
Avis :
Depuis quelques temps, les « vieux » groupes de Heavy semblent faire un comeback fracassant en proposant d’excellents nouveaux albums, faisant la nique à bien des jeunes. On peut évoquer Judas Priest et Saxon pour l’année dernière, et Grave Digger est plutôt en bonne forme avec son dernier effort, Bone Collector. On espérait donc un joli retour de la part de Tokyo Blade, groupe fondé sous divers au début des années 80 et qui sort son premier album en 1983. Très actif depuis 2018 avec quasiment un album tous les deux ans, Time is the Fire ne laissait rien présager de bon. La faute à une hideuse pochette qui fleure bon l’intelligence artificielle, mais aussi à une absence de morceau pour vendre en amont la sortie de ce nouvel opus. Et à quelque part, nous avions raison de nous méfier.
Déjà, le gros problème que l’on va avoir provient de la tracklist. Depuis leur dernier album, Fury (avec une pochette tout aussi moche, si ce n’est plus), le groupe anglais offre des galettes qui sont d’une longueur ahurissante. Si avec le précédent, on dépassait l’heure dix-huit minutes d’écoute, là, on se rapproche de l’heure et quart. C’est beaucoup trop long, et clairement, ça ne sert à rien. Ne vaut-il pas mieux faire un album concis, mais uniquement avec de bons morceaux, plutôt qu’une longue galette, avec une poignée de bons titres perdus dans la masse ? Car là, c’est vraiment ce qui se passe. Il y a seulement deux morceaux qui font moins de quatre minutes, et trois autres qui font moins de cinq. Ce sont les plus efficaces (globalement), mais ils sont noyés sous une flopée de titres anecdotiques au possible.
Le premier morceau fait réellement illusion dans son démarrage. Feeding the Rat débute de façon assez virulente, avec de gros riffs et une forte envie d’en découdre. Cependant, le morceau se perd rapidement et ne propose rien de neuf, malgré sa durée qui dépasse les cinq minutes. Le morceau s’étouffe dès son refrain, et on va tiquer sur une chose : la voix du chanteur. Elle est étouffée, semble constamment prise sous la reverb, et tout cela sent grandement le vocoder ou autre modulation de voix. Si c’était voulu pour apporter une certaine plus-value, ou encore pour rentrer dans un thème précis autour de la robotique, pourquoi pas, mais là, ce n’est clairement pas le cas. Un cache-misère qui fait vraiment de la peine, surtout que cela ressort lors des refrains, qui se veulent catchy et entêtants.

Moth to the Fire se veut plus direct et concis, mais son riff manque de percussion et on va vite s’y ennuyer. Quant à Man on the Stair et sa voix féminine lascive au début, ça ne sert strictement à rien. Le morceau est long et inabouti. Are You Happy Now lorgne d’un Hard Rock très ricain dans son début, puis se perd après le premier solo. Quant à The Enemy Within, on retiendra surtout la répétition des paroles qui démontre les faiblesses d’écriture. Survole alors, dans les morceaux longs, Going With the Flow. La construction montante est plaisante, mais manque de pot, tous les moments qui sont efficaces sont écourtés de façon abrupte. On se hype sévère, on se met à chanter, puis ça ne dure que quatre phrases courtes. La frustration est vraiment dure à gérer dans ces moments-là.
Par la suite, on se retrouve toujours avec le même genre de morceau. The 47 est très calibré 80’s avec son vieux piano. Heureusement, on aura quelques bonnes surprises à l’image de The Devil in You qui envoie du bois et se révèle être sans doute le meilleur morceau de l’album. C’est rapide, vivace, percutant, bref, tout ce que le Heavy a de bien. Mais le soufflé va vite retomber avec Soldier On, un titre qui n’a strictement aucun intérêt, et qui peut même se targuer d’être mou du genou. Don’t Bleed Over me coche toutes les cases de la ringardise, et Written in Blood sera à la limite de l’écoutable, entre un mid-tempo insupportable et une modulation vocale imbitable. The Six Hundred s’avère alors transparent malgré les promesses d’un aspect irlandais et We Burn redore un peu le blason du groupe. Reste alors Ramesses, un gros pétard mouillé.
Au final, Time is the Fire, le dernier album en date de Tokyo Blade, s’avère une petite déception. Non pas que l’on attendait un immense retour du groupe, mais Dark Revolution, sorti en 2020, ne nous avait pas déplu et on nourrissait un petit espoir de mieux. En l’état, ce n’est pas non plus une corvée, on a de bons solos et d’un point de vue technique, c’est plutôt bon, mais vocalement, et sur la prise de risque, on n’a rien à se mettre sous la dent…
- Feeding the Rat
- Moth to the Fire
- Man on the Stair
- Are You Happy Now
- The Enemy Within
- Going With the Flow
- The 47
- The Devil in You
- Soldier On
- Don’t Bleed Over Me
- Written in Blood
- The Six Hundred
- We Burn
- Ramesses
Note : 11/20
Par AqME