avril 28, 2025

Le Mélange des Genres – Peut-on se Moquer des Féministes Intégristes?

De : Michel Leclerc

Avec Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Melha Bedia, Vincent Elbaz

Année : 2025

Pays : France

Genre : Comédie, Policier

Résumé :

Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe qu’elle suspecte de complicité de meurtre. A leur contact, Simone s’ouvre progressivement à leurs idées. Mais lorsqu’elle est soupçonnée par le groupe d’être une taupe, elle se sert du premier venu pour se couvrir : Paul, un homme doux, inoffensif et respectueux des femmes qui vit dans l’ombre de sa moitié, faisant de lui, malgré elle, un coupable innocent. Simone, catastrophée de ce qu’elle a fait, tente de réparer sa faute… Comment Paul va-t-il réagir ?

Avis :

Au rayon de la comédie française, Michel Leclerc est l’un de ses meilleurs représentants. Depuis une trentaine d’années maintenant, le réalisateur s’amuse, et nous amuse avec des films qui sont souvent de bonnes, voire d’excellentes, comédies. Certes, tous ne sont pas du même calibre, mais il y a toujours quelque chose de sincère dans ses choix. Et au-delà de leurs allures de comédies sympathiques, ses films ont souvent (voire toujours) une portée politique. Son dernier-né, « Le mélange des genres« , lui est justement venu en réaction aux changements dans la société et dans le milieu du cinéma avec le mouvement # MeToo.

Septième long-métrage de Michel Leclerc, » Le mélange des genres » s’amuse avec un sujet particulièrement sensible aujourd’hui. On pourrait même dire que c’est l’un de ses films les plus osés et audacieux. Peut-être même le plus audacieux qu’il ait mis en scène, surtout à une époque très premier degré, où l’on entend souvent que l’on ne peut plus rire de rien. Avec ce film, Michel Leclerc joue avec le # MeToo, les violences faites aux femmes, la masculinité toxique, ou encore la figure de l’homme déconstruit, et il réussit tout ce qu’il entreprend. Satire hilarante de notre société, « Le mélange des genres » est un film décomplexé, bourré d’idées amusantes, parfois même étonnantes, et porté par un duo d’acteurs tout simplement brillants.

« Michel Leclerc est de retour avec Baya Kasmi à l’écriture »

Simone est une flic infiltrée dans un groupe de militantes féministes radicales. Persuadée qu’elles ont aidé une femme à tuer son mari violent, elle risque de voir sa couverture grillée. Pour sauver sa peau, elle ment… et accuse de viol un homme qui n’avait rien demandé, il était juste au mauvais endroit au mauvais moment. Cet homme, c’est Paul. Et s’il y a un cliché du pervers narcissique, Paul, c’est l’inverse total. Homme déconstruit, féministe convaincu, il épouse la cause des femmes. Une accusation sans conséquence ? Personne ne le connaît, Paul est un anonyme, et l’association ne vise pas des cas particuliers, mais des causes vastes… Mais ça, c’est mal connaître la société car les répercussions seront bien plus grandes que prévu.

Que ça fait du bien de rire ! Michel Leclerc est de retour avec Baya Kasmi à l’écriture, pour ce qui s’annonce comme l’une des meilleures comédies de ce début d’année. Pourtant, ce n’était pas gagné : dans une époque où l’on se prend très au sérieux, où l’humour est souvent pris au pied de la lettre, « Le mélange des genres » aurait pu devenir une comédie pesante, moralisatrice. Mais il y a Michel Leclerc à la barre, et il sait manier les sujets sensibles avec une légèreté apparente qui cache une vraie finesse. Rire des violences faites aux femmes, de la masculinité toxique, tout en rappelant le ton irrévérencieux d’un Bertrand Blier, sur le papier, c’est risqué. À l’écran, ça donne une comédie tordante, qui nous tient d’un bout à l’autre.

« il y a la mise en scène qui se fait inventive, vive »

Grâce à une écriture pleine de quiproquos, de dialogues savoureux et d’un sens de la mise en scène toujours surprenant, le film nous embarque. On rit, on s’étonne. Les mésaventures de Simone, flic piégée par son propre mensonge, comme celles de Paul, l’anti-prédateur parfait, sont à la fois drôles et touchantes. Michel Leclerc et Baya Kasmi se sont clairement éclatés à l’écriture, et même si tout est comédie, on sent derrière les rires une vraie bienveillance dans les sujets qu’ils abordent. Le film tape sur les extrêmes, oui, mais il sait aussi se faire sérieux quand il le faut. Il questionne les méthodes, les convictions, les postures, tout ça sans jamais être lourd.

Et puis au-delà de ça, il y a la mise en scène qui se fait inventive, vive, ponctuée de moments musicaux inattendus ou de scènes pleines de sens, comme ce final un peu étrange qui envoûte autant qu’il intrigue. Et enfin, le casting, Léa Drucker et Benjamin Lavernhe sont excellents, mais ils ne volent pas toute la lumière. Judith Chemla, Melha Bedia, Julia Piaton, Vincent Elbaz, Philippe Uchan, et toutes les comédiennes du collectif des Hardies forment une galerie de personnages savoureux qu’on adore suivre.

Ce nouveau film de Michel Leclerc est une vraie réussite, à la fois drôle, touchant, culotté et intelligemment écrit. « Le mélange des genres« , c’est la preuve qu’on peut encore rire de tout, même d’un sujet aussi complexe que les violences faites aux femmes. Ici, Michel Leclerc le fait avec talent et respect. Franchement, bravo !

Note : 15/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.