mars 19, 2024

Le Chuchoteur – Donato Carrisi

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Auteur : Donato Carrisi

Editeur : Calmann-Lévy/Le Livre de Poche

Genre : Thriller

Résumé :

Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.
Depuis le début de l’enquête, le criminologue Goran Gavilla et son équipe ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre les oriente vers un assassin différent. Lorsqu’ils découvrent un sixième bras, appartenant à une victime inconnue, ils appellent en renfort Milla Vasquez, experte en affaires d’enlèvement. Dans le huis clos d’un appartement, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire…
Un époustouflant thriller littéraire, inspiré de faits réels.

Avis :

Les tueurs en série dans les romans sont aussi nombreux que leurs homologues au cinéma. D’ailleurs, certains d’entre eux ont connu de formidables adaptations sur grand écran. Pour autant, il existe une profusion d’ouvrages (fictions ou faits réels) sur le sujet qui sont au choix : recommandables, d’un intérêt moindre ou, dans le pire des cas, opportunistes et ratés. Une sorte de bouillons informes où se côtoient les experts en la matière et les dilettantes peu scrupuleux. Il n’est donc pas toujours facile de distinguer les uns des autres sans une lecture approfondie. Aussi, s’impliquer dans un tel sujet requiert du courage, de la passion, mais surtout des compétences et du talent.

Pour son premier roman, Donato Carrisi s’est inspiré du cas de Luigi Chiatti, un serial killer ayant tué deux enfants. D’ailleurs, cette affaire ne lui était pas inconnue puisqu’il avait rédigé sa thèse en criminologie sur ce sombre individu. Les bases sont belles et bien présentes pour donner lieu à un thriller de premier ordre. Et la suite sera loin de démentir ce constat avec une intrigue qui ne ménagera ni le lecteur ni les protagonistes. Dès les premières lignes, l’auteur instille une atmosphère angoissante et poisseuse où la suggestion tend à concevoir les pires exactions imaginables.

Toutefois, on part sur un postulat assez classique avec les notions de profilage coutumières aux amateurs du genre. Cependant, cet aspect prépondérant de l’enquête est bien amené et demeure crédible sans sombrer dans les clichés inhérents à cette méthode d’investigation (déductions faciles, stéréotypes ressassés pour élaborer un portrait type…). Pour autant, les intervenants ne se focalisent pas seulement sur ce point et font preuve d’une certaine inventivité pour explorer les pistes qui se présentent à eux. De fait, il en découle une progression variée et travaillée pour tenter de capturer l’auteur des meurtres.

L’alternance des situations permet de composer des caractères dissemblables au fil de l’histoire. En cela, les protagonistes sont bien campés et se montrent complémentaires dans nombre de moments cruciaux. Qu’il s’agisse de leur vie professionnelle ou privée, leur passé respectif fait montre d’une écriture réaliste sans empiéter sur le cœur du problème et sans générer de pénibles longueurs. Ces nuances subtiles, ainsi qu’une évolution naturelle de leur personnalité font que l’intrigue s’appuie sur des individus crédibles. Ils remplissent leur office avec une présence qui ne faiblira en aucune circonstance.

Il demeure tout de même à savoir si l’attrait principal du livre est à la hauteur des horreurs commises. Si les meurtres ne sont pas clairement décrits, les sévices sur les corps ou les déductions faites à partir d’indices ou d’autopsies laissent l’imagination faire le travail. Ce qui est bien plus efficace lorsque c’est bien fait. Pour le tueur, on dénote une complexité évidente dans sa psyché et/ou son modus operandi qui tend vers une exposition et une adulation de ses crimes. De fausses pistes en vérités à moitié avouées, le lecteur vaque entre certains passages assez prévisibles et des surprises qui démontrent la maîtrise et la singularité de l’intrigue.

De par les thèmes qu’il brasse, le chuchoteur est un thriller glauque et malsain. Si le genre est déjà bien pourvu en esprits dérangés, Donato Carrisi apporte sa pierre à l’édifice sans se perdre dans la facilité ou la complaisance, notamment grâce à une intéressante réflexion sur l’indifférence et la lâcheté. Il en ressort une lecture intense où l’intrigue progresse avec mesure et patience pour détailler tous les tenants de l’affaire. Documentation dense, style d’écriture percutant… Ce premier roman entretient une ambiance troublante et un parcours tout aussi morbide pour s’imposer avec une indéniable efficacité dans le paysage littéraire.

Note : 16/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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