avril 26, 2024

Exfiltrés

De : Emmanuel Hamon

Avec Swann Arlaud, Finnegan Oldfield, Charles Berling, Jisca Kalvanda

Année: 2019

Pays: France

Genre: Drame, Thriller

Résumé :

A Paris, deux jeunes activistes montent une opération d’exfiltration à hauts risques pour ramener en France une mère et son jeune fils pris au piège dans l’enfer de Daech.

Avis :

« Exfiltrés » est le premier long-métrage d’Emmanuel Hamon, mais pourtant ce dernier est loin d’être un débutant et un inconnu dans le paysage du cinéma français. Touche à tout, il est aussi bien comédien que scénariste ou encore assistant réalisateur et c’est d’ailleurs là que Emmanuel Hamon a son plus beaux CV, puisqu’il a travaillé sur des films comme « Indochine » de Régis Wargnier, « Après l’amour » de Diane Kurys, « La Reine Margot« , de Patrice Chéreau, « Prêt-à-porter » de Robert Altman ou encore « Tenu correct exigée » de Philippe Lioret, pour ne citer qu’eux.

Après avoir réalisé quelques courts-métrages à la fin des années 90, Emmanuel Hamon passe aux documentaires dans les années 2000. Enfin, cette année 2019 voit arriver le premier métrage de fiction d’Emmanuel Hamon et autant dire que pour un premier film, le réalisateur n’a pas choisi un sujet facile, puisque « Exfiltrés » s’attarde sur la radicalisation, l’embrigadement et le possible retour de ceux qui sont partis en Syrie. Film complétement d’actualité, Emmanuel Hamon livre là un métrage simple, peut-être trop, mais qui reste toutefois efficace. Puis surtout « Exfiltrés » demeure un film qui laisse entrevoir un réalisateur à suivre.

Faustine, la trentaine, est assistante sociale. Mariée à Sylvain, un infirmier, ensemble, ils ont un enfant Noah. Ce couple de Romainville est en apparence sans histoire, mais pourtant, un matin, Faustine fait croire à Sylvain qu’elle va faire de l’humanitaire en Turquie. Sylvain, ce matin, emmène alors sa femme et son fils à l’aéroport, mais ce que ne savait pas le jeune homme, c’est que Faustine part en fait pour la Syrie, afin d’aider sur place. Une fois sur place, la jeune femme découvre l’envers du décor, et elle n’a qu’une idée en tête, rentrer, mais comment faire ? Un ami de Sylvain, Patrice, a un fils qui travaille en Turquie, ensemble, ils vont essayer de monter une opération pour que Faustine et son fils puissent rentrer.

« Exfiltrés« , c’est le genre de film que je redoutais un peu, dans le sens où en plus de connaître cette histoire par cœur, j’avais peur que le film tombe dans une sorte de pamphlet politique lourd et heureusement, Emmanuel Hamon évitera ce piège et livre un film loin de tout jugement et de toute politique, ou plutôt il livre un film qui politiquement va être neutre.

Inspiré d’une histoire vraie, « Exfiltrés » est intéressant parce qu’il ne s’arrête pas à un seul personnage. Non, Emmanuel Hamon, à travers cette histoire, offre plusieurs points de vue sur un même sujet et ainsi par ce choix, il arrive à couvrir plusieurs sujets à la fois. Si l’on se penche du côté du personnage de Faustine, alors le réalisateur parle de l’embrigadement et de la vie une fois arrivé sur place. Il peut aussi parler des regrets, des désillusions et des mensonges offerts par Daesh pour faire venir les esprits les plus fragiles. Si l’on se penche du côté de Sylvain, alors Emmanuel Hamon peut aborder l’administration ou l’incompréhension. Il parle des signes de radicalisation et de la culpabilité de ne pas les avoir vu, tout comme il parle aussi de l’espoir d’un retour. D’ailleurs, ce sujet complexe et plein de paradoxes est très bien raconté par son réalisateur, mais aussi son acteur, Swann Arlaud, qui est tout simplement impeccable. Puis enfin, parmi tous les personnages, on pourra aussi voir cette situation à travers un agent de terrain, ou encore un réfugié politique. Bref, il ne fait nul doute que le film est riche en détails et qu’il amène une bonne réflexion sur ces départs et ceux qui restent. Emmanuel Hamon, au sein de cette histoire, démontre que tout n’est pas blanc ou noir, mais qu’il y a bien plus de nuances de gris qu’on ne le voit au premier abord. Pour tous ces points de vue, il faut saluer l’ensemble du casting, Finnegan Oldfield, Jisca Kalvanda, Charles Berling ou encore Kassem Al Khoga qui sont tous excellents, évitant les clichés et le pathos.

Mais voilà, si le fond est bon, « Exfiltrés » n’est pas non plus un film qui marquera les esprits, à cause d’une forme à laquelle il manque vraiment du caractère et surtout une forme de suspens. Si « Exfiltrés » est bien exécuté, il demeure aussi un film terriblement classique, qui n’arrive pas vraiment à surprendre et au-delà de ça, qui n’arrive pas à instaurer du suspens. C’est bien simple, malgré une belle reconstitution de la ville de Raqqa, à aucun moment on craint pour ces personnages, comme s’il était établi que de toute évidence, ce serait sur le final que le plus marquant arriverait. Et d’ailleurs, quand celui-ci est censé se produire, là encore, le tout manque de caractère et d’émotions et ces constats sont dommages, car avec plus d’impact et une mise en scène plus appuyée, « Exfiltrés » aurait pu être bien meilleur.

Il en résulte donc de l’ensemble un film qui se laisse regarder avec intérêt, parce que les sujets et les personnages sont bons. « Exfiltrés« , premier film d’Emmanuel Hamon, demeure un petit moment de cinéma sommes toutes sympathique, et si l’on va plus loin, avec ses qualités et ses défauts, « Exfiltrés » laisse entrevoir un réalisateur intéressant qui, dans l’avenir, pourrait se faire plus impactant et passionnant.

Note : 12/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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