Avis :
La réussite dès le premier album est une chose assez difficile sauf lorsque l’on est bien aidé. Autodidacte lorsqu’elle reçut un piano pour surmonter le divorce de ses parents, Jillian Rose Banks s’est mis à la musique sur le tard. Afin de se faire plus ou moins connaître, elle balance des morceaux sur Soundcloud et noue des contacts dans le milieu. Par chance, un DJ va faire passer l’un de ses morceaux sur la BBC et ce sera un succès quelque peu inattendu. Après deux EP en 2013 et l’accueil plutôt positif des critiques, la jeune chanteuse américaine passe le cap avec son premier album, Goddess, qui nous intéresse aujourd’hui. Mais le succès provient surtout des séries et autres pubs qui ont utilisé sa musique. Par exemple, Waiting Game fut pendant un temps le morceau de référence de Victoria’s Secret. Ce morceau et un autre seront utilisés aussi dans la saison 11 de Grey’s Anatomy. De ce fait, la chanteuse commence à se faire bien connaître, assurant les premières parties du groupe The Weeknd et participant à plusieurs festivals dont celui de Coachella. A ce stade, on peut être curieux de savoir ce qui se cache derrière cette pochette assez curieuse mais aussi devant l’absence de pub en France. Parce que finalement, lorsque l’on écoute cet album, nous ne sommes pas loin de toutes les « pop queen » qui se trémoussent à longueur de journées sur les chaines de musique, alors pourquoi cette absence sur les ondes françaises ? Tout simplement parce que cela est bien trop calme.
Le skeud commence avec Alibi et rien, mais absolument rien, ne peut différencier ce titre d’un autre morceau r’n’b que l’on nous ressort tous les jours. C’est plutôt plat et la musique électro ne fonctionne pas particulièrement. Alors forcément, ça ne fait de mal à personne, c’est relativement insignifiant, mais malgré tout, cela n’est pas agressif et évite assez habilement le côté putassier. On retrouve les scories de ce genre avec des trémolos, des onomatopées bien pourraves, mais cela reste acceptable. Et bizarrement, ce sera comme ça sur quasiment tout l’album. Bien entendu, il y aura des hauts et des bas, mais globalement, l’album reste agréable. Certains titres malheureusement seront bien inférieurs au reste à cause d’une rythmique similaire mais aussi à cause d’un aspect fast food. C’est-à-dire que ce sont des morceaux que l’on écoute, qui restent potables, mais qui ne restent pas en tête, qui n’ont pas de marques précises, d’accroche. On peut citer Brain, Stick (qui en plus est très long sans apporter de variations ou de technicité) mais aussi Fuck em Only we Know ou bien Change. Parmi tous ces titres, et malgré la répétition, aucun ne marquera l’auditeur et restera bien en tête. Et c’est bien dommage parce que d’autres titres sont assez intéressants mais ils sont bouffés par cette nonchalance et cette facilité.
Alors comment se fait-il que certains morceaux, malgré leur classicisme, restent intéressants à écouter. Tout simplement parce que la belle chanteuse ne cherche pas la provocation et ne cherche pas à montrer ses boobs ou son cul à tout bout de champ pour vendre. Se rapprochant plus d’une Birdy pour la mélancolie, Banks propose des titres plus lourds, plus lents et essaye de tirer son épingle du jeu. Cela fonctionne très bien dès le deuxième morceau, Goddess (éponyme de l’album), qui est lent mais plutôt mélodieux et aérien. Certes, on ne dansera pas dessus, mais cela reste efficace et plutôt bien fichu. On retrouvera cela avec Drowning, un autre titre plutôt intéressant, se rapprochant de ce que peut faire une Lana Del Ray. D’ailleurs, il y a une certaine similarité dans la voix. On trouve cela dans Begging for Thread qui est plus lourd et change un peu la donne des tons enjoués du moment. Enfin, il ne faut pas oublier que la chanteuse est aussi une petite pianiste et que du coup, on n’échappera pas aux ballades. Ceci dit, You Should Know Where I’m Coming From est un joli titre sans artifice électro qui passe plutôt bien et dans lequel la chanteuse laisse éclater sa voix. On peut aussi se réjouir de Someone New, un titre à la guitare sèche plutôt agréable et relativement touchant.
Au final, Goddess, le premier essai de Banks, est un album sympathique qui possède bon nombre de défauts, mais qui a aussi des qualités évidentes. Essayant de se faire une place dans le domaine de la pop/r’n’b, elle se démarque en refusant d’utiliser des sonorités électro trop enjouées et livre quelque chose de simple, un peu intimiste et qui marche sur certains titres. Un album imparfait mais loin d’être désagréable.
- Alibi
- Goddess
- Waiting Game
- Brain
- This is What it Feels Like
- You Should Know Where I’m Coming From
- Stick
- Fuck em Only we Know
- Drowning
- Begging for Thread
- Change
- Someone New
- Warm Water
- Under the Table
Note: 12/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Twix375Me4Q[/youtube]
Par AqME