avril 25, 2024

Resident Evil Saison 1 – Turbo-Débile

D’après une Idée de : Andrew Barr

Avec Ella Balinska, Tamara Smart, Siena Agudong, Adeline Rudolph

Pays : Etats-Unis, Allemagne

Nombre d’Episodes : 8

Genre : Horreur

Résumé :

Une adaptation de la célèbre franchise vidéoludique créée par Capcom, qui cherche à approfondir davantage la mythologie de la licence, en particulier les coulisses de la diabolique société Umbrella, responsable de la création et de la propagation du terrible T-Virus…

Avis :

Sorti en 1996 sur la première Playstation, Resident Evil va être un carton dans le monde du jeu vidéo. A un tel point, qu’aujourd’hui, on parle de plusieurs centaines de millions de ventes, et des franchises de plus en plus lucratives autour de l’univers. En effet, outre le domaine du jeu vidéo, on a du Resident Evil au cinéma, en films d’animation, en mangas et les bandes originales des jeux se vendent dans des vinyles collector. Bref, un produit juteux qui n’en finit pas de se vendre et de sortir. Car si dans le domaine vidéoludique, on en est au huitième opus, voilà que Netflix se lance dans une nouvelle série, qui se déroule dans le même univers que les jeux/films. Exit donc Raccoon City, qui a explosé, et bienvenue dans New Raccoon City, toujours aux mains d’Umbrella, qui veut faire du profit sur des médicaments.

Découpée en huit épisodes qui font globalement moins d’une heure, on se retrouve donc aux côtés d’une jeune femme en 2034 qui fait de recherches sur les zombies. On navigue dans un post-apo classique, où les humains doivent vivre avec les morts-vivants, établissant plusieurs communautés, dont plusieurs qui sont encore contrôlées par Umbrella. Cette jeune femme essaye de trouver un moyen pour contrer les attaques des zombies, et tente de voir s’il y a une mutation du virus. En parallèle, on va suivre cette même femme, mais lors de son adolescence, en 2022, où elle habite New Raccoon City avec son père, Albert Wesker, et sa sœur jumelle, Billie. Bien évidemment, cette technique narrative va permettre d’approfondir les personnages, et de comprendre comment le monde en est venu à une telle dérive. On connait bien ce système, et cela peut apporter des sujets intéressants.

Mais il n’en sera rien. Voulant épouser à pleine bouche le côté débilos de la saga vidéoludique, cette série Resident Evil va aller à fond dans le grand n’importe quoi scénaristique. Et cela dans les deux narrations. En premier lieu, dans le futur proche, on va avoir à faire à plusieurs communautés. Tout d’abord Umbrella, toujours aussi méchant, puis avec des chasseurs de primes, ou encore une communauté religieuse en France, qui crucifie ceux qui ne croient pas en leur façon de vivre. On va découvrir aussi un gros bateau, qui se nomme l’Université, où une communauté de scientifiques font des recherches en toute illégalité pour trouver un moyen de contrer le virus. Cependant, malgré huit épisodes, tout ce petit monde est survolé pour mettre en avant une héroïne badass, qui se sort toujours des pièges de manière fortuite. Un hasard qui fait bien les choses.

Si on peut passer outre quelques fois, quand c’est à quasiment tous les épisodes, ça commence à sentir la facilité scénaristique. Mais outre cela, difficile de passer devant l’inintérêt général de la trame, qui nous montre une femme qui veut rentrer chez elle bredouille, mais qui en cours de route, grâce au hasard, trouve une forme d’intelligence et de hiérarchie chez les morts-vivants. Tout ça pour n’aboutir à rien, si ce n’est à un récit qui va d’un point A à un point B, récoltant de maigres éléments, pour ensuite repartir à la recherche de sa fille qui, comme on s’en doute, n’est pas vraiment sa fille. Car bien au-delà des recherches sur les zombies, on va devoir se coltiner des aberrations scientifiques autour du clonage et des gènes qui permettent de devenir plus fort. Un délire d’une rare stupidité qui amène aux parties concernant la jeunesse des deux sœurs.

