mars 29, 2024

Larry Flynt

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Titre Original : The People Vs Larry Flint

De: Milos Forman

Avec Woody Harrelson, Courtney Love, Edward Norton, Brett Harrelson

Année: 1997

Pays: Etats-Unis

Genre: Biopic

Résumé:

Evocation de la vie de Larry Flynt, pornographe, et plus particulièrement de son combat, qu’il a gagné, pour faire appliquer le premier amendement de la Constitution américaine sur la libre circulation des idées et la liberté de parole.

Avis:

Milos Forman, c’est un cinéaste culte qui ne compte parmi sa filmographie pratiquement que des bons films, comme si le réalisateur ne s’était jamais planté. Oui, je dis presque, car pour l’instant, je n’ai pas encore vu tous ses films, mais tous ceux que j’ai vus m’ont procuré ce que j’étais venu chercher. C’est donc avec plaisir que je me relance cette fois-ci dans « Larry Flynt« , un film que je n’avais pas vu depuis des lustres.

Dans les années 90, Milos Forman n’a pour ainsi dire pas tourné. Pendant cette décennie, le réalisateur n’a livré qu’un seul film. Mais voilà quel film ! L’un de mes préférés du réalisateur. Un film que j’avais vu il y a pas mal d’années, avant même que je découvre qui était Milos Forman et qui m’avait beaucoup marqué. Et c’est donc avec délectation que je me relance dans ce film et avec mon regard d’adulte, c’est un tout autre film que j’ai trouvé et il se trouve bien mieux que dans mon souvenir. La comédie que je connaissais a laissé la place à un drame profond et troublant, ainsi qu’une sacrée critique de société. Passionnant et irritant, « Larry Flynt » est un film que je mets dans mon top du réalisateur, peut-être même à la première place… (il faudrait que je vois « Ragtime« , qui a l’air fabuleux et j’en reparlerais après…).

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Larry Flynt est un homme à la vie mouvementée. Tenancier d’un club de strip-tease miteux, il va lancer dans les années 70, le sulfureux magazine Hustler. Très rapidement, le magazine va faire scandale. Publiant des photographies plus qu’explicite, Larry Flynt va se mettre à dos l’Amérique puritaine, qui va le traîner en procès à plus d’une reprise. Mais Larry Flynt, le provocateur, va alors répondre à chaque fois et va ainsi livrer un combat pour que la libre circulation des idées et la liberté de paroles comme celle de la presse, puisse être un droit respecté.

Faire un film sur un pornographe… Et en plus le rendre tout public… Voilà, le défi qu’a décidé de se lancer Milos Forman et le résultat est très convaincant et loin d’être une œuvre gratuite. Il aurait été tellement facile de faire un biopic sur cet homme en tombant dans le racolage, le manque de pudeur, et surtout faire sensation, pour ramener du monde en salles. Et je pense que si quelqu’un d’autre que Milos Forman avait été derrière la caméra, le piège aurait marché, mais ce ne sera pas le cas ici. Si on peut reprocher au film d’être un peu trop propre parfois, « Larry Flynt » n’en sera pas mois passionnant. La vie de Flynt est incroyable, et même si elle est ici un peu romancée pour donner dans le divertissement, le film reste abouti, captivant, irrévérencieux et surtout parfaitement d’actualité. Plus qu’un film sur un pornographe, plus qu’un film sur le lancement d’un magazine culte, qui fait aujourd’hui partie intégrante de la culture américaine, plus que le portrait d’un homme qui a voulu sortir de sa condition tout en faisant ce qu’il aimait, « Larry Flynt » est avant tout un combat face à l’hypocrisie de l’Amérique. Pour cela, le réalisateur s’est appuyé sur un scénario brillant. Un scénario bien loin de ce que l’on aurait pu imaginer. Et c’est avec beaucoup d’humour, de décadence, d’attachement et de coups de gueule que Milos Forman va pourtant dresser et aborder un film aussi dramatique que nécessaire. C’est sans langue de bois que le réalisateur, par le biais de son personnage, dénonce l’Amérique coincée et hypocrite, l’Amérique de la peur et conservatrice. Celle qui aimerait paraître belle et sans faille et le ton humoristique parfois, surtout au moment des procès, apparaît encore plus satirique. Avec « Larry Flynt » on s’attend à un biopic sur le « porno » et l’on se retrouve avec le portrait peu glorifié d’un pouvoir qui essaie de faire taire un homme et c’est là tout le génie de Milos Forman et de son film. Ce qui est terrible aussi, c’est qu’à l’aube de ses vingt ans avec une histoire qui se déroule entre les années 70 et 80, « Larry Flynt » est encore parfaitement d’actualité et il n’a pas pris une seule ride.

Comme je le disais, le film est assez irrévérencieux et cette caractéristique se retrouve aussi dans le casting. Un casting phénoménal et loin d’être évident. Woody Harrelson est génial de bout en bout dans la peau de Flynt. L’acteur m’a fait rire quand son personnage décide de foutre la merde, et il m’a bouleversé à plusieurs reprises quand son histoire s’assombrit. L’acteur, dont le talent n’est décidément plus à prouver aujourd’hui, démontre avec ce rôle qu’Hollywood l’avait sous-estimé pendant un bon bout de temps. Une actrice très sous-estimée aussi, c’est Courtney Love, que je trouve brillante dans le rôle de la femme de Flynt. Dans ce film, elle fait preuve d’une sensibilité que je ne lui connaissais pas et j’ai vraiment apprécié de la découvrir comme ça. Faut dire qu’elle tourne peu et je ne crois pas l’avoir vu dans des masses de films et il se pourrait bien qu’Althéa Leasure soit le rôle de sa vie. Je ne reviendrais pas sur Edward Norton qui assure parfaitement en avocat un peu dépassé par son client. Enfin, le film peut aussi se vanter d’avoir tout un tas de très bons comédiens dans des rôles plus ou moins importants. Ainsi, on retrouvera par exemple Vincent Schiavelli (le fantôme du métro de « Ghost« ), Crispin Glover (« Willar« ), James Cromwell (« The Queen« ) et même Larry Flynt lui-même en juge.

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Ce cru 1997 signé Milos Forman est donc un film que j’adore et dont j’ai pris un vrai plaisir à redécouvrir. C’est un film qui m’a fait passer un excellent moment, qui m’a instruit en me racontant le destin d’un homme passionnant. Et enfin, c’est un film qui pointe du doigt une Amérique peu glorieuse qui par sa petitesse d’esprit a « saccagé » la vie d’un homme, alors qu’aujourd’hui, la plupart des procès n’auraient même pas lieu d’être. Et c’est peut-être grâce à cet homme que ces procès n’ont pas lieu d’être.

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=FbvZtbeC0EM[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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