De : Tom Six
Avec Laurence R. Harvey, Ashlynn Yennie, Dominic Borrelli, Lucas Hansen
Année : 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Martin est un quarantenaire handicapé mental fasciné et obsédé par le film « The Human Centipede ». Il cherche à créer à sa manière le fruit de la création entrepris par le Docteur Heitzer dans le film original. Son objectif est de faire un mille-pattes avec douze personnes, toutes reliées de la tête à l’anus pour ainsi créer le plus long tube digestif au monde.
Avis :
En 2009 et en 2010, deux films d’horreur avaient fait parler d’eux cause de leurs propos sulfureux et de leur tendance aller jusqu’au bout d’un concept crade et gore. En premier lieu, il y a eu A Serbian Film, qui fut interdit en France, montrant la descente en enfer d’un acteur porno devenant complètement manipulé par un producteur, allant jusqu’au meurtre et au viol de sa propre famille pour tourner des films. Abject et pourtant maîtrisé, le film n’a pas laissé indifférent les spectateurs. Puis il y a eu The Human Centipede, moins gore, mais tout aussi dérangeant, suivant les pas d’un chirurgien fou qui souhaite créer un mille-pattes humain en reliant les tubes digestifs. Indigeste sur le papier, le film reste assez crade sans pour autant choquer comme le film serbe précité. Néanmoins, le film annonçait une trilogie et malgré le peu de fond de ce premier opus, on reste curieux de voir l’évolution de la saga. Et c’est à partir du deuxième film que l’on voit les limites d’un concept à la con.
Martin est un quadragénaire handicapé mental et physique. Il travaille de nuit comme gardien d’un parking souterrain. Martin a une passion dans la vie, le film de Tom Six The Human Centipede. Il y voue même un culte à travers un cahier relié qu’il a lui-même confectionné et son animal de compagnie, un scolopendre. Voulant faire mieux que son idole, Martin assomme et kidnappe des gens dans le parking afin de faire un mille-pattes humain de douze personnes.
Comment faire une suite un film qui n’en avait pas forcément besoin ? Tom Six avait prévu de faire une trilogie, mais le problème, c’est que son concept initial ne méritait pas un tel engouement. La preuve en est faite avec ce film qui est d’une bêtise affligeante et qui fait partie de ces œuvres qui ne sont là que pour déranger. Melon trop gros de la part du réalisateur suite au succès de son premier film ? Peut-être, puisqu’il présente sa première œuvre comme un film dans le film, l’éloignant de la réalité (et flouant le spectateur au passage sur son ressenti par rapport au premier film) et montrant un personnage complètement fan de ce film, à tel point que cela le fascine. Peut-on vraiment être fan de ce film, qui n’est pas une réussite pour autant ? Bref, Tom Six ne fait pas forcément le bon choix avec ce deuxième opus.
D’autant plus qu’il fait des choix bizarres sur sa mise en scène. En effet, il délaisse l’aspect horreur contemporaine pour aller vers le cinéma d’auteur, tout en gardant le gore trash de la saga. Ainsi, on aura droit à du noir et blanc et de longues plages de silence, tenues par la tronche de Laurence R. Harvey, qui ne parle pas de tout le film, émettant juste quelques sons. Ce choix esthétique aurait pu s’avérer payant, si seulement le scénario était à la hauteur des attentes. On se retrouve juste devant un malade mental qui veut faire un mille-pattes humain en hommage à un film. Rien de bien transcendant, surtout que le film ne dénonce rien, n’apporte aucun propos intelligent. C’est bien là le problème, puisque si le complexe de Dieu dans le premier épisode trouvait une justification, ici, c’est juste un psychopathe sans rien dans le ciboulot. Et le film va jusqu’au bout de sa bêtise, présentant des personnages détestables, comme le médecin, ou encore idiot à l’image du premier garçon qui s’énerve pour rien. Il n’y a pas de liant pour raccorder à une situation plausible, contrairement au premier film. Et puis il y a beaucoup d’incohérences, à l’image du bébé coincé dans la voiture plusieurs nuits sans que personne ne s’en soucie ou ne l’entende…
Alors le film n’a pas que des mauvaises idées. Par exemple, utiliser la relation sordide entre la mère et le fils est plutôt bien, même si on vire à la psychologie de comptoir et que tout est prévisible. Néanmoins, le but du film est atteint en créant une œuvre gore et vide. Les gros plans sur des découpages de peau sont présents et assez dérangeants, notamment les coupures de tendons sur les genoux et le moment de diarrhée est à gerber. Seulement, le film est à l’image du stade de développement de son tueur, le stade sadique anal freudien que l’on a à l’âge de deux/trois ans. Ceci dit, Laurence R. Harvey est parfait dans ce rôle avec son physique ingrat et son visage si particulier.
Au final, The Human Centipede II est une belle purge qui surfe sur le succès d’un premier film qui n’en méritait pas tant. Vulgaire, tape à l’œil, vide de sens, ce film n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains, malgré la vacuité de son propos. Voulant faire un film d’horreur d’auteur, Tom Six se fourvoie complètement ne présentant pas une œuvre dérangeante, mais plutôt une œuvre débilitante d’un cinéma horrifique qui n’a pas vraiment besoin de ça.
Note : 02/20
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Par AqME