mars 19, 2024

Solomon Creed – La Route de Redemption – Simon Toyne

Auteur : Simon Toyne

Editeur : Presses de la Cité

Genre : Thriller

Résumé :

Il est amnésique et menacé. Seul un mort détient la clé de son passé.

Redemption, désert de l’Arizona, à quelques kilomètres de la frontière du Mexique. Un avion se crashe au-dessus de la ville, sous les yeux des quelques habitants recueillis autour de la tombe du sheriff. Au même moment, un homme accourt, hagard, les vêtements déchiquetés, incapable de se souvenir des raisons de sa présence ici. Plus loin, quelqu’un scrute le ciel à la recherche d’une précieuse cargaison. Le lien entre ces destins est enfoui dans les secrets de Redemption. Des secrets que Solomon Creed, accompagné de Holly, séduisante veuve, devra percer pour exhumer sa propre mémoire. Mais certaines personnes sont prêtes à faire appel aux forces les plus obscures pour l’empêcher d’accéder à nouveau à la lumière…

Avis :

Solomon Creed est un thriller bien particulier qui dérange et surprend par plusieurs aspects. D’abord, la narration est changeante tout au fil du livre et des chapitres. Le livre commence par la première personne afin de nous donner le point de vue du personnage principal, Solomon Creed. Ici, rien de plus normal et c’est justement intéressant de le suivre d’aussi près en suivant ses pensées les plus intimes.

Cinq autres points de vue sont ensuite mis en avant dans le livre, racontés à la troisième personne : le point de vue du maire de la ville de Redemption, le point de vue du chef de la police de la même ville, celui d’une personne peu recommandable frayant avec la mafia, celui du chef de la mafia en question et le point de vue de la veuve d’un des élus principaux de la ville. Ces différents personnages nous sont ainsi présentés d’une belle manière. Les chapitres les concernant donnent chacun des détails précis sur chacune de leur vie, nous permettant de mieux les connaître. Il est à noter que, parfois, nombre d’informations sont inutiles, n’ayant aucun rapport avec l’histoire et les actions en cours. L’auteur cherche simplement à faire entrer le lecteur dans leur vie privée, à faire qu’il s’approprie les personnages et qu’il s’y attache. Cela ne marche pas forcément même si l’analyse psychologique de ces différentes personnalités est une bonne approche d’enquêteur. Certains passages apparaissent ainsi ennuyeux : le lecteur n’est pas forcément intéressé par les passés tumultueux ou des faits croustillants et privés, surtout quand d’autres mystères et crimes sont en jeux dans le roman et que les informations données n’aident en rien à les résoudre. De plus, beaucoup de faits mentionnés n’aident pas spécialement le lecteur à s’attacher davantage au personnage en question, tant ces faits paraissent malsains.

Le point de vue de Solomon Creed est, dès son troisième chapitre d’apparition, transformé en une narration à la troisième personne. La première personne s’efface sans que l’on ait d’explications particulières. Cela donne l’impression de vouloir positionner ce personnage au même niveau que les quatre autres, ce qui est sans doute le cas. Cette modification étant faite très tôt, on s’y habitue vite même si on continue de trouver cela étrange.

Ce roman est très inégal dans la description et la mise en scène des scènes d’action. Certaines sont narrées rapidement sans nous donner trop d’informations, si ce n’est le minimum pour que l’on puisse imaginer ce qu’il se passe, alors que d’autres sont racontées avec force détails. Ces scènes-ci sont, sans surprise, les plus violentes du livre. On a l’impression d’assister à de la violence gratuite, sans grand intérêt, à part celui de plaire aux lecteurs avides de sang et de descriptions salaces. Ces chapitres violents mettent en avant le chef de la mafia et nous le présentent comme un fou furieux. La violence n’était pas spécialement nécessaire pour que le lecteur s’en aperçoive et pour qu’il réalise toute la dimension de la peur des autres personnages.

