avril 23, 2024

Les Evadés de l’Espace

Titre Original : Uchu Kara no Messeji

De : Kinji Fukasaku

Avec Vic Morrow, Sonny Chiba, Tetsuro Tamba, Mikio Narita

Année : 1978

Pays : Japon

Genre : Science-Fiction

Résumé :

La planète Jillucia, autrefois paisible, a été colonisée par l’empire Gavanas. Son peuple vit désormais sous le joug du tyrannique Rockseia XII. Refusant de plier face à l’ennemi, le chef des Jilluciens s’en remet au Dieu Liabé en dispersant huit noix divines à travers l’univers qui, selon la légende, seront capables de découvrir les huit valeureux guerriers qui uniront leurs forces en vue de libérer la planète occupée…

Avis :

Sorti en 1977, Star Wars IV – Un Nouvel Espoir de George Lucas va susciter un engouement mondial sans précédent. Le film est une révolution pour le septième art, à un tel point qu’aujourd’hui, la franchise se décline aussi bien en suites cinématographiques qu’en série pour le petit écran, ou encore en dessins animés. A cette époque, le film va inspirer divers scénaristes et réalisateurs, et de nombreux pays vont vouloir avoir leur « Star Wars ». En tête de liste, on retrouve Kinji Fukasaku qui, quelques mois après la sortie du film de George Lucas, va mettre en images Les Evadés de l’Espace, un space opéra qui reprend les ingrédients du film américain, tout en y incluant des éléments du folklore japonais. Kitsch à souhait, naïf et pourtant réjouissant dans son énergie dégagée, ce film va être un carton au pays du soleil levant.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Les Evadés de l’Espace va sortir au Japon cinq mois avant le fameux Star Wars. De ce fait, il va avoir une certaine renommée dans son pays, mais aussi dans le monde, au point que certains cinéastes cultes, comme Quentin Tarantino, ont une affection particulière pour le film de Fukasaku. Bref, tout ça pour dire que malgré son aspect particulier, le film a une aura qui l’entoure. Une identité qui va même inspirer une saga culte des années 80, San Ku Kai, où décors et costumes seront alors repris. Tout cela contribue à attiser une certaine curiosité envers ce film qui, aujourd’hui, a plutôt mal vieilli autour de ses effets visuels, mais garde une âme d’enfant dans son aventure et la façon dont est présentée cette histoire de peuple oppressé et de princesse en détresse.

« Kinji Fukasaku délivre un joli message sur la tolérance et l’espoir de changer. »

Le scénario est relativement simple à comprendre. Un peuple vit sous le joug d’un autre, tyrannique, qui veut toutes les richesses de la planète. En proie au désespoir, le chef de la tribu lance huit noix bénites par le Dieu Liabé dan l’espace, qui iront à huit héros qui sauveront son peuple. Pour suivre ces noix (de vraies noix), une princesse et un guerrier prennent leur vaisseau (un bateau à voile qui vogue dans l’espace) et vont chercher ces héros. Parmi les choix, on retrouvera deux têtes brûlées qui pilotent avec maestria des vaisseaux spatiaux, un ancien colonel de l’armée qui s’est retiré pour divergences d’avis, ainsi que son robot serviteur, un prince déchu du peuple oppressant, une jeune femme qui maîtrise des éléments techniques sur les vaisseaux spatiaux, un roublard et, bien évidemment, le guerrier qui suit la princesse.

A partir de ces éléments, le film va tisser des relations ambiguës entre les personnages. Outre ceux qui ont du mal à croire à ces noix et à leur rôle, d’autres vont tenter d’en profiter pour établir des trahisons avant de comprendre qu’ils ont fait des bêtises. Le film montre alors que malgré des erreurs, on peut se racheter et avoir une seconde chance. Kinji Fukasaku délivre un joli message sur la tolérance et l’espoir de changer, tout comme il entrevoit différentes notions d’héroïsme. Pas besoin d’être un grand guerrier pour sauver un peuple, il faut aussi être malin, diplomate et jouer avec son intelligence. Si on trouve des éléments géopolitiques un peu au ras des pâquerettes, ces enjeux permettent de mettre en avant des rôles essentiels à la réussite du sauvetage, comme des négociations ou du gain de temps pour préparer une contre-attaque.

