Avis :
Il est assez commun de voir des artistes de groupes faire des projets solos. Que le groupe soit en pause ou carrément séparé, il n’est pas rare de voir un nom connu débouler dans les bacs sans le groupe d’origine. C’est le cas pour System of a Down par exemple avec Serj Tarkian et ses albums solos ou encore Damon Malakian et Scars on Broadway. Autre phénomène du moment, le supergroupe. Il s’agit de formations éphémères visant à faire un ou plusieurs albums en réunissant des musiciens de différents grands groupes. On peut parler de Chickenfoot ou Them Crooked Vultures par exemple. Et bizarrement, Lindemann se situe entre les deux effets de mode. Rammstein étant en pause, Till Lindemann, leader charismatique du groupe, décide de faire un album solo. Mais il est épaulé par Peter Tagtgren, musicien des groupes PAIN et Hypocrisy. Du coup, c’est le cul entre deux chaises que l’on aborde un album inédit et qui a fait frémir d’impatience beaucoup de fans.
Car il faut dire que les membres de Rammstein ont tendance à aimer faire d’autres groupes ou d’autres albums, comme l’a prouvé le guitariste du groupe avec son Emigrate et la petite déception derrière le premier album. Alors que vaut vraiment Lindemann et ce Skills in Pills ?
Et bien c’est très bon. Mais c’est très bon parce que ça ressemble énormément à Rammstein. Difficile aux premiers éclats de voix de ne pas faire le rapprochement, le timbre vocal de Till Lindemann étant reconnaissable immédiatement. Ceci dit, on notera tout de même quelques différences avec le groupe d’origine. Premièrement, le chant est en anglais. Cela ne signifie peut-être rien, mais pour un non germanophone, c’est assez agréable d’enfin comprendre les paroles. Bien évidemment, de nombreux sujets sont brassés et autant les thèmes que l’imagerie collent à la peau du groupe allemand. On ne va pas s’en plaindre, Rammstein étant certainement l’un des meilleurs groupes de métal industriel au monde. On remarquera tout de même une plus grosse propension pour l’électro. Non pas que cela soit omniprésent, mais dans tous les morceaux, il y a des passages qui ne font pas forcément métal. A titre d’exemple, on peut citer l’introduction de Fish On, qui fait très techno avant de partir vers des riffs hyper agressifs. On retrouve cela dans d’autres titres, comme Skills in Pills ou encore Ladyboy. Autre point que l’on peut reprocher au skeud, c’est qu’il ne prend pas trop de risques en ne bousculant pas les fans. Les riffs sont accrocheurs, certes, mais tant et si bien que parfois on ressent comme un manque de différenciation avec le groupe originel. On peut citer l’excellent Golden Shower, dont les riffs rappellent ceux de Du Hast.
Mais dans sa globalité (assez courte), l’album est une belle réussite, non seulement parce qu’il nous fait rappeler que Lindemann n’avait pas été aussi bon depuis belle lurette et que Rammstein manque cruellement sur la scène métal. Les titres comme Fish On ou Golden Shower sont de vrais élans de violence musicale avec des riffs infernaux. Cowboy est aussi un excellent titre, parodique mais qui montre toute l’ingéniosité des deux messieurs. Il y a tout de même une surprise dans l’album. En effet, on trouvera beaucoup de titres qui mettent en avant une certaine émotion, une certaine sensibilité. On peut compter sur le petit Home Sweet Home, mais il y a surtout Yukon, d’une grande beauté, avec des riffs puissants mais aussi des violons qui rajoutent une touche tragique et des paroles très bien écrites. Dans la version de luxe, on pourra bénéficier de That’s My Heart, là aussi un très beau titre, qui fait appel à des chœurs féminins pour contrebalancer la voix grave du chanteur. D’ailleurs, le morceau est en totale opposition avec Praise Abort, un morceau ordurier, drôle et qui a été choisi pour représenter l’album. Le refrain de ce morceau sera entêtant, répétant I Hate my Life and I Hate you, I Hatem y Wife and his boyfriend too. Il est juste dommage que l’album comporte un léger ventre mou en son milieu avec des titres comme Children of the Sun et Home Sweet Home.
Au final, Skills in Pills, le premier album de Lindemann, est plutôt une excellente surprise et un excellent skeud. Rappelant les heures de gloire de Rammstein mais en anglais, Lindemann livre quelque chose de nerveux, mais aussi de touchant avec une grosse touche d’irrévérence dans des paroles souvent grossières ou politiquement incorrectes, faisant le charme de cet effort qui ne se refuse rien et demeure très généreux. Des albums comme ça cette année, on en redemande.
- Skills in Pills
- Ladyboy
- Fat
- Fish On
- Children of the Sun
- Home Sweet Home
- Cowboy
- Golden Shower
- Yukon
- Praise Abort
- That’s My Heart
Note : 17/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=QWE_M0CX9So[/youtube]
Par AqME