novembre 5, 2024

Dr. Dre – Compton

compton

Avis :

Fondé à la fin des années 80, le NWA (comprenez le Niggaz Wit Attitudes) fait rapidement parler de lui. Groupe de rap hardcore situé dans la banlieue de Compton à Los Angeles, fondé autour de Easy-E qui fut rejoint par Dr. Dre et DJ Yella puis plus tard par Ice Cube, on ne peut pas dire que la formation ait fait dans la dentelle. Critiquée pour ses textes ultras violents, notamment le célèbre Fuck tha Police, le groupe fut interdit de nombreuses radios mais aussi de concerts. Mais que nenni, c’est grâce au talent et à la polémique que le groupe a gagné ses galons et devint l’une des formations les plus importantes aux States. A la séparation, chacun à fait ce qu’il avait à faire avec plus ou moins de succès. Si Ice Cube s’est montré très polyvalent, autant dans la musique avec Body Count, groupe de métal, qu’à la télé et au cinéma, Dr. Dre devient un célèbre producteur à qui l’on doit notamment les skeuds de Snoop Dogg, Eminem mais aussi 2Pac. Mais le plus étonnant dans tout ça, c’est que le type n’a sorti que trois albums dans sa vie, dont Compton qui vient de sortir, qui est aussi la bande originale du film Straight Outta Compton, patronyme du premier album de NWA. Et c’est un gros évènement puisqu’il n’avait rien sorti depuis seize ans.

Le skeud ne commence pas de la plus belle des façons. Après une introduction qui ne sert pas à grand-chose, on aura droit à un titre très classique, dans la vague hip-hop des années 90. Certes, cela peut-être bon et les fans seront sûrement heureux, mais on sent que la prise de risque est minime et cela n’augure rien de bon pour la suite. Entre boîte à rythme et sample de trompettes, on ne peut pas dire que Talk About It démarre de la plus belle des manières. Et la suite n’arrangera pas les choses avec Genocide et Kendrick Lamar. Le titre est totalement déstructuré, il n’a pas forcément de mélodie agréable et le rythme est relativement lent, se posant entre une démarche faussement hip-hop expérimental et rap pseudo auteurisant. On retrouvera ce classicisme et cette déstructuration avec Loose Cannons et ce cher Xzibit et sa voix grave si particulière. Si le morceau est plus sympathique que Genocide, il reste tout de même assez simpliste et s’inscrit dans cette veine de hip-hop commercial. Peut-on blâmer Dr. Dre de faire du rap mercantile ? Non, puisque c’est ce qui a fait son succès malgré des textes violents et qui a permis à une certaine culture de sortir de l’anonymat, un coup de force pas si évident que cela. On pourra aussi blâmer des textes à la con comme For the Love of Money, qui fait bien évidemment l’apologie du pognon, mais même si l’instru n’est pas au top (malgré de jolies mélodies à la gratte sur la fin du morceau), on ne peut pas dire que Dr. Dre n’est pas raccord avec son image.

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Mais le coup de force de Dre, c’est clairement d’avoir fait un album classique, mais avec certaines compos intéressantes, afin de plaire aussi aux néophytes. On retrouvera donc de vrais instrumentalisations de bonne facture, ce qui est rare avec le rap d’aujourd’hui, se contentant bien souvent de foutre des boîtes à rythme qui n’ont aucune âme. Avec It’s All on Me, on aura droit à quelques riffs de gratte bien agréables pour un morceau assez doux et qui donne furieusement envie de hocher la tête. On peut aussi parler des riffs très hard rock de Issues, avec ce bon vieux Ice Cube pour l’un des meilleurs morceaux du skeud, avec un air arabisant très dépaysant. On peut aussi évoquer la ligne de basse puissante de One Shot One Kill avec Snoop Dogg et son flow lent reconnaissable parmi tant d’autres. Flow que l’on retrouvera dans Satisfaction, là aussi un morceau intéressant proche d’une funk sous acide. Medecine Man est aussi très intéressant notamment grâce à la prestation d’un Eminem déchaîné avec un débit qui ferait pâlir Flash Gordon. Néanmoins, et malgré tous les aspects positifs évoqués ici, on regrettera qu’il n’y ait pas plus de prises de risque de la part de Dr. Dre. Car même si l’album reste assez bon, on ne peut s’empêcher d’être tiraillé entre le côté old school assumé pour faire du fric et cette absence d’audace qui aurait pu en faire l’album de l’année.

Au final, Compton, le dernier album de Dr. Dre, n’est pas si mal que ça et il mérite que l’on s’y attarde plusieurs fois pour en prendre toute l’ampleur. Non pas qu’il soit formidable, mais il se pose au-dessus de toutes les productions de rap et de hip-hop, notamment grâce à une instrumentalisation astucieuse et un entourage à la renommée gargantuesque. Un album sympathique qui conviendra plus que de raisons aux fans de ce genre musical.

  1. Intro
  2. Talk About It feat King Mez & Justus
  3. Genocide feat Kendrick Lamar & Marsha Ambrosius & Candice Pillay
  4. It’s All On Me feat Justus & BJ the Chicago Kid
  5. All in a Day’s Work feat Anderson .Paak & Marsha Ambrosius
  6. DarkSideGone feat King Mez & Marsha Ambrosius & Kendrick Lamar
  7. Loose Cannons feat Xzibit & COLD 187um & Sly Pyper
  8. Issues feat Ice Cube & Anderson .Paak & Dem Jointz
  9. Deep Water feat Kendrick Lamar & Justus & Anderson .Paak
  10. One Shot One Kill feat Snoop Dogg
  11. Just Another Day feat Asia Bryant
  12. For the Love of Money feat Jill Scott & Jon Connor & Anderson Paak
  13. Satisfaction feat Snoop Dogg & Marsha Ambrosius & King Mez
  14. Animals feat Anderson .Paak
  15. Medecine Man feat Enimem & Candice Pillay & Anderson .Paak
  16. Talking to my Diary

Note: 14/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=KwFQFfzzLD8[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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