avril 26, 2024

Klaus

De : Sergio Pablos

Avec les Voix Originales de Jason Schwartzman, Rashida Jones, J.K. Simmons, Joan Cusack

Année : 2019

Pays : Espagne, Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Jesper, qui s’est distingué comme le pire élève de son école de facteurs, écope d’une mission sur une île enneigée, au nord du Cercle arctique. Là-bas, les habitants ne s’entendent pas et ne se parlent presque jamais. Autant dire qu’ils n’entretiennent pas non plus de correspondance ! Alors que Jesper est sur le point d’abandonner, il trouve une alliée en la personne d’Alva, l’institutrice de l’île, et fait la connaissance de Klaus, mystérieux menuisier qui vit seul dans son chalet regorgeant de jouets artisanaux. Grâce à ces relations amicales inattendues, la petite ville de Smeerensburg retrouve la joie de vivre. C’est ainsi que ses habitants découvrent la générosité entre voisins, les contes de fée et la tradition des chaussettes soigneusement accrochées à la cheminée pour Noël !

Avis :

Les fêtes de fin d’année sont toujours un moment privilégié en famille pour voir et revoir des classiques du cinéma qui parlent de Noël. Très souvent, on se cale devant un canapé, un chocolat chaud à portée de main et un plaid sur les jambes pour enquiller les Maman, J’ai Raté l’Avion, Gremlins et autre Course au Jouet. Bref, un moment important et chaque année, les petits malins d’Hollywood essayent d’en apporter de nouveaux, espérant trouver la fibre nostalgique et doucereuse des spectateurs. Combien de téléfilms moisis avons-nous droit chaque Noël ? Aussi, lorsque le projet de Klaus fut énumérer, difficile de ne pas y voir une volonté américaine de toucher au portefeuille des parents ou encore d’espérer un succès sur la simple évocation du père Noël. Mais on aurait dû regarder le nom de l’auteur et du réalisateur, Sergio Pablos, pour être rapidement rassuré.

Si ce nom ne vous dit rien, c’est normal, car il a surtout officié dans l’ombre, écrivant des histoires qui se feront adapter, mais œuvrant aussi pour certains films en tant que producteur. C’est par exemple lui qui a inventé Moi, Moche et Méchant, et c’est lui qui a écrit l’histoire de Yéti & Compagnie. Si on ajoute à cela qu’il a bosse pour Disney sur des films comme Tarzan ou Le Bossu de Notre-Dame on obtient un CV plutôt correct qui tend à l’envie de voir ce conte de Noël. Produit par Netflix, mis en chantier par plus de 250 artistes venus en Espagne dans les studios de Sergio Pablos pour participer à cette origin story du Père Noël, Klaus était aussi attendu qu’inattendu, ne sachant à quelle sauce le dessin animé allait nous cueillir. Et vous savez quoi ? C’est un petit chef-d’œuvre, un film voué à devenir un grand classique des périodes de Noël.

Pour raconter cette histoire, Sergio Pablos s’est évertué à déconstruire le mythe du Père Noël, et à en voir toutes ses caractéristiques. Les lettres, les enfants sages, les lutins, les rennes qui volent, le chalet perdu dans la forêt. En faisant ainsi, le réalisateur va alors tisser une intrigue « crédible » qui va installer tout le mythe en mettant en avant des croyances enfantines qui vont rapidement faire leur chemin. Bien entendu, derrière cette histoire un peu terre à terre pour un conte de Noël, on va y retrouver un soupçon de magie et de mystère, suffisamment pour ne pas dire au jeune public que le Père Noël n’est qu’une légende. On peut d’ailleurs craindre au départ que le réalisateur fasse une fable désenchantée sur les festivités de fin d’année, mais il retombe parfaitement sur ses pattes à la fin, mettant en avant la magie, la beauté et la sincérité d’une telle fête, bien loin des regards adipeux de certains producteurs qui vont jouer à fond la carte du moelleux pour satisfaire les beaufs. Avec Klaus, l’intrigue va prendre du temps pour se placer, afin de créer des personnages attachants et beaux.