« On voit aussi que l’ambition du cinéaste est parfois trop haute par rapport à ce qu’il montre à l’image. »

Cela est assez naïf dans son évolution, mais ça fonctionne grâce à l’énergie communicatrice qui se dégage de l’ensemble. Le réalisateur ne se pose que très rarement et propose des schémas clairs et vivifiants. Ainsi, l’amitié rivalité des deux pilotes va permettre un sursaut d’héroïsme (et un final qui colle à Star Wars), le méchant très méchant avec sa mère (jouée par un homme) est une caricature réjouissante, et les quelques éléments de l’univers sont plutôt marrants, à l’image de cette sorcière avec son fils qui ressemble à un homme-lézard. Bref, on sent une envie de bien faire dans ce film, peut-être même trop. N’ayant certainement pas le budget d’un Star Wars, ni même les techniciens en effets spéciaux d’Hollywood, Kinji Fukasaku va faire avec les moyens du bord, et parfois, ça pique un peu les yeux.

En effet, si certains effets visuels fonctionnent encore aujourd’hui, et se révèlent même étonnants, comme l’explosion du vaisseau des méchants sur la fin, ou encore certaines maquettes qui sont vraiment bien foutues, on aura droit à d’autres moments un peu moins réussis. Par exemple, le passage où les deux pilotes et leur copine partent capturer des lucioles de l’espace dans l’espace est assez kitsch, voire carrément laid. Voulant apporter un aspect onirique à cette séquence, le réalisateur délivre un moment assez gênant, qui nous sort même du contexte du film. On voit aussi que l’ambition du cinéaste est parfois trop haute par rapport à ce qu’il montre à l’image. L’homme-lézard par exemple est figé, et l’on voit le masque que porte l’homme, sans aucune articulation. Tout cela peut faire le charme du film, mais c’est aussi l’un de ses points faibles.

« Difficile aussi de passer outre des éléments scénaristiques qui peinent à convaincre. »

Difficile aussi de passer outre des éléments scénaristiques qui peinent à convaincre. Si on retrouve tous les éléments d’un film chevaleresque avec une princesse qui se fait kidnapper par un grand méchant pas beau, on reste dans quelque chose de très « enfantin » dans sa résolution. Si les enjeux sont importants, on connait cette histoire par cœur et il manque vraiment un aspect mélodramatique pour plus nous tenir. Enfin, les éléments du folklore japonais sont très discrets. Certes, on retrouve de nombreuses références au peuple nippon, mais tout cela n’est pas assez prononcé pour nous marquer. On restera plus imprégné par les effets kitsch et les passages un peu « what the fuck », ou les personnages lunaires, à l’image de cette jeune femme un peu hystérique qui va tout faire pour devenir une héroïne choisie par les noix.

Au final, Les Evadés de l’Espace est une curiosité qui continue aujourd’hui à faire des adeptes, et on comprend pourquoi. Outre ses accointances non dissimulées avec le film de George Lucas, dont il est une réponde directe, on peut compter sur des effets visuels osés, un casting international étonnant et une histoire riche en rebondissements qui baigne dans une naïveté joviale. Il est dommage que les personnages soient si mal équilibrés dans leur traitement (comme le prince charmant qui arrive comme un cheveu sur la soupe), et que parfois, l’histoire s’égare sur des chemins un peu enfantins pour combler quelques vides (la chasse des lucioles). En l’état, on comprend le succès de ce film, et son statut d’objet cinématographique particulier, mais cela n’excuse pas forcément les défauts qui le peuplent…

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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