De : Tood Haynes
Avec Julianne Moore, Xander Berkeley, Peter Freidman, Susan Norman
Année: 1995
Pays: Angleterre, Etats-Unis
Genre: Drame
Résumé:
Carol White, une femme au foyer aisée et passive, partage son temps entre les séances d’aérobic, la cuisine et les achats pour sa maison. Son univers douillet bascule lorsqu’elle développe une allergie à ce qui l’entoure. En proie à la dépression, elle finit dans un inquiétant centre de traitement new-age.
Avis :
S’il y a bien une chose qui ressort fortement du cinéma de Todd Haynes, c’est son amour pour les actrices. En effet, ses films sont très souvent portés par des femmes et bien souvent, il parle des conditions des femmes. On peut mettre de suite en évidence des films comme « Loin du Paradis« , porté par Julianne Moore, ou bien la mini-série qu’il a réalisé « Mildred Pierce » portée par Kate Winslet, ou encore son prochain film « Carol » qui mettra en vedette Cate Blanchett et Rooney Mara et il y a ce film, « Safe« , qui est la première rencontre entre le réalisateur et Julianne Moore.
Une première rencontre sous la forme d’un ovni, car « Safe » est pour le moins très atypique comme film. Peu connu pour ne pas dire pas du tout même, ce deuxième film de Todd Haynes est pour le moins ambitieux et nous propose le portrait d’une femme qui va plonger peu à peu dans la paranoïa. « Safe » est un film déroutant, aussi bien dans sa forme que dans son fond. Et c’est quelque part entre la peur et la maladie que le réalisateur va piéger son héroïne pour mieux parler de notre société.
Carol White est une femme au foyer. Sa grande tache dans la vie est de s’occuper de la décoration de la maison familiale. Alors que tout est parfait dans sa vie, Carol se rend compte que depuis un certain temps, elle a du mal à respirer correctement, elle a même tendance à suffoquer. Après quelques analyses qui ne donnent rien, Carol découvre par le biais d’une association qu’elle est allergique à l’air qui l’entoure. La pollution et les produits chimiques affectent son corps et sa santé. Sa vie se voit alors bousculée par cette découverte et c’est auprès d’un centre étranger, perdu au milieu de rien, qu’elle retrouve un semblant de vie, du moins le croit-elle.
Curieux, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit à la fin de ce film. Todds Haynes a toujours proposé des sujets intéressants, mais je crois bien que c’est l’un des plus poussés qu’il ait pu aborder. « Safe« , c’est avant tout le portrait d’une femme fragile, qui se referme sur elle-même et finalement se crée des peurs. Avec ce film, le réalisateur aborde de manière presque inédite la maladie (réelle ou non), la paranoïa, et la société de consommation. J’écris réelle ou non, car c’est avec beaucoup de subtilité que le réalisateur laisse planer un doute sur son personnage qui s’enfonce petit à petit et qui se « retrouve piégé » dans son propre univers.
C’est dans une ambiance terriblement froide, très pâle, presque terrifiante, où le moindre pot d’échappement devient une arme, que Todd Haynes va faire évoluer son intrigue. Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce film, c’est l’ambiguïté que le réalisateur installe dans l’intrigue. Et c’est de cette ambiguïté que naît la curiosité. Cette ambiguïté fait de « Safe » aussi bien le beau portrait de femme que j’avais envie de voir (fragile et fascinante) que le réalisateur a toujours réussi à faire, mais aussi une critique de société étonnante et subtile, sur l’évolution de cette dernière, mais aussi les faiblesses de l’être humain et comment celui-ci peut se faire manipuler. Le centre où atterrit le personnage de Carol peut soulever plusieurs questions, car il est aussi étrange que le film lui-même.
Le film est porté par Julianne Moore qui trouve pour la première fois un rôle à sa mesure. L’actrice, qui jusqu’à lors n’avait décroché que des seconds rôles (parfois très bon), tient ici son vrai premier rôle et elle est étonnante. Rôle difficile et ambigu, elle apporte beaucoup au film qu’elle tient sur ses épaules avec beaucoup de fragilité.
En fait, le seul petit bémol que je dois reprocher au film, c’est son rythme, car je dois dire qu’il traîne parfois en longueur. Je trouve que Todd Haynes s’attarde parfois sur des éléments qui ne m’ont pas plus intéressé que ça, alors que la plupart du temps, le film est excellent. Après ce n’est qu’un petit reproche, car sur toute sa durée, j’ai quand même bien apprécié ce film qui m’a beaucoup intrigué.
Ce n’est donc pas le film que je préfère de Todd Haynes, mais « Safe » de par ce qu’il propose sur la paranoïa de son personnage et l’œil jeté sur la société en pleine évolution qui piégera (ou non) son personnage, reste quand même très intéressant à voir. C’est donc à coup sûr le plus étrange de son réalisateur, mais c’est une étrangeté oppressante qui reste à découvrir.
Note : 15/20
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Par Cinéted