avril 25, 2024

Re/Member

Titre Original : Karada Sagashi

De : Eiichirô Hasumi

Avec Kanna Hashimoto, Gordon Maeda, Maika Yamamoto, Fûju Kamio

Année : 2022

Pays : Japon

Genre : Horreur

Résumé :

Six lycéens coincés dans une boucle temporelle meurtrière doivent retrouver les restes dispersés d’une victime inconnue pour lever la malédiction et espérer survivre.

Avis :

C’est en 2013 que les japonais vont entendre parler pour la première fois de Re/Member. Paru sous la forme d’un roman écrit par Welzard, l’histoire va prendre une énorme ampleur, jusqu’à devenir une saga littéraire s’étalant sur dix-sept volumes de 2013 à 2015. Forcément, entre temps, Re/Member va être adapté en manga papier dès 2014, afin de faire fructifier la franchise. En France, c’est bien évidemment le manga qui va d’abord s’inviter grâce aux éditions Ki-Oon, à partir de 2016, mais on aura droit aussi au premier roman, grâce au travail de l’éditeur Lumen. S’inspirant d’une légende urbaine et posant une bande de lycéens au sein d‘une boucle temporelle mortelle, Re/Member va charmer les fans de j-horror, jusqu’à devenir un film disponible via Netflix. Et si le succès des mangas ou des romans peut se comprendre, qu’en est-il de la version « cinéma » ?

Le démarrage du film plante les origines de la malédiction. On va suivre une petite fille avec son doudou, qui fuit un homme armé d’une hache. Malheureusement, la jeune fille se fait dézinguer, et on va apprendre durant le générique que des personnes sont portées disparues un peu partout dans le monde. On se retrouve alors au Japon, où une lycéenne, considérée par les autres comme un peu bizarre parce que solitaire, va vivre une journée comme une autre. Le soir, alors qu’elle se couche, elle fait un cauchemar et se retrouve coincée dans son lycée avec d’autres camarades, et une petite fille ensanglantée va venir les tuer de façon violente. Le lendemain, la même journée recommence, et l’un des lycéens piégés raconte l’histoire de la malédiction. Le groupe va devoir retrouver les parties du corps de la petite fille afin de briser la boucle temporelle.

« Le principal problème provient tout simplement de la caractérisation des personnages. »

Bref, on sent que du point de vue du scénario, on va chercher dans la légende urbaine basique, avec un fantôme torturé qui trouve écho dans un fait divers sordide, et une bande de jeunes que tout sépare, mais qui vont devoir coopérer ensemble pour résoudre le problème. Rien de bien folichon, mais on peut espérer des thèmes intéressants, et surtout, un traitement horrifique plaisant. Est-ce vraiment le cas ? Oui et non. Le principal problème provient tout simplement de la caractérisation des personnages. On retrouve quelques clichés ambulants, comme le geek timide, la fille sûre d’elle qui fait plus mature que son âge, ou encore le beau gosse qui tombe amoureux de la freak. Cependant, rien n’est vraiment développé au sein de ces personnages, qui peinent à exister, à un tel point que n’importe qui peut mourir, on s’en fiche un peu.

Cela se retrouve dans les phases de jour, où le groupe se retrouve pour profiter de la vie, et établir des stratégies afin de surmonter l’épreuve de la nuit. On a droit à des séquences pas forcément judicieuse, qui brisent le cycle de la peur. A titre d’exemple, on peut citer ce moment au bord de la mer, où tout le monde rigole, joue, se bagarre, boit, n’ayant finalement que peu de peur quant à la nuit qu’ils vont passer. A cela se rajoute une forte absence d’enjeu. En effet, même s’ils meurent durant la nuit, ils se réveillent le lendemain sans autre incidence que de revivre le même jour. Il manque un aspect dramatique à cette histoire pour vraiment nous surprendre et créer une tension beaucoup plus forte. Tension qui surviendra bien trop tard, au sein d’un délire cheap qui va donner une autre saveur au film.

« On aura droit à une deuxième partie étonnante, qui lorgne constamment entre le Z assumée et le nanar ringard. »

En effet, là où Re/Member aurait pu sombrer dans un délire grotesque, saccageant toute l’ambiance sordide voulue, on aura droit à une deuxième partie étonnante, qui lorgne constamment entre le Z assumée et le nanar ringard. Car oui, au bout d’un moment, la fille rouge n’est plus la menace, mais bel et bien son doudou qui va devenir un monstre gigantesque, dévorant les jeunes dans leur cauchemar. Ici, le film rajoute une tension supplémentaire, puisque ceux qui se font bouffer ne peuvent pas revivre et disparaisse du monde réel. On aura droit à un peu de tension, de peur pour les personnages, même si on reste dans quelque chose de grotesque, notamment dans les effets spéciaux. Ou même la résolution qui frôle le grand n’importe quoi avec un piège ringard et une résolution toute pourrie.

Pour autant, c’est là que l’on prend le plus de plaisir à suivre le film. Si la mise en scène de Eiichirô Hasumi est très académique et manque cruellement de mordant et de prise de risque, lorsque le film tombe dans le Z assumé, il y a comme une frénésie qui s’empare de l’ensemble. Alors certes, c’est crétin, c’est parfois mal fait, mais ça s’assume totalement, quitte à parfois sortir du film qui fait peur, délaissant les couloirs sombres et les mises en mort brutales. On aurait aimé que cette petite fille fasse plus de cadavres, notamment avec son côté inventif, mais ce n’est pas la choix du film, et on se rattrape avec ce que l’on peut. Il est dommage aussi que Re/Member sombre dans un final trop heureux, où l’aspect mélo prend le dessus, quitte à devenir ridicule et pénible.

Au final, Re/Member n’est pas un mauvais film en soi, il souffre juste d’un déséquilibre profond entre ce qu’il veut raconter et le public auquel il s’adresse. A destination des ados en mal de sensations fortes, le film joue sur des ressorts connus, avec de belles mises à mort, mais il crée un dimorphisme avec les affres joyeux des ados qui n’ont aucune incidence (ou presque) sur leur vie quotidienne. En ce sens, les ruptures de tons sont trop abruptes, l’ambiance froide du lycée, la nuit, n’est pas assez bien retranscrite, et seul l’aspect grotesque du monstre viendra nous sortir d’une torpeur polie.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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