mars 28, 2024

Lilting ou la Délicatesse

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Titre Original : Lilting

De : Hong Khaou

Avec Ben Whishaw, Pei-Pei Cheng, Naomi Christie, Andrew Leung

Année : 2014

Pays : Angleterre

Genre : Romance

Résumé :

Londres. Dans une maison de retraite, Junn, une mère sino-cambodgienne pleure la disparition de son fils, Kai. Son deuil est dérangé par l’arrivée soudaine de Richard. Elle ne sait pas ou ne veut pas savoir qu’il a été le compagnon de Kai. Ils ne parlent pas la même langue mais, aidés d’une interprète, vont essayer de communiquer dans le souvenir de celui qu’ils ont aimé.

Avis :

Après un court-métrage en 2011, le réalisateur cambodgien Hong Khaou passe au long-métrage. Film terriblement mal distribué, alors même qu’il a reçu le Prix du cœur en 2014 au festival du film britannique de Dinard, « Lilting ou la délicatesse » m’était passé sous le nez lors de sa sortie en salles et c’est avec beaucoup de frustration que j’ai été obligé d’attendre sa sortie en DVD, espérant que le film sorte, car les résultats au box-office n’ont vraiment pas été importants.

Il y a des films comme ça, à la découverte de la bande-annonce, on ne sait pas pourquoi, mais on sent qu’on va les aimer. Je ne parle pas des gros blockbusters où on a tendance à les attendre, non, je parle de ceux dont on n’en entend pratiquement pas parler, ceux qui sont moins visibles, ceux qu’on découvre un peu par hasard. « Lilting ou la délicatesse » fait partie de ceux-là. En fait, j’ai découvert la bande-annonce de ce film un peu par hasard. Au départ, c’est l’affiche qui a attiré mon œil, à cause de la présence de Ben Whishaw, un comédien anglais que j’aime beaucoup. Je me suis donc laissé tenter par la bande-annonce et rien qu’à la découverte de cette dernière, j’ai compris que le film serait un petit bouleversement pour moi et maintenant que je l’ai vu, je peux dire que rarement un film n’aura aussi bien porté son sous-titre, car « Lilting« , c’est d’une délicatesse infinie qui m’a touché au plus profond.

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À Londres, dans une maison de retraite fade et sans chaleur, Junn pleure la mort de son fils unique, Kai. Elle reçoit la visite de Richard, un jeune bien sous tous rapports, qui a l’air de vouloir l’aider, prendre soin d’elle. Ce que Junn ne sait pas, ou qu’elle ne veut pas savoir, c’est que Richard était le compagnon de Kai, les deux garçons vivaient ensemble et s’aimaient depuis quatre ans déjà et Kai était tout pour Richard. Richard aimerait aider Junn, mais il y a la barrière de la langue, Junn étant arrivée en Angleterre vingt ans plus tôt, elle n’avait jamais fait l’effort de s’intégrer. Richard engage donc une traductrice. Ils vont alors essayer de communiquer et partager leur deuil commun en se souvenant de celui qu’ils ont tant aimé. Mais comment avouer la vérité à Junn, quelle sera sa réaction et surtout doit-on lui dire la vérité ? Tant de questions qui s’entremêlent au chagrin et à l’envie de se rapprocher de celui qui nous manque.

« Lilting ou la délicatesse » est un premier film bouleversant d’une puissance émotionnelle rare. C’est un dur moment de poésie injuste. Un film abouti sur les non-dits, sur l’amour dans tout ce qu’il a de plus fort, de plus beau et de plus dur et de plus injuste. C’est un film qui aborde avec énormément de subtilités aussi bien la mort, le deuil que le coming out ou le bonheur perdu. La différence de culture aussi, la barrière de la mort, (le film est tourné en anglais et en mandarin), la jalousie, la peur du rejet de l’être aimé, la solitude, le travail de deuil. C’est un film bourré d’espoirs et de souffrances qui mélange tellement bien les deux.

Par où commencer pour essayer d’expliquer, vainement, le doux uppercut que « Lilting » m’a offert ? Compliqué d’écrire un texte sur un film qui m’a autant touché. J’ai envie de choisir les mots justes, aussi justes que les sentiments et les silences que le film aborde.

