De : Jaume Balaguero
Avec Manuela Velasco, Paco Manzanedo, Hector Colomé, Ismael Fritschi
Année : 2014
Pays : Espagne
Genre : Horreur
Résumé :
Quelques heures après les terribles événements qui ont ravagé le vieil immeuble de Barcelone. Passé le chaos initial, l’armée décide d’intervenir et envoie un groupe d’élite dans l’immeuble pour poser des détonateurs et mettre un terme à ce cauchemar. Mais quelques instants avant l’explosion, les soldats découvrent une ultime survivante : Angela Vidal… Elle est amenée dans un quartier de haute-sécurité pour être mise en quarantaine et isolée du monde afin de subir une batterie de tests médicaux. Un endroit parfait pour la renaissance du Mal… L’Apocalypse peut commencer !
Avis :
Le found-footage est l’une des trouvailles pour faire des films d’horreur peu chers. Certains voyant cela comme une immersion totale vers la peur, cela fait un petit moment que le style a montré ses limites, ne renvoyant qu’à des films médiocres, sans imagination ni même envie de créer une ambiance correcte. La preuve en est faite avec tous ces films sur les possessions et autres exorcismes de masse qui tentent bon gré mal gré de nous faire peur. Mais il arrive que certains films sortent du lot et deviennent des références du genre. Le plus flagrant de tous est bien entendu Rec de Jaume Balaguero et Paco Plaza. Ce premier connu un succès mérité retentissant et les deux hommes furent propulsés sur la scène internationale. Bien entendu, l’appât du gain fait qu’une suite a vu le jour, moins flamboyante mais assez intéressante, puis un troisième épisode uniquement réalisé par Paco Plaza. Opus hybride commençant comme un film caméra à l’épaule puis se poursuivant comme un film normal, on peut dire que ce mariage a divisé plus d’une personne, notamment à cause d’un humour potache que l’on n’avait jamais vu auparavant. Rec 4 est donc la partie réservée à Jaume Balaguero et il signera le pire épisode de la saga.
Quelques heures après les évènements dans le vieil immeuble de Barcelone, des soldats pénètrent dans le bâtiment, placent des bombes et sauvent in extremis Angela, la présentatrice de l’émission télé. En se réveillant le lendemain, ils se retrouvent sur un bateau où une équipe de scientifiques, épaulée par des mercenaires, mènent des expériences sur les infectés et des animaux. Mais un singe s’évade et mord le cuisinier. C’est alors que la contagion commence et qu’Angela ainsi que quelques amis vont tenter de survivre dans ce cargo.
Oubliant totalement le found-footage, Jaume Balaguero va livrer un film standard, où la réalisation ne brillera pas forcément par son originalité. Voulant créer une ambiance claustrophobique, le réalisateur privilégie le huis-clos sur des décors épurés et relativement impersonnel. Malheureusement pour lui, la sauce ne prendra jamais, notamment parce que l’on a déjà vu ça, mais aussi et surtout parce qu’il n’y a pas la patte du réalisateur. En effet, en prenant ce chemin de croix du film froid, Balaguero oublie l’essentiel du film d’horreur, celui de faire peur.
On ne sent pas vraiment cette oppression durant le métrage, tout simplement parce que les choix narratifs ne collent pas du tout à cette ambiance. On ne peut pas faire un croisement du film d’horreur et du film d’action dans quelque chose d’aussi peu représentatif, ou alors il faut tenir des personnages en béton. Il n’y a pas de base solide pour l’histoire, on a la sensation que le réalisateur veut aller vite et privilégie donc l’action, les infectés rapides et les mises à mort classiques. Malheureusement, même là-dedans il se perd, à cause d’une shaky cam désobligeante et affreuse, où l’action se perd complètement au profit d’une envie de gerber irrépressible.
Le plus grand tort de Balaguero est aussi de renier complètement les fondements de la saga. Alors que l’on était dans une sorte de possession démoniaque, avec un fort rapport à la religion, permettant en plus de glisser une critique sur la chrétienté dans un pays fortement croyant, le réalisateur fait un joli doigt d’honneur et livre une explication scientifique basique, que l’on a déjà vu plusieurs fois. Ce qui était plutôt original dans les trois premiers épisodes devient d’une banalité absolue dans le quatrième et Balaguero saborde lui-même sa propre saga. D’autant plus que les personnages ne sont pas du tout aboutis. Si on retrouve la charmante Manuela Velasco, elle demeure bien fade et peu inspirée par son rôle. Et pour le reste du casting, on n’aura pas grand-chose à se mettre sous la dent, le film faisant fi de tout background. C’est bien simple, même le twist final semble être une sorte de pirouette pour essayer de montrer que le film n’est qu’une note d’intention pour torcher cette saga.
Au final, Rec 4 est une énorme déception. Faussement gore, le film se tire une balle dans le pied en arpentant le chemin balisé du film d’horreur lambda privilégiant l’action à l’horreur. Et la déception est d’autant plus grande que cette saga démarrait en trombe, devenant une référence dans le domaine du found-footage et qu’elle finit en eau de boudin, sans saveur et surtout sans âme. Rec 4 est donc l’épisode de trop, celui qui non seulement fait dans la banalité, mais fait aussi dans la médiocrité. Il est dommage de voir une telle saga se terminer comme cela.
Note : 06/20
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Par AqME