Jesper est un facteur, fils du patron de la Poste, qui délaisse son travail pour profiter de la vie et du café. Mais son père ne l’entend pas de cette oreille et décide alors de l’envoyer un an dans une île au Nord du continent pour envoyer 6000 lettres. Une mission périlleuse, voire même dangereuse, car lorsque Jesper arrive sur cette île, il va se rendre compte que le village est coupé en deux, et que tous les habitants se détestent. Découragé, dépité, c’est en allant rendre visite à un homme perdu dans les bois, et à un courrier égaré, que la magie opère, et que la naissance du Père Noël, mettant de la joie dans le cœur des enfants, va naître. Derrière cette histoire simple et belle, Sergio Pablos va envoyer divers messages importants, dont le principal est que chaque action désintéressée en entraine une autre. Un message sur l’entraide, l’altruisme et l’humanité qui fait du bien, qui montre aux enfants que l’on avance pas tout seul et que finalement, on est bien ensemble, avec nos différences et nos passés. On retrouvera aussi le thème de l’amitié, de l’amour même, du partage, et il sera bien compliqué de ne pas verser une larme face au bonheur ambiant qui se dégage de se métrage. Car oui, bien malgré lui, le héros parsème du bonheur partout où il passe et c’est tout simplement sublime. Difficile aussi de ne pas voir la thématique sur la découverte d’un autre mode de vie, plus simple, et finalement plus agréable qu’une vie de luxe, entouré de servitude et ne sortant jamais de sa zone de confort. Jesper d’en rend vite compte en trouvant un ami et l’amour dans un endroit qu’il n’aurait jamais connu sans la sanction de son père.

Si les messages sont beaux et intelligents, ils sont aussi portés par des personnages d’une incroyable richesse. Jesper est un homme qui a du bagou, un peu bégueule, mais qui manque de confiance en lui. Une confiance qui va se mettre en place par sa rencontre avec Klaus, un homme bourru et mutique au départ, mais qui va révéler un passé douloureux et extrêmement touchant. Sergio Pablos livre des personnages qui sont écorchés par la vie, qui ont un vrai background, et tout cela participe grandement à la réussite du métrage. Car malgré les blessures, malgré les affres du temps et de la vie, chaque personnage possède une lumière, une étincelle. Jesper se fait punir par son père, mais il va retrouver goût à la vie dans un endroit inespéré. Klaus est meurtri par son passé, il va remordre dans la vie grâce à une nouvelle famille. Alva, l’institutrice du village, alors cynique et espérant partir au plus vite, va retrouver le goût de l’enseignement et participer à un nouveau mode de vie dans le village. Il en va de même avec les personnages qui ne parlent pas la même langue, qui sont une aide inespérée alors que personne ne les comprend. Il y a une vraie volonté de créer des personnages marquants, touchants, drôles, parfois vraiment méchants, mais ayant toujours une part de bien. Sans être mièvre, trouvant toujours un ton juste pour parler des choses de la vie et de la magie de Noël, Sergio Pablos livre un ensemble enchanteur et d’une rare densité.

Une densité qui s’oppose presque à l’onirisme de l’ensemble. Oui, la légende se fonde sur des choses presque crédibles, mais il y a une légèreté qui se dégage du film, notamment au travers des enfants, dont les  yeux pétillent et dont la découverte des jouets va remettre de la vie dans un village morne. Les tons gris du début laissent de plus en plus de place à des couleurs chaudes, alternant le rouge et le jaune, ramenant de la chaleur dans ce village enneigé et opérant un doux changement vers le vrai conte de Noël. L’animation est complètement dingue. C’est bien simple, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu une animation de cette qualité, en 2D. C’est fluide, il y a une vraie identité visuelle, Klaus ne ressemble à rien d’existant et les dessins faits à la main sont d’une beauté folle. S’inspirant de l’architecture nordique pour dépeindre ce village, les artistes jouent constamment sur les contrastes et les lumières pour sublimer chaque plan. Alors oui, il a fallu 250 dessinateurs sur ce projet, mais ça en valait largement la peine.

Au final, Klaus est instantanément un classique de Noël. Il s’agit d’un dessin-animé superbe, aussi bien graphiquement que sur le fond. L’histoire est belle, le ton est juste et les différents messages qui parsèment le métrage sont d’une nécessité importante dans un monde où l’individualisme gagne du terrain. Véritable petit vent émotionnel inattendu et qui procure de la joie en masse (et aussi des torrents de larmes), Klaus fera partie de ces classiques de Noël que l’on reverra chaque année et pour lequel on n’aura qu’un amour grandissant. Une pépite venue directement sur Netflix et qui pourtant va se hisser parmi de nombreux tops cinéma de cette année.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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