Ces derniers sont intéressants et sont tous très différents les uns des autres. La veuve Holly est déterminée à découvrir pourquoi son mari est mort et fera tout pour redorer sa mémoire. On aime sa force et son courage et on s’attache vite à elle. Le maire Cassidy et le policier Morgan nous sont moins sympathiques, cachant beaucoup de choses et s’acharnant à préserver leur ville avant tout, comme de vrais businessmen. Les personnages liés à la mafia nous font presque pitié, tant leur chef les fait souffrir. Malgré leur soumission affichée, certains ont de la jugeote et plus d’un tour dans leurs sacs. Certains rebondissements sont inattendus et nous enthousiasment. Solomon Creed, quant à lui, est très spécial. Amnésique mais se rappelant de certaines choses bien précises, notamment en médecine, le lecteur a du mal à cerner le personnage. Ses pensées et envies nobles et justes nous font malgré tout l’apprécier rapidement. On le suit avidement dans ses péripéties pour aider Holly mais aussi dans celles pour comprendre pourquoi un avion s’est écrasé dans la ville dans laquelle il vient d’arriver amnésique.

Le lien entre ces deux affaires reste difficilement compréhensible, même arrivé à la fin du roman. Le lecteur a surtout l’impression que l’histoire de l’avion écrasé, et que celle concernant la mafia, sont surtout présentes pour empêcher Solomon Creed d’arriver à ses fins et pour permettre la mise en place de scènes d’actions et violentes. Ces différentes histoires menées de front vont aboutir à la réunification de nos six protagonistes, pour le meilleur et pour le pire. La résolution de la mort du mari de Holly avance trop lentement, non pas à cause des personnages mais à cause de la présence des sous-intrigues de la mafia qui prennent une place de plus en plus grande dans le roman et des chapitres de plus en plus nombreux. Même si certains rebondissements de qualité sont à prévoir de ce côté-ci, les intrigues concernant la mafia n’ont rien d’exceptionnelles et apparaissent comme peu originales. Ce qui est bien dommage et ce qui laisse peu de place à l’intrigue policière qui porte de l’intérêt.

L’ambiance du roman est plutôt magique. L’histoire se passe dans le désert de l’Arizona, dans une petite ville qui vit de son exploitation minière et qui rappelle les films de western avec ses ranchs et chevaux. On prend plaisir à s’immerger dans cet environnement désertique des Etats-Unis, qui regorge de souvenirs et de mystères. Pour mieux nous plonger dans cette atmosphère, l’auteur a ajouté une autre sous-intrigue : une histoire liée à la construction de la ville et à un fabuleux trésor caché dans ses tréfonds. Chaque grande partie du roman débute d’ailleurs avec un morceau du journal intime de Jack « King » Cassidy, le fondateur de la ville, qui nous raconte son voyage dans le désert et sa découverte de ce lieu sacré sur lequel il a pu bâtir une église. Ces quelques pages ne sont tout de même pas très palpitantes et tournent souvent autour du pot, semblant se répéter quelques fois. Le parler est trop détaillé, le voyage décrit avance trop peu et par à-coup et le lecteur a du mal à voir où l’auteur veut en venir.

La personnalité de Solomon Creed est entourée de mystères et c’est ce qui donne de la force à ce roman. En effet, une des sous-intrigues encore non mentionnées dans cette critique, est celle de la quête de l’origine de Solomon Creed, c’est-à-dire celle de la recherche de son identité et de sa mémoire perdue. La fin du roman résout en bonne partie cette énigme et la règle d’une manière originale et complètement inattendue, associant monde réel et paranormal. Ce final peu commun perturbe et en surprendra plus d’un.

Toutes les intrigues trouvent leur fin, avec des rebondissements et découvertes déconcertants pour la plupart. On finit par comprendre qui est Solomon Creed, quel était le trésor caché par le fondateur de la ville, pourquoi l’avion s’est écrasé, pourquoi le mari de Holly est mort et pourquoi la mafia était présente dans le roman. Solomon Creed, La route de Redemption est un roman à faces multiples, associant des destins qui n’auraient jamais dû se croiser. On en ressort avec de drôles d’impressions, tant parce que la fin est déroutante que parce que les personnages sont captivants et plein de surprises.

Note : 13/20

Par Lildrille

Lildrille

Passionnée d’imaginaire et d’évasion depuis longtemps, écrire et lire sont mes activités favorites. Dans un monde souvent sombre, m'évader et fournir du rêve sont mes objectifs. Suivez-moi en tant qu'auteure ici : https://www.2passions1dream.com/. Et en tant que chroniqueuse aussi là : https://simplement.pro/u/Lildrille.

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