avril 19, 2024

Le Soleil de Trop Près – Trop de Trop

De : Brieuc Carnaille

Avec Clément Roussier, Marine Vacth, Diane Rouxel, Hakim Faris

Année : 2022

Pays : France

Genre : Drame, Romance

Résumé :

À sa sortie d’hôpital psychiatrique, Basile se réfugie chez sa sœur Sarah. Elle est sa seule famille et sa plus grande alliée pour se reconstruire. Aussi flamboyant qu’instable, Basile parvient à trouver du travail et rencontre Élodie, une jeune mère célibataire : il se prend à rêver d’une vie « normale »…

Avis :

Natif de Roubaix, Brieuc Carnaille est un réalisateur d’une trentaine d’années qui a commencé sa carrière au carrefour des années 2010, en tournant ses premiers films avec les moyens du bord et ses amis derrière et devant sa caméra. En parallèle de cela, Brieuc Carnaille fait aussi partie d’un groupe, Duel, pour lequel il est auteur-compositeur. Avec ce dernier, ils sortent deux albums, et c’est avec ce groupe que Brieuc Carnaille va faire de belles rencontres, dont les producteurs de chez Vixens. Ce sont eux qui vont produire son premier film.

« Le soleil de trop près » est un film qui de par son sujet me donnait énormément envie de m’y arrêter. Il faut dire que le jeune réalisateur n’a pas choisi un sujet des plus faciles pour ouvrir sa carrière de cinéaste, puisque « Le soleil de trop près » parle de la schizophrénie. Pour cela, Brieuc Carnaille nous entraîne chez lui, à Roubaix, pour y filmer un jeune homme, Basile, essayant comme il peut de composer avec ce mal, et malheureusement, je dois bien avouer que je suis passé totalement à côté de ce film. Surjoué, allant toujours dans un extrême misérable et sombre pour peindre le portrait de ce personnage, oscillant étrangement entre le drame et la comédie, et tenu par un acteur qui en fait bien trop, j’ai vraiment passé un moment de cinéma à ne faire qu’attendre le générique.

Basile, la trentaine, vient de sortir de l’hôpital. Schizophrène, le jeune homme est sous un nouveau traitement et en attendant que celui-ci fasse effet, Basile est chez sa sœur. La cohabitation est difficile, car Basile est imprévisible, enfin du moins au départ, car une fois que le cachet commence à faire effet, le jeune homme se calme. Il va même faire une belle rencontre, elle s’appelle Élodie, elle est mère célibataire, et le courant passe très bien. Puis Basile trouve un boulot… Bref, tout a l’air d’aller pour le mieux, c’est pour cela que Basile commence à se dire qu’il est guéri… Mais s’il est guéri, pourquoi alors continuer à prendre ses médicaments…

Parfois, il y a des films qui dès qu’ils commencent, d’entrée de jeu, il y a quelque chose qui fait « hic », et qui nous fait dire que le moment passé en leur compagnie ne va pas être magique, et malheureusement, « Le soleil de trop près » est de ceux-là. Pourtant, le premier film de Brieuc Carnaille avait en lui des arguments et des sujets qui me laissaient, sur le papier, penser le contraire, à commencer par son sujet, la schizophrénie, qui est un sujet très intéressant, dont certains cinéastes se sont emparés avec brio, Alfred Hitchcock, Darren Aronofsky, Ron Howard, Jeff Nichols, Brad Anderson, Roman Polanski, Alejandro Jodorowsky, encore M. Night Shyamalan pour ne citer qu’eux.

Le scénario est, dans ses grandes lignes, intéressant et logique dans ce qu’il veut raconter, dans le mal de vivre, dans la difficulté de discerner le vrai du faux, dans le fait de cacher cette maladie à ceux que le personnage rencontre, ou encore le poids que cette maladie peut faire peser sur ceux qui sont là pour veiller, sur leurs proches… On sent que le réalisateur a bossé son sujet en amont, et dans un sens, son film est riche, d’autant plus qu’il n’y pas que cela, le film peignant aussi une belle relation entre un frère et une sœur, avec un regard sans jugement aucun. Un regard qui n’est que dévotion et amour.

Mais voilà, comme je le disais, je suis passé à côté de tout cela, la faute à un mélange d’ambiance qui fait qu’on a du mal à discerner véritablement ce qu’a voulu faire le réalisateur. D’un côté, l’ambiance est très lourde, très sombre, que ce soit le choix dans les couleurs, le manque de vie, les décors de Roubaix, ou encore l’histoire en elle-même, et de l’autre, le film tient un côté décalé, qui a bien du mal à fonctionner et casse énormément de chose dans sa dramaturgie. À chaque fois que cela aurait pu être touchant, il y a presque un côté « cool » qui vient désamorcer le tout. On ajoutera à cela que bien souvent, le film a tendance, pour pallier à ce côté cool, à faire bien trop dans l’hystérie, avec un personnage assez insupportable.

Un personnage qui passe son temps à hurler, bouger, faire de mauvais choix, défier tout le monde… C’est franchement lourd et assez malaisant. Un malaise qui est aussi amené par le comédien principal, Clément Roussier, qui, s’il est clair qu’il a quelque chose, m’est tristement apparu comme on ne peut plus agaçant et surtout absolument pas touchant. L’acteur joue à fond la carte de la schizophrénie et il m’a totalement laissé sur le carreau. C’est quand même dramatique de ressentir un tel rejet, alors même que ce qui nous est raconté a tout pour être émouvant et prenant, mais rien n’y aura fait. Plus ce personnage se dévoile et en fait des caisses, plus l’envie de voir le générique arriver se faisait sentir.

Du côté des acteurs, si Marine Vacth est étrangement mauvaise, le film se rattrape un peu avec une Diane Rouxel assez touchante et un Hakim Faris qui, en compagnon de Marine Vacth, de par la douceur de son personnage et le non-jugement, fait du bien. Puis le comédien dégage une très belle présence.

Je ressors donc déçu de ce premier film signé Brieuc Carnaille. « Le soleil de trop près » a bien des ingrédients pour être un bon et beau film, malheureusement, l’ensemble est trop lourd d’un côté, trop décalé d’un autre, et surtout, derrière ça, il est tenu par un comédien et un personnage qui m’ont personnellement agacé dès l’ouverture. Du coup, le moment passé en leur compagnie fut long, très long, trop long. Bref, je suis totalement passé à côté de ce film et c’est franchement dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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