octobre 16, 2025

Une Famille à Louer – Mauvais Bail

De : Jean-Pierre Améris

Avec Virginie Efira, Benoit Poelvoorde, François Morel, Philippe Rebbot

Année : 2015

Pays : France, Belgique

Genre : Comédie, Romance

Résumé :

Paul-André, la quarantaine, est un homme timide et plutôt introverti. Riche mais seul, il s’ennuie profondément et finit par conclure que ce dont il a besoin, c’est d’une famille ! Violette, quadragénaire pleine de peps, est menacée d’expulsion et a peur de perdre la garde de ses deux enfants. Paul-André propose alors un contrat en tout bien tout honneur pour louer sa famille contre le rachat de ses dettes. Pour le meilleur et pour le pire…

Avis :

Quelles sont les raisons qui nous poussent à regarder un film plus qu’un autre ? Parfois, c’est le pitch qui promet une belle histoire. De temps en temps, c’est le réalisateur qui nous a fait rêver de par le passé, et on a envie de revivre cette magie. Des fois, c’est la présence d’une actrice ou d’un acteur que l’on considère comme génial(e) et que l’on désire découvrir dans un autre registre. En ce qui concerne une Famille à Louer, c’est surtout la présence d’un duo belge qui a attisé notre curiosité, à savoir Virginie Efira qui a prouvé qu’elle était une brillante actrice, et Benoît Poelvoorde qui essaye des rôles moins guignolesque et plus touchant. Seulement, il arrive que la raison ne suffise pas pour faire un bon film malgré tous nos souhaits, et c’est le cas avec Une Famille à Louer de Jean-Pierre Améris.

Le film débute en présentant les deux personnages que tout oppose. En premier lieu, on a un Benoît Poelvoorde dépressif, qui vit dans une immense demeure avec son majordome, ayant fait fortune dans l’informatique. Il se sent seul et la vie n’a pas de sens pour lui. Par la suite, on découvre une Virginie Efira qui déambule dans une grande surface, vole un poulet pour nourrir ses enfants, se fait attraper par le vigile, elle l’assomme, se fait arrêter et fait la une des infos pour sa situation précaire et son discours sur la famille. Notre riche homme découvre cela à la télé, et se met une idée en tête, louer la famille de cette jeune femme pour voir ce que ça fait de fonder une famille. Le pitch va donc parler de la famille, de la solitude, des sentiments, et bien évidemment mettre en avant une romance improbable.

« Le schéma narratif est lisible à des kilomètres »

Aussi intéressant soit le scénario, il reste très calibré. Jean-Pierre Améris, qui a écrit l’histoire à partir de son histoire personnelle, ne trouve pas vraiment la mise en scène idéale pour peindre ce moment un peu fantasmé. On voit bien qu’il veut faire un conte moderne, évite de filmer des décors grandiloquents, enfermant ses personnages entre quatre murs ou dans la forêt pour les laisser s’exprimer, mais cela ne marche pas vraiment, car tout se déroule comme ça doit se dérouler. Le schéma narratif est lisible à des kilomètres, avec deux vies que tout oppose, un premier déchirement, puis une réconciliation pour tomber ensuite dans les bras l’un de l’autre. Rien ne viendra perturber ce récit qui coule de source et ressemble à n’importe quelle comédie française. Et c’est dommage car il y avait matière à faire un petit peu mieux, et plus.

Le côté social, par exemple, aurait pu être un bon angle d’attaque dans les perturbations du couple. Et si on voit que le réalisateur s’évertue à montrer que l’on peut venir de deux mondes socialement opposés (les riches et les pauvres, on reste tout de même manichéen), il n’y a pas forcément de critique émise envers la société qui catégorise les gens, ou une quelconque morale sur la façon de vivre. On reste trop sur quelque chose de linéaire et qui ne prend pas de risque. Il en va de même avec les enfants, qui sont un point central de l’histoire, mais qui rentrent dans des stéréotypes presque pénibles, avec le garçon hyperactif et mauvais à l’école et la grande fille qui est une tronche mais qui baigne dans un milieu social qui ne favorise pas son épanouissement. On a une sensation de déjà-vu.

« Si Virginie Efira et Benoît Poelvoorde jouent juste, ils restent très en retrait »

Il faut ajouter à cela tout un contexte qui n’est pas forcément réjouissant. C’est-à-dire que la famille du personnage joué par Virginie Efira rentre dans tous les clichés du genre, avec des personnes heureuses d’être ensemble, mais dont aucune ne sort du carcan social raconté par le film. Oui, le réalisateur veut montrer que l’on peut être « pauvre » et heureux, ainsi que riche et malheureux, mais il ne transcende jamais cette idée d’un point de vue sociétale, restant perché sur sa romance et essayant désespérément de nous dire que la famille, c’est tout ce dont on a besoin pour vivre heureux. Il manque réellement du contexte, du poids, pour rendre cette comédie meilleure, et plus naturelle. Certes, on sait que le cinéaste veut mettre en avant une bluette façon conte traditionnel, mais il en oublie l’essence même, ne faisant ni dans l’onirique, ni dans le réel.

Et puis il y a les acteurs, que l’on aurait aimé plus impliqués. Si Virginie Efira et Benoît Poelvoorde jouent juste, ils restent très en retrait en ce qui concerne les émotions, comme s’ils étaient freinés par le réalisateur. Certes, c’est agréable de voir le comédien dans un registre moins tonitruant et grand-guignol, mais il n’est pas touchant pour autant, et c’est dommage. Tout comme Virginie Efira qui ne force jamais le trait de caractère de cette femme qui semble prête à faire des esclandres, qui se cache derrière un portrait de femme forte, mais qui s’adoucit très vite et se fait malmener par des types opportunistes. Bref, le duo ne fonctionne pas vraiment, tout comme les personnages secondaires qui sont plus pénibles qu’autre chose, comme les deux enfants, le frère profiteur ou encore la mère bourgeoise qui se croit au-delà du respect.

Au final, Une Famille à Louer est une comédie romantique inoffensive qui ne raconte pas grand-chose et n’utilise jamais le potentiel de son script ou de ses acteurs pour fournir un spectacle intelligent et touchant. On se retrouve face à une mise en scène lambda, pour raconter une histoire lambda, dont le final sera attendu et sans aucune surprise. Bref, une déception sans l’être, puisque l’on n’attendait rien de ce film, mais ce qui est certain, c’est que c’est dans le bas du panier de la filmographie de Virginie Efira et de Benoît Poelvoorde

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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