Là, la série fond littéralement et n’arrive jamais à dépasser son statut de série pour teenagers, où il faut inclure tout le monde, sans jamais réfléchir à l’intérêt des personnages. On retrouve donc deux sœurs jumelles, une noire et une asiatique, qui ne se sont jamais posées de questions sur leurs origines. Jusqu’à arriver à New Raccoon City, où des éléments vont venir les titiller. On perçoit rapidement les bêtises qu’elles font faire, par rébellion, et les éléments déclencheurs que cela va produire. Non seulement c’est incohérent (comment deux jeunes filles pas forcément geek arrivent à forcer les portes du plus grand laboratoire pharmaceutique du monde ?), mais cela est aussi très téléphoné. On devine tout ce qui va se passer, et le déchirement progressif entre les filles n’en est que plus long. Bref, c’est Dawson, avec des scientifiques fous et un délire tout naze sur le clonage.

En dehors de la narration et de l’ennui profond que l’on ressent dans la partie adolescente, la série est plutôt agréable à regarder. Les effets spéciaux sont corrects, et on retrouve même des moments assez impressionnants, comme cette chenille géante ou encore le moment avec les Lickers. Mais au fur et à mesure des épisodes, la qualité se délite progressivement pour arriver à des passages intolérables et d’une nullité crasse. En fait, la série flirte constamment avec le nanar de luxe. On pense à cette séance de comédie musicale incongrue et déroutante, ou encore à la présentation des trois clones d’Albert Wesker, filmé à la manière d’une comédie à la Brooklyn Nine-Nine. Tout cela nous fait sortir de l’intrigue, mais aussi de l’ambiance sérieuse voulue. Comment peut-on valider de telles âneries qui décrédibilisent histoire et ambiance ?

Alors oui, certains seront peut-être contents de la tournure que prend cette série, en s’octroyant le droit d’être dans la ligne directe des jeux vidéo. On est dans le même univers, et du coup, on a droit à tout un tas de références à peine appuyées. Les fans apprécieront certainement la présence des Lickers, la nouvelle version d’Albert Wesker ou encore le clin d’œil appuyé à Resident Evil 4 avec le type à la tronçonneuse. Mais est-ce que tout cela suffit à faire de cette série, une bonne série Resident Evil ? Non, car la peur n’est pas présente, et si on a droit à quelques aspects gorasses, on reste dans quelque chose de très calibré et qui n’arrive jamais à manier correctement la tonalité de son histoire.

De plus, les acteurs ne sont pas forcément bons, comme Paola Nunez en grande méchante, qui surjoue en permanence, ou encore le duo d’ados Tamara Smart et Siena Agudong, tout bonnement insupportable. Ella Balinska reste suffisamment badass pour assurer le show, mais son personnage fait tellement n’importe quoi, qu’elle en devient pénible. Elle pourrait mourir que l’on s’en battrait littéralement les noix. Et c’est bien là tout le problème de cette série, son incapacité à créer des protagonistes attachants, qui ont de réels enjeux, autre que de courir après une survie qui n’est faite que d’aléas et d’heureux hasards. Mention spéciale au tueur d’Umbrella, qui bénéficiera d’une tuerie en plan-séquence dont la conclusion sera une vilaine farce. Tout ça pour ça…

Au final, cette nouvelle série Resident Evil débute de la pire des façons possibles. Le scénario est d’une bêtise crasse et surtout, le showrunner semble incapable de tenir une ligne directrice cohérente, s’efforçant de coller de l’humour là où il n’en faut pas. On se retrouve donc face à une série qui mise à fond sur ces références pour sustenter les fans de la licence, mais qui en oublie l’essence même, délivrant un pitch turbo-débile, délaissant la peur, l’angoisse et des personnages forts. Bref, on en serait presque à conseiller de regarder les films de Paul W.S. Anderson, mais sinon, faites les jeux, c’est bien mieux.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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