Le film de Hong Khaou est une caresse de tendresse qui m’a fait passer avec beaucoup de joie des sourires aux larmes. Le scénario est d’une beauté indéniable, jouant parfaitement sur les retenus des personnages. C’est un film très court, moins d’une heure et demi, mais le réalisateur a parfaitement su le maîtriser et nous emmener aux plus près de ses personnages pour nous toucher. Derrière la simplicité du film et le petit côté déjà-vu, une mère qui perd son fils unique, ou une relation amoureuse fauchée du jour au lendemain et le sujet du deuil, rien de bien neuf et pourtant… Et bien pourtant derrière tout ça se cache en réalité un bouleversement d’originalité. Le réalisateur va prendre son temps pour nous présenter ses personnages. Il va prendre son temps pour développer les relations tendres et tendues que chaque protagoniste a envers l’autre. Il crée un certain suspens aussi, car on ne sera vraiment ce qu’il s’est passé qu’à la tout fin du film. Tout sonne juste, profond et touchant. Les silences, les regards, les gestes, l’intimité des deux garçons et les dialogues aussi, sont d’une intelligence rare et sonnent vrai. À chaque instant, j’ai ressenti la tristesse des personnages et ce qui est génial, c’est qu’à aucun moment, le film ne sombre dans le déprimant, car même dans les moments les plus tristes, les plus noirs, les plus difficiles, en particulier pour le personnage de Richard, qui doit garder ce secret, ce poids, le film reste très clair, gardant toujours une note d’espoir. Demain ne peut qu’être mieux.

En plus de ça, Hong Khaou fait preuve d’un œil superbe, car son film est magique à regarder. J’ai adoré et j’ai été touché par la délicatesse dont il fait preuve pour filmer les sentiments et les douleurs, de ne rien pouvoir dire. Les plans sont beaux, la lumière tellement belle, sans artifice, tout en simplicité et réalisme. Le montage est génial, puisque le film varie constamment entre le présent et le passé, et même un peu plus, puisque parfois, il ira vers ce que les personnages aimeraient voir ou ressentir de nouveau. Il filme ses acteurs avec une force incroyable, chacun d’entre eux est magnétique, chacun d’entre eux crève l’écran. Et le tout est renforcé par une bande originale discrète et habitée.

« Lilting … » est tenu par quatre acteurs incomparables et parfaitement choisis. D’ailleurs, une fois vu, on ne peut voir personne d’autre dans leur rôle. Je dois dire que j’ai été terriblement touché par Ben Whishaw, qui joue le petit copain endeuillé. L’acteur fait passer tant d’émotions avec rien. J’ai ressenti le poids de son secret, l’envie de s’en libérer et la peur qui va avec. C’est un personnage qui m’a beaucoup parlé, auquel je me suis tant identifié. Je peux dire sans crainte qu’avec ce rôle, Ben Whishaw trouve là son plus beau rôle et il ne pouvait y avoir que lui pour l’incarner. Il fait face à Pei-Pei Cheng qui joue quant à elle, Junn, la mère de Kai. L’actrice est un rayon de soleil, malgré le drame qui touche son personnage. Elle a un visage bienveillant, même si parfois, elle peut être dure. J’aime la façon dont le réalisateur la filme. Comme je le disais plus haut, il fait ça avec tous les personnages, car Andrew Leung qui joue Kai, n’apparaît pas beaucoup et pourtant, il s’avère être aussi touchant et magnétique que les deux autres. Puis enfin, il y a Naomi Christie, la traductrice, qui apporte tout l’humour dont l’histoire a besoin pour ne pas sombrer vers un film déprimant.

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Voilà ce que je pouvais dire sur ce film qui m’a laissé sur le carreau une fois son générique arrivé. C’est un film qui, depuis que je l’ai vu, hante chacune de mes pensées. L’histoire, les images, les acteurs, la musique, tout est touché par la grâce. En un seul et premier film, Hong Khaou a visé juste, trop juste même, car il va être compliqué de faire mieux.

Voilà donc encore une merveille passée inaperçue et j’espère qu’avec ses quelques lignes, je donnerais envie à certains de voir « Lilting ou la délicatesse« , car il ne mérite vraiment pas son anonymat.

Note : 20/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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