Avis :
Fondé durant les années 90, Kamelot fait bien évidemment écho à la légende arthurienne. Jouant dans un registre Power/Sympho, le groupe américain (mais porté par des membres qui ne le sont pas) suscitera plusieurs réactions. En effet, certains trouveront le groupe excellent, alors que d’autres lui reprocheront son manque d’envergure et de morceaux longs et épiques. Pour autant, le groupe a toujours eu son petit succès, enchaînant les albums et les tournées. Depuis l’arrivée, en 2012, de Tommy Karevik, Kamelot aime à surjouer les émotions et les trémolos dans la voix. Ce n’est pas avec ce treizième album que les choses vont changer. En abordant The Awakening, on va rapidement trouver toutes les scories propres au groupe, à savoir des titres assez simples malgré une belle production, mais surtout une absence de grandiloquence, alors même qu’il y a une volonté d’orchestration. Mais d’où cela peut-il provenir ?
Comme à son habitude, l’album commence avec une introduction qui se veut annonciatrice d’un Power bien nerveux et symphonique. Il faudra donc attendre The Great Divide pour en prendre plein les oreilles. Et le constat s’impose rapidement, c’est bien, c’est bon, mais ça ne prend strictement aucun risque. Les riffs sont agressifs, ils sont portés par une belle production en arrière-plan, et quelques rajouts symphoniques qui font que tout cela se fait dense. Le problème va venir de Tommy Karevik, qui, comme à son habitude, en fait des caisses au niveau de la voix. Oui, il chante juste, mais on a la sensation qu’il en rajoute et dramatise un peu le tout. Alors on ne passe pas un mauvais moment, mais on a l’impression d’assister à n’importe quel groupe de Power. Eventide sera strictement dans la même veine, n’arrivant pas à se détacher d’un moule préétabli.
Là encore, les riffs sont bons, l’accompagnement aux violons et piano sont intéressants, mais on reste dans un truc déjà entendu des centaines de fois. One More Flag in the Ground réussira un peu à sortir d’une certaine torpeur. Les raisons sont simples, malgré son refrain stéréotypé, il y a une réelle fougue dans les riffs, et l’apport de la chanteuse lyrique donne une épaisseur prégnante à l’ensemble. De ce fait, même si on peut reprocher au titre d’être très simple dans sa construction, il fonctionne à plein régime. Opus of the Night (Ghost Requiem) viendra nous ravir les oreilles, avec une grandiloquence qui force le respect. Même si le chanteur en fait encore des caisses, le morceau est très plaisant, et l’apport de la violoncelliste Tina Guo est le bienvenu. Il s’agit-là de l’un des morceaux phare de cet album, et force est de reconnaître que c’est fichu.
Avec Midsummer’s Eve, on aura droit à la première ballade de l’album. C’est assez doux, et surtout, ça reste dans un délire un peu moyenâgeux qui sied bien au groupe. Alors certes, là encore, c’est très caricatural, mais ça fonctionne, et on se surprendra à prendre du plaisir, notamment lors du refrain. Bloodmoon viendra redonner un coup de fouet à l’ensemble, notamment en utilisant des sonorités un peu arabisantes pour donner une identité particulière au titre. Les premiers riffs sont bien lourds et puissants, et on regrette presque qu’ils ne durent pas tout le titre. Nightsky jouera sur un son plus moderne, avec un clavier très présent, surtout en introduction. Le morceau est plaisant, d’autant plus que les riffs se veulent plus agressifs que la moyenne. Puis avec The Looking Glass, le groupe retombe un peu dans ses travers, avec un titre transparent et qui manque cruellement d’originalité.
C’est alors que déboule New Babylon, qui sera l’une des pièces maîtresses de l’album. Long et maîtrisé, le titre bénéficie de bons riffs, mais aussi d’une batterie bien présente et de chœur qui donneront une sacrée épaisseur au refrain. L’arrivée remarquée de Melissa Bonny (chanteuse du groupe Ad Infinitum) qui va faire un peu de back-up avant de growler comme rarement, apporte une plus-value non négligeable au morceau. Il est dommage que derrière, avec Willow, le groupe ne confirme pas et propose une balle sirupeuse un peu loupée. Puis avec My Pantheon (Forevermore), on retombe sur un titre puissant, mais qui sera lésé par les choix vocaux de Karevik, qui en fait beaucoup trop, notamment en introduction, où il fait tout pour se rendre suave. C’est dommage, car globalement, le morceau envoie du bois au niveau des guitares et de sa rythmique.
Au final, The Awakening, le dernier album de Kamelot, est un bien sympathique moment, mais auquel il manque une certaine originalité pour totalement convaincre. Malgré une belle orchestration, et une volonté de toujours aller vers un Power puissant, il manque au groupe une identité forte pour marquer et durer dans le temps. En l’état, le skeud marche bien, mai il aurait pu être encore meilleur avec plus de virulence et de prise de risque.
- Overture (Intro)
- The Great Divide
- Eventide
- One More Flag in the Ground
- Opus of the Night (Ghost Requiem) feat Tina Guo
- Midsummer’s Eve feat Tina Guo
- Bloodmoon
- Nightsky
- The Looking Glass
- New Babylon feat Melissa Bonny
- Willow
- My Pantheon (Forevermore)
- Ephemera (Outro)
Note : 14/20
Par AqME