De : Larry Clark
Avec Lucas Ionesco, Diane Rouxel, Théo Cholbi, Hugo Behar-Thinières
Année : 2015
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Paris, Le Trocadéro.
Math, Marie, Pacman, JP, Guillaume et Toff se retrouvent tous les jours au Dôme, derrière le Palais de Tokyo. C’est là où ils font du skate, s’amusent et se défoncent, à deux pas du monde confiné des arts qu’ils côtoient sans connaître. Certains sont inséparables, liés par des vies de famille compliquées. Ils vivent l’instant, c’est l’attrait de l’argent facile, la drague anonyme sur Internet, les soirées trash « youth, sex, drugs & rock’n’roll ».
Toff, filme tout et tout le temps…
Avis :
À soixante-douze ans, le très sulfureux Larry Clark frappe à nouveau la toile des salles de cinéma. Réalisateur connu pour ses œuvres subversives tel que « Bully« , « Ken Park » ou encore Kids qui sont d’excellents films que j’aime, un peu d’irrévérence ne fait pas de mal, puis connaissant le talent de Larry Clark pour filmer la jeunesse, je me suis donc laissé tenter par cet acte parisien de la part du réalisateur…. Je n’aurais pas dû….
Le cocktail de Larry Clark est bien souvent sexe, drogue, rock’n’roll, le tout basé sur la jeunesse. Une jeunesse en manque de vie, alors quand le réalisateur américain pose sa caméra dans notre belle capitale pour filmer le mal-être de la jeunesse parisienne, le projet ne pouvait que développer ma curiosité, surtout qu’il est argumenté par une bande-annonce qui laissait entrevoir tout ce que Larry Clark pouvait apporter de meilleur. Et ce ne fut pas le cas, pas le cas du tout, triste, glauque, malsain, et vide, Larry Clark n’offre à mon goût qu’une œuvre vulgaire et racoleuse. On est loin, très loin d’un « Ken Park » ou d’un « Bully » qui restent à ce jour mes préférés du réalisateur.
Paris, près du Trocadéro, une bande de jeunes se retrouve tous les jours ou presque pour passer le temps ensemble. Un temps qu’ils comblent en vivant l’instant présent sans vraiment se poser de question sur l’avenir. Amateurs de skate pour la plupart, ils échappent à la vie sur leurs planches, mais aussi dans les diverses sortes de sensations que la vie peut donner, le sexe, la drogue, les soirées et autres. Perdue dans ses déboires, cette jeunesse qui s’ennuie a l’air prêt à tout pour s’échapper de leur monde.
Réalisateur polémique, Larry Clark n’a jamais eu peur de filmer les choses, même les plus trashs et dérangeantes. Bien souvent censuré, je pense à « Ken Park« , ou son court-métrage faisant partie de « Destricted« , un film de Larry Clark se doit d’être provocant, mais quand la provocation prend le pas sur le scénario, on trouve là une œuvre plus qu’oubliable, qui personnellement m’a rebuté par son côté racoleur.
D’ordinaire, j’aime les films de Larry Clark, d’ordinaire, je trouve que même si plusieurs de ses œuvres sont crues, le réalisateur porte un bon regard sur la jeunesse. Mais là, ce n’est que déception et même colère que j’ai trouvé. En découvrant « The Smell Of The Us« , j’ai l’impression que Larry Clark a simplement envie de choquer par n’importe quel moyen. Et tous les moyens sont bons d’ailleurs. Sur la base d’un scénario qui n’existe pas, enfin du moins je le cherche encore, le réalisateur n’offre qu’un ensemble de scènes collées les unes à la suite des autres pour essayer de nous faire croire que le tout est une tranche de vie d’une génération en manque de sensations. Un ensemble de scènes bien souvent de très mauvais goût, qui déballe beaucoup de sexe, sans sentiments, sans plaisir, sans sensation, juste du sexe pour montrer du sexe à l’écran, s’amusant à frôler la censure, et fait uniquement dans le seul but de déranger son spectateur. Je n’ai jamais été gêné par le fait d’être dérangé par un film, mais encore faut-il que ce soit bien fait, et que cela ait du sens. Mais ici, je ne trouve rien qui m’avance dans ce sens. Non, la plupart du temps, c’est vulgaire, méchant gratuitement, ridicule même dans cette recherche perverse du choc. Une scène m’a vraiment horripilée, celle de son jeune héros égoïste et de sa mère. Larry Clark pousse à bout les choses, éprouve son spectateur et ira presque dans l’inceste gratuitement. Et les paroles d’un des personnages qui dit « Faut que ça s’arrête là » résonnent en nous comme un moment de ludisme et on prie pour que cette longue heure et demie passe le plus vite possible.
Grosse déception aussi dans la réalisation de Larry Clark. Lui qui n’avait pas son pareil pour filmer les scènes de cul les plus sombres avec talent, ou encore lui qui était capable d’insérer une belle ambiance dans ses films, filmant cette jeunesse avec un regard dur et tendre à la fois, ici, on se trouve avec un film sans ambiance, si ce n’est le goût du glauque, du trash. Même Paris et les quartiers qu’a choisi son réalisateur ne dégagent rien.
Enfin, très grosse frustration aussi venant de la part du casting. Larry Clark est un excellent découvreur de talents, Chloë Sevigny, Rosario Dawson, entre autres. Mais leurs personnages sont si exécrables (les dialogues sont affreux !) et inconsistants pour beaucoup qu’ils ne nous donnent pas envie de les suivre et d’en savoir plus sur les comédiens et c’est vraiment dommage. Quant aux acteurs confirmés, c’est encore mauvais, la palme allant à Dominique Frot dans un rôle lamentable. Seul Michael Pitt arrive à détendre un peu l’atmosphère en jouant de la guitare.
Bref, je n’ai pas l’envie de m’attarder plus que ça sur ce film. Plus j’y pense et plus je me rends compte que j’ai vraiment passé un très mauvais moment devant et je suis on ne peut plus déçu, car ce mauvais moment vient de la part d’un réalisateur que j’aime et qui pour la première fois me déçoit. Et quand il me déçoit, comme le reflet de son œuvre, il ne le fait pas à moitié…
Note : 03/20
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Par Cinéted