a pas lésiné pour offrir un point de vue exhaustif sur un événement commun. Un choix qui permet d’apprécier les causes et les conséquences de ce dernier, et ce, en dépit de son apparente simplicité. Là encore, on retrouve un traitement similaire à une série télévisée.
En ce qui concerne le gameplay, les habitués de la saga ne seront pas dépaysés puisqu’il emprunte principalement ses mécanismes aux derniers épisodes en date avec de modestes améliorations. Notamment la visée sur une caméra légèrement excentrée, mais aussi les déplacements qui possèdent quelques lourdeurs. Il faut tenir compte de l’espace disponible (obstacles, corridors trop étroits…) pour fuir, esquiver (assez laborieux) ou foncer dans le tas. Cette dernière solution étant souvent la moins perspicace, même s’il est parfois nécessaire de faire le ménage pour faciliter la progression.
En dépit d’une carte pour vous repérer (dans l’inventaire ou sur le côté supérieur de votre écran), l’exploration exige un bon sens de l’orientation pour éviter de vous perdre ou simplement de ne pas effectuer des allers-retours inutiles. Toujours est-il que la durée de vie demeure dans la moyenne du genre pour finir l’aventure principale (un peu moins de 10 heures pour parcourir les 12 épisodes). Mais le titre dispose aussi du mode commando axé sur le multijoueur en local ou en réseau, ainsi qu’une pléthore de bonus à débloquer. Pour les perfectionnistes, on compte également les niveaux de difficulté habituelle et un scoring pour chaque séquence. Une notation qui se focalise sur le temps, la précision de vos tirs et le nombre de fois où vous aurez passé l’arme à gauche.
Au final, Resident evil – Revelations fait office d’un spin off des plus appréciables. On saluera le cadre qui entretient une atmosphère autrement plus inquiétante que les péripéties de Chris en Afrique. Surveiller le stock des munitions, appréhender l’exploration ou se retourner pour vérifier un bruit étrange à l’angle d’un couloir. Autant d’éléments qui contribuent à renouer avec le survival-horror. Malgré cela, la saga se fourvoie dans les mêmes travers scénaristiques qu’à l’accoutumée. Une pléthore de clichés empêtrée dans une construction narrative dynamique et néanmoins peu seyante pour une console de salon empêche le titre de Capcom de devenir un excellent jeu.
Note : 14/20
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Par Dante