mars 19, 2024

Triple 9 – Flic à Terre

Triple-9-Affiche

De : John Hillcoat

Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Woody Harrelson, Kate Winslet

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu’il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l’inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l’un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l’équipe d’effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu’une seule issue : détourner l’attention de l’ensemble des forces de police en déclenchant un code « 999 » – signifiant « Un policier est à terre ». Mais rien ne se passe comme prévu…

Avis :

Très clairement, dans le cinéma contemporain, on distingue deux sortes de films de braquage. Ceux qui indiquent de façon directe leur choix et dont le scénario se concentre uniquement sur la façon de faire le braquage (Braquage à l’Anglaise, Braquage à l’Italienne), et ceux dont le ou les braquages ne sont qu’un prétexte pour fournir une histoire plus complexe autour de personnages dont les personnalités vont s’affirmer. Dans ce deuxième style de film, on trouve des incunables à l’image de Heat de Michael Mann ou encore The Town de Ben Affleck. Lorgnant du côté du thriller et s’étirant sur de longues heures afin de constituer une matrice de personnages plus ou moins complexes, ce genre de film fait des émules mais rares sont ceux qui arrivent à la cheville de ces deux monstres. John Hillcoat, réalisateur du sympathique Des Hommes Sans Loi, tente sa chance avec Triple 9, un film de braquage qui n’en est pas vraiment un et qui essaye de rivaliser avec les plus grands, notamment grâce à un scénario complexe et une galerie de personnages torturés. Et si le résultat reste inférieur aux deux films précités, Triple 9 n’en reste pas moins un très bon film, qui manque de plusieurs choses, mais qui contient aussi de très bons points.

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Le plus intéressant avec des films de braquage qui oscille dangereusement avec le thriller, c’est qu’il possède un fond solide et intéressant, prônant souvent une image sulfureuse et brouillant volontairement les codes pour que méchants et gentils soient dans des relations ambiguës (on se souvient encore du duel dans le restaurant entre Al Pacino et Robert De Niro dans Heat). Et Triple 9 rentre pile poil dans cette catégorie, puisqu’il va mettre en avant des braqueurs dont la vie réelle est censée représenter la loi. Epousant à bras le corps la thématique du flic ripou, le nouveau film de John Hillcoat va dresser une galerie de personnages tous différents, mais unis autour d’un point commun, l’argent. Véritable moteur de motivation et de trahison, l’argent est pourtant le grand absent de ce film, qui n’est quasiment que suggéré et qui ne fera son apparition qu’au tout début et à la toute fin. Et bizarrement, cet argent sera le vecteur d’ennui. C’est relativement malin de la part du réalisateur de bien montrer que l’argent n’est pas une valeur saine, tout du moins au sein d’une équipe de lascars affamés et pourris.

Mais au-delà de cet amour du fric, le réalisateur va tenter de dresser des portraits de personnages attachants ou détestables dont les relations demeurent bien complexes. Opposant volontairement un flic irréprochable et innocent (Casey Affleck) à une bande plus ou moins dangereuse, le réalisateur fait le choix de montrer les doutes qui assaillent les protagonistes lorsque l’amitié fait son bout de chemin. Sans pour autant être aussi ambigu que les relations dans Heat, Triple 9 essaye de brasser des thèmes nombreux et parfois maladroits, comme la relation entre un frère toxico et un autre plutôt sain ou encore un homme prêt à tout pour revoir son fils. Seulement, il manque clairement un ancrage profond au fil autour d’un ou deux personnages forts. Si Chiwetel Ejiofor a la lourde tâche d’être le personnage central du film, son avatar a dû mal  être convaincant ou touchant, la faute à un traitement linéaire et à une certaine surenchère dans la complaisance. Fort heureusement, les meubles seront sauvés par un Casey Affleck épatant et massif ou encore un Woody Harrelson qui prend un malin plaisir à rejouer les flics aux méthodes peu banales.

Là où le bât blesse, c’est clairement du point de vue méchant, avec une Kate Winslet en totale roue libre dans le rôle d’une chef de la mafia israélo-russe. De son style à son jeu, elle est trop dans la surenchère et n’arrive jamais à susciter une quelconque crainte ou  imposer son personnage comme le patron. Et la réalisation de John Hillcoat ne lui rend pas forcément hommage. Il faut dire que le cinéaste, hormis le premier quart d’heure et le premier braquage qui est hautement inspiré, propose une mise en scène très classique qui contiendra quelques fulgurances mais qui se repose sur ses lauriers. Si le film demeure bien foutu dans son ensemble, il manque vraiment des scènes iconiques ou marquantes pour pleinement convaincre. D’autant plus que parfois, le film se perd un peu dans sa narration, demeurant un poil brouillon et refusant d’aller à l’essentiel. Mélangeant les différents cartels afin d’obtenir un film tendu au sein de communautés qui détestent les flics, le film a du mal à se canaliser pour aller à l’essentiel.

Néanmoins, John Hillcoat parvient à faire un film efficace malgré de nombreuses faiblesses. En effet, il arrive à garder un rythme soutenu durant tout le film, enchainant les moments tendus et les choix dichotomiques à prendre. D’autant plus qu’il arrive à fournir un canevas intéressant autour de certains personnages comme la relation entre Woody Harrelson et Casey Affleck ou encore Aaron Paul, qui joue un toxico dont la perte du frère va lui faire perdre la boule. Si certains protagonistes se révèlent décevants, ce n’est pas le cas de tous et fort heureusement, les interactions entre eux demeurent intéressantes et crédibles. Et comment ne pas être électrisé par le corps de rêve de Gal Gadot ou la sublime paire de fesses de Teresa Palmer.

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Au final, Triple 9 est un thriller efficace sur fond de braquage. Si le film n’est pas exempt de défauts et marquera moins les esprits qu’un Heat, il n’en demeure pas moins un métrage intéressant dans lequel prévaut les interactions entre les personnages et la volonté de montrer que l’argent détruit tout et n’importe qui. Il est juste dommage que certains moments soient si brouillons et que la mise en scène soit si classique, empêchant l’émergence de moments vraiment iconiques ou marquants. Il en résulte tout de même un film nerveux et tendu dont la prévisibilité n’empêche pas un plaisir immédiat.

Note : 15/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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