mars 29, 2024

Les Volets Verts

De : Jean Becker

Avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Benoît Poelvoorde, Stéfi Celma

Année : 2022

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

« Les Volets verts » dresse le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous la personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle.

Avis :

Parmi les cinéastes français dont j’aime beaucoup le cinéma, je pense que dans le haut du podium, il y a Jean Becker. Réalisateur en place depuis plus d’une soixantaine d’années, Jean Becker, c’est « Effroyable Jardin« , « Un crime au Paradis« , « Les enfants du marais« , « Deux jours à tuer« , « Tendre Voyou« , « L’été meurtrier« , « La tête en friche« , et tout un tas d’autres films qui au moins bons, demeurent de sympathiques moments de cinéma.

Un nouveau film de Jean Becker, c’est toujours un plaisir et un petit événement, d’autant plus aujourd’hui, car le metteur en scène est bien entré dans l’âge, s’en allant gentiment vers ses quatre-vingt-dix ans.

Quatre ans après « Le collier rouge« , qui était un petit Jean Becker, le cinéaste est de retour en salle avec un beau drame, porté par un acteur merveilleux, Gérard Depardieu. Moment de vie sublime, alors même que ce dernier est ô combien crépusculaire, « Les volets verts » fait partie de ces films qui touchent, et même bouleversent de par leur simplicité, leur intimité, de par leur délicatesse et les subtilités. Bref, un très beau film de Jean Becker qui se pose comme (et on ne l’espère pas) un sublime chant du cygne.

Les années 70, Jules Maugin est un acteur de théâtre et de cinéma très connu, dont la carrière s’étale sur plusieurs décennies. Jules, toujours autant demandé, enchaîne les rôles, travaillant le jour sur des tournages et le soir foulant les planches de plus beaux théâtres parisiens. Mais Jules, qui a soixante-quinze ans, n’est pas au mieux de sa forme, et derrière ça, il commence à s’user, comme s’il commençait à avoir fait le tour de ce qui, autrefois, l’animait. Alors, sur les conseils de son ami Felix, Jules part quelque temps dans sa maison dans le Midi de la France. Jules va prendre du temps pour lui. Un temps qu’il partage avec Alice et sa fille, qu’il a rencontrée quelques mois plutôt.

Et d’un seizième film pour Jean Becker, qui a presque quatre-vingt-dix ans demeure toujours aussi prolifique, offrant un nouveau métrage tous les trois ou quatre ans. Pour son nouveau film, le réalisateur revient avec une tranche de vie, celle d’un acteur qui est au sommet de sa gloire et en même temps, au crépuscule de sa vie. S’il est vrai que lorsqu’on jette un rapide coup d’œil à ces « … volets verts« , le nouveau Becker a tout l’air de tenir un sujet que le cinéma a déjà traité une bonne centaine de fois, et dans un sens, je ne dirais pas le contraire, à la différence près que le nom de Jean Becker compte énormément dans cette histoire, car le metteur en scène va y amener sa touche de délicatesse, voire sa touche solaire. Oui, même quand la vie est triste, sombre, ou encore qu’elle va se conclure, il y a toujours quelque chose de beau et surtout de vivant qui se dégage des films de Jean Becker, et « Les volets verts » ne va pas échapper à cette règle.

Adapté d’un roman de Georges Simenon, le papa de « L’inspecteur Maigret » (autre film dans lequel Depardieu a été remarquable cette année), Jean Becker livre un scénario assez simple, dans lequel on en devine très rapidement le final. Il y a comme une fatalité qui se dégage de son personnage. Pourtant, malgré ce côté « prévisible », son film demeure un petit enchantement à suivre, car la délicatesse et la subtilité qui se dégagent de ce personnage, de Gérard Depardieu, et plus largement des événements qui peuplent ce film, font qu’il y a toujours quelque chose d’intéressant à suivre.

Jean Becker, au travers de ses personnages, de leurs interactions et de leur choix, aborde beaucoup de sujets. Que ce soit le métier d’acteur, la lassitude de ce dernier, ou encore l’altruisme, ou bien la vie de manière générale avec ses hauts et ses bas, Jean Becker arrive toujours à nous tenir, avec ce qu’il faut d’émotions, de drame, mais aussi de comédie. Oui, « Les volets verts » est souvent amusant, notamment avec certaines de ses répliques où le réalisateur, en compagnie de son acteur, s’amuse bien souvent des images et des situations. Et quand on évoque les dialogues, il faut souligner la beauté des textes qui sont d’un grand raffinement, d’autant plus quand ces derniers sont joués et mis en vie par des comédiens aussi talentueux que Gérard Depardieu et Fanny Ardant, couple mythique qu’on prend tant de plaisir à revoir ensemble à l’écran. Le reste du casting est tout aussi bon, avec un très joli rôle pour Stéfi Celma qui compose un joli duo avec Depardieu.

Le premier adjectif qui nous vient en tête lorsqu’on pense à ce film, c’est la délicatesse. Une délicatesse que l’on retrouve donc dans son intrigue, ses dialogues et ses acteurs, et cette même délicatesse, on la trouve aussi dans la mise en scène de Jean Becker. Alors, c’est vrai que le film demeure très simple dans sa construction et sa création, ou encore sa mise en lumière, mais pourtant, derrière cette simplicité qui résonne comme une sincérité de la part son réalisateur, « Les volets verts » arrive sans mal à charmer, à emporter et surtout au-dessus de ça, à nous toucher, voire même un peu plus. Comme on le disait, même au crépuscule d’une vie, même avec une certaine fatalité qui va forcément arriver, Jean Becker livre un film lumineux, et des scènes bourrées de vie et de lumière, et l’on s’y s’en très bien.

Ce dernier Jean Becker se pose comme un très beau cru, qui nous entraîne dans une belle intrigue, auprès de beaux personnages. Puis derrière ça, le portrait que tisse le réalisateur avec toutes ces palettes d’émotions, de simplicité et d’intime, nous charme comme seul, finalement, le cinéma de Jean Becker en a le secret. Bref, c’est sublime.

Note : 16/20

Par Cinéted

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