avril 26, 2024

The Visitor

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De : Thomas McCarthy

Avec Richard Jenkins, Haaz Sleiman, Danai Gurira, Hiam Abbass

Année : 2008

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Professeur d’économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l’enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès…
Lorsque l’Université l’envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu’un jeune couple s’est installé dans l’appartement qu’il possède là-bas : victimes d’une escroquerie immobilière, Tarek, d’origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n’ont nulle part ailleurs où aller. D’abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.
Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions. Tandis que les deux hommes deviennent amis, les différences d’âge, de culture et de caractère s’estompent.
Mais lorsque Tarek, immigré clandestin, est arrêté par la police dans le métro, puis menacé d’expulsion, Walter n’a d’autre choix que de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à son ami…

Avis :

Le cinéma indépendant américain serait-il ce qui se fait de mieux de l’autre côté de l’Atlantique ? On dirait que oui. Si les grosses productions américaines sont en dents de scie avec plus de déceptions que de coups de cœur, dans un cercle plus fermé et discret le cinéma indépendant de l’oncle Sam nous gratifie chaque année, chaque mois même, de petites perles.

Peu connu du grand public, Thomas McCarthy, qui n’a pour l’instant que trois films à son actif, dont l’excellent « Les Winners » avec Paul Giamatti, plus une récompense suprême au festival de Deauville pour ce film, est un réalisateur des plus intéressants. Avec ce film, qui est son deuxième, Thomas McCarthy s’attaque à un sujet qui fait grincer des dents aux États-Unis, l’immigration et les lois qui l’entourent. « The Visitor » brossera le portrait d’une Amérique en flippe totale.

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Walter Vale est quelqu’un d’aigri. Professeur à temps partiel dans une université, il est aussi écrivain, même s’il n’a rien publié depuis un bout de temps. Un jour, l’université dans laquelle il travaille, l’envoie à Manhattan pour y donner une conférence sur un projet dans lequel il fait partie. Possédant un appartement à Manhattan, dans lequel il n’a pas mis les pieds depuis très longtemps, il y découvre un jeune couple installé à l’intérieur. Des clandestins, Tarek est originaire de Syrie et sa petite amie, Zainab est du Sénégal. Ils n’ont nulle part où aller et sont persuadés qu’ils louaient l’appartement. Visiblement victime d’une escroquerie immobilière, Walter décide de ne pas les mettre à la rue, le temps que le couple se retourne. Walter va alors être touché par la gentillesse de Tarek, et une amitié naît entre les deux hommes. Walter, qui aime particulièrement la musique et les instruments, se laisse entraîner par Tarek, qui joue du djembé. Peu à peu Walter retrouve le sourire, mais très vite la réalité reprend le dessus et un soir Tarek est arrêté par la police et risque l’expulsion. Walter va alors tout faire pour essayer d’aider son ami.

C’est le deuxième film que je vois de Thomas McCarthy après « Les Winners » et à la découverte de ce film, comme pour le premier, c’est bien la simplicité et l’humanisme qui est mis en avant. Deux choses et thèmes auxquels le réalisateur américain a l’air de beaucoup tenir. Si le premier film que j’ai vu de lui traitait de l’adolescence, du manque de repères, de la famille et de ces liens ainsi que de l’imprévisibilité de la vie avec une rencontre qui peut tout changer, avec « The Visitor« , c’est un film quelque peu différent et en même temps pas tant que ça que nous livre le réalisateur. C’est un film qui va traiter de l’immigration, de la peur de l’étranger, mais aussi de l’amitié, de l’altruisme et comme pour le premier, d’une rencontre imprévue qui va alors tout changer surtout pour ce professeur qui va peu à peu sous nos yeux se métamorphoser.

Thomas McCarthy a fait un simple mais efficace. Sans en faire trop, juste en soulignant ce qu’il faut, le réalisateur nous invite à entrer dans une Amérique post 11 Septembre. Une Amérique renfermée sur elle-même et qui ne prend plus le temps de découvrir les autres. Une Amérique qui a peur de la différence et c’est à travers les yeux du personnage de Walter, incarnant un peu cette Amérique, que l’on entre dans cette histoire. Le film est beau, parce qu’il est simple, et Walter, dans un sens, peut d’être n’importe qui d’entre nous. La première partie, qui est basée sur la découverte de l’autre, est superbe, pleine de joie, de musique, d’énergie. « The Visitor » est un film entraînant, avec une ambiance musicale impeccable. Les scènes dans les parcs avec tous ces musiciens sont terribles. Puis d’un coup le film change et bascule dans le drame et c’est avec subtilité que le réalisateur va alors pointer du doigt le caractère phobique et injuste de l’Amérique. On est mis au même niveau que Walter, c’est avec imprécision que l’on découvre cet autre visage de ce grand pays. L’intrigue est touchante, délicate et juste et j’avoue avoir été bien pris dans le film. Thomas McCarthy mise beaucoup sur les émotions et les dialogues pour nous toucher et dénoncer par la même occasion l’absurdité du système, et l’impunité des forces de l’ordre qui peuvent traiter comme des moins-que-rien les clandestins, mais aussi les familles, amies et visiteuses de ces gens-là. Le film sera donc à plusieurs moments très agaçant de fatalisme.

Bien évidemment le scénario est mis à l’honneur par des acteurs étonnants. C’est Richard Jenkins qui tient la tête d’affiche de ce film. L’acteur que j’aime bien, mais que je connais d’ordinaire comme un éternel second rôle, prouve qu’il peut tenir tout un film sur ces épaules. Dans la peau de ce professeur, il est tout en retenu et très touchant dans son nouveau regard qu’il porte peu à peu. J’ai été ému vers la fin. Le jeune couple est joué par Haaz Sleiman que je découvre et qui est très bien et Danai Gurira (Michonne, pour les plus « Walking Deadien » d’entre nous) parfaite dans la paranoïa de son personnage. Et la grande Hiam Abbass trouve là un très beau rôle, vraiment touchant.

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Thomas McCarthy a encore réussi une histoire forte, racontée tout en simplicité et j’insiste sur la simplicité, car je trouve que c’est bien ça qui fait tout le film. Et c’est de cette simplicité que naît le sentiment de sincérité à la vision de ce film engagé qui n’hésite pas à dénoncer le système de migration des USA. D’ailleurs, c’est un film qui parfois m’a révolté devant la fatalité du destin de certains personnages. Bref, simple, humain, touchant, bien filmé et bien joué, que demander de plus ? Encore une merveille venue du cinéma indépendant. Un cinéma qui ne cesse de m’émerveiller au fur et à mesure que je découvre ces films.

Note : 15/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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