American Ultra – Bourne sous Fumette

De : Nima Nourizadeh

Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Topher Grace, Connie Britton

Année : 2015

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Comédie

Résumé :

Une comédie d’action à propos de Mike Howell dont la vie paisible et sans ambition avec sa petite amie Phoebe se retrouve soudainement chamboulée. À sa grande surprise, Il est en fait un agent dormant surentrainé dont la mémoire a été effacée. En un clin d’œil, son passé refait surface et Mike se retrouve au milieu d’une opération gouvernementale visant à l’éliminer. Il va alors devoir faire appel à ses capacités insoupçonnées d’agent secret pour survivre.

Avis :

Dans les années 50, la CIA avait un projet secret, celui de faire des super soldats. Pour cela, l’agence a mis en place des séances de torture avec des injections pour changer le comportement des soldats et ainsi les rendre agressifs et obéissant. Bref, pour en faire de véritables machines à tuer. Et cette anecdote sera réutilisée à maintes reprises par le cinéma pour établir des fantasmes sur un secret gouvernemental qui n’en est plus un. Ainsi, si on peut ranger dans cette catégorie American Ultra, il peut aussi faire partie de la grande chaîne des comédies d’espionnage qui ont fourmillé cette année avec pas moins de quatre, dont American Ultra évidemment, mais aussi Kingsman, Service Secret, Spy et Agents Très Spéciaux – Code U.N.C.L.E. Pourquoi ce genre se met en branle aujourd’hui, la question reste ouverte, mais c’est l’occasion de voir des films qui essayent de faire rire autrement, et qui acceptent le mélange des genres, excluant la parodie pour essaye de faire dans l’humour pur. Et si Kingsman est l’une des plus belles réussites de cette année, que vaut vraiment American Ultra ?

Mike est un jeune amateur de fumette et qui travaille dans une vieille superette en Virginie de l’Ouest. Il est fou amoureux de sa copine Phoebe et le couple fleure bon le parfait amour. Sauf que Mike a des crises de panique qui l’empêche de partir de sa ville. Alors que deux hommes essayent de lui trafiquer sa voiture, il va les abattre de sang-froid, sans vraiment ce qu’il lui arrive. Il va alors comprendre qu’il faisait partie d’une expérimentation visant à faire des super soldats, qu’il était en dormance et que maintenant, la CIA veut l’exécuter pour tester un autre nouveau programme, Titan.

Osciller entre deux genres est très difficile car tout est une question d’équilibre et le réalisateur joue les funambules. Si Matthew Vaughn est absolument parfait dans ce rôle d’équilibriste, tout comme Edgar Wright, ce n’est pas le cas de tout le monde, comme en atteste ce American Ultra, qui n’est pas mauvais, mais qui n’est pas transcendant non plus. En effet, le film ne trouve jamais le bon équilibre entre la comédie et l’action et il se perd de temps à autre dans une sorte de nonchalance artistique. En fait, le film n’est pas assez drôle pour s’assumer comme une comédie et il n’est pas assez nerveux pour rentrer dans la catégorie des films sévèrement burnés. Du coup, on navigue entre deux eaux, ne sachant trop comment prendre le film qui accumule bien souvent les maladresses.

Ne nous leurrons pas, le public visé est principalement adolescent. Une amourette à deux balles sur deux fumeurs de joints qui part en vrille suite à la découverte des pouvoirs de l’un. Pas de prise de têtes, le film est un pur divertissement, qui essaye malgré tout de glisser une réflexion sur le contrôle des esprits de notre société. Et tout le problème du film réside là-dedans, ne cessant jamais de faire du pied à son public sans prendre de risque pour aller au-delà du simple divertissement. C’est d’ailleurs pour cela que l’histoire d’amour demeure bancale et que les deux personnages ne sont pas si attachants que cela. La preuve en est faite lorsque l’on se fout de leur sort et que l’on sait pertinemment que le héros s’en sort, à cause du gros flashback introductif.

Alors effectivement, les enjeux dramatiques en prennent un coup, mais le film n’est pas dénue d’intérêts. Tout d’abord, il est relativement court et on ne s’ennuie que très rarement. Si le rythme n’est pas idéal, ayant des coups de mou, on reste tout de même sur quelque chose de correct. Ensuite, le film possède quelques fulgurances dans ses scènes d’action qui ne sont pas dégueulasses du tout. A titre d’exemple, le combat dans le supermarché ou encore dans la fumée est plutôt bien foutu et demeure lisible et cela malgré une shaky cam relativement désagréable. Si parfois le film va trop loin, comme le coup de la poêle et du flingue avec un ralenti inutile, on reste dans quelque chose qui se veut généreux et potable. On notera aussi un jeu des couleurs étonnants, alternant avec le gris de la ville et des séquences très flashys, parfois un peu trop, mais cela reste cohérent avec l’esprit du film et la volonté de présenter deux gros consommateurs d’herbe.

Enfin, dernier point, les personnages secondaires. Très important dans bons nombres de films, ils sont ici relativement insupportables. Entre le grand méchant qui surjoue et qui est d’une bêtise abyssale, on aura droit à tous les clichés possibles entre l’instigatrice du projet qui est une femme forte, son assistant homosexuel, le dealer de drogues imbécile ou encore le psychopathe qui se marre tout le temps. Et c’est bien dommage car rien ne nous rattache à une certaine réalité ou à un délire exacerbé. A titre d’exemple, les personnages de Kingsman sont étonnamment équilibrés entre sérieux et décalé, ce qui est totalement absent d’American Ultra.

Au final, American Ultra n’est certainement pas le film de l’année, ni dans son domaine, ni nulle part d’ailleurs. Si on en ressort avec une sensation mitigée, le film remplit sa part du cahier des charges, à savoir fournir un divertissement pour bien terminer sa soirée. Ne trouvant jamais le bon équilibre, le film essaye tant bien que mal de faire passer un message sur la liberté qui semble bien indigeste et hors de propos. Bref, un film mineur mais pas désagréable.

Note : 12/20

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Par AqME