novembre 3, 2024

La Ligue des Gentlemen Extraordinaires – Film Maudit

Titre Original : The League of Extraordinary Gentlemen

De : Stephen Norrington

Avec Sean Connery, Shane West, Stuart Townsend, Peta Wilson

Année : 2003

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Fantastique

Résumé :

L’aventurier Allan Quatermain dirige la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, association de sept super-héros légendaires, comprenant le mystérieux Capitaine Nemo, la femme vampire Mina Harker, l’invisible Rodney Skinner, le jeune et intrépide agent secret américain Tom Sawyer, l’inaltérable Dorian Gray et l’inquiétant duo Jekyll / Hyde. Venus des horizons les plus divers, les membres de la Ligue sont de farouches individualistes, des exclus au passé ténébreux et agité, dont les facultés hors normes constituent à la fois un atout et une malédiction.

Réunis dans des circonstances exceptionnelles, ils doivent en peu de temps nouer des rapports de confiance, apprendre à fonctionner en équipe. Après avoir embarqué à bord du Nautilus, ils gagnent Venise, où leur adversaire, le diabolique Fantôme, se prépare à saboter une conférence réunissant les plus grands chefs d’Etat…

Avis :

Alan Moore est une figure pantagruélique du comic. Il faut dire que l’homme possède une plume incroyable et il a livré des chefs-d’œuvre assez incroyables, comme Watchmen, From Hell, V Pour Vendetta ou encore La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Personnage difficilement cernable, il reste une référence pour de nombreux scénaristes, qui s’en sont donné à cœur joie avec ses œuvres, qu’il désavoue toutes sans exception. Et si on peut rester dubitatif sur certaines adaptations, d’autres sont pourtant d’excellents films qui sont plus ou moins devenus cultes. Mais parmi les pires, on peut citer La Ligue des Gentlemen Extraordinaires de Stephen Norrington. Loin, très loin du comic d’origine, le film ne va être une partie de plaisir pour personne, pas même pour ceux qui ont joué dedans et ceux qui l’ont tourné. Retour sur un fiasco total et un film qui coûta la carrière de deux grandes stars.

A la base, l’histoire concoctée par Alan Moore prenait de nombreux personnages issus de la culture fantastique littéraire anglaise. On retrouve donc Dorian Gray d’Oscar Wilde, Mina Harker qui se trouve dans les pages de Dracula de Bram Stoker, ou encore Dr Jekyll & M. Hyde de Robert Louis Stevenson. Ici, un homme mystérieux regroupe tous ces personnages pour déjouer un complot qui vise à faire tomber tous les pays du monde dans une guerre sans merci. L’équipe se forme bon gré mal gré et va découvrir rapidement le pot aux roses, avec un traitre parmi les siens. On va vite se rendre compte que le film n’a pas grand-chose à voir avec la version papier. On retrouve un héros américain au milieu de tout ça, Tom Sawyer, car les studios ont fait le forcing, pensant que sans héros américain, le film ne marcherait jamais outre-Atlantique.

Budget au rabais

Le problème avec le scénario du film, c’est qu’il présente très rapidement les personnages, mais accorde plus d’importance à certains, notamment à la seule présence féminine. Cela n’est pas fait pour faire avancer le scénario, mais pour resituer ce protagoniste dans sa propre histoire, car ce n’est pas Dracula, et elle est donc moins connue. On prend vraiment les cinéphiles pour des incultes de la littérature classique, mais ce n’est pas le plus grave. Car globalement, cette histoire de complot tourne vite au vinaigre avec un plot twist ridicule prévisible et des affrontements qui vont aller très vite sans prendre le temps de poser des questions essentielles. Les conséquences de la guerre, d’un point de vue international, ne sont pas évoquées, et il n’y a finalement aucun gros enjeu, si ce n’est d’arrêter ce fantôme de l’opéra low cost, qui s’avèrera être Moriarty, en rapport avec Sherlock Holmes.

Sorti en 2003 chez nous, le film va aussi connaître des déconvenues visuelles assez atroces, même pour l’époque. Malgré des décors parfois somptueux, comme la bibliothèque de Dorian Gray, on reste dans de l’image de synthèse qui pique grandement les yeux. Difficile de ne pas plisser le regard sous la déferlante atroce de CGI quand il faut présenter la nouvelle armée du méchant, avec une caméra qui survole le tout de manière hystérique. De plus, le film est marqué par des coupes budgétaires qui se voient à l’écran. La partie qui se déroule à Venise est insupportable tant elle est sombre, cachant la misère de ses effets visuels. Et le talent de Stephen Norrington (qui avait pourtant réalisé cinq ans auparavant l’excellent Blade) ne se voit absolument pas. Il faut dire que le tournage fut tendu à plus d’un titre.

Norrington/Connery – La Bagarre

En premier lieu, les coupes dans le budget laissèrent tout le monde dans la mouise. Les studios ont décidé de réduire les dépenses drastiquement, ce qui donne cet effet moche à l’écran. De plus, il y avait d’importances tensions entre le réalisateur et son acteur principal, Sean Connery. En effet, les deux hommes ne s’appréciaient pas des masses, et ils en sont presque venus aux mains lors d’une prise. Cela amena même Stephen Norrington a déposé sa démission auprès des studios, qui l’ont menacé de porter plainte. Tout cela se sent dans le film, qui manque d’un peu tout. D’autant plus qu’il faut ajouter à cela un script qui a dû être réécrit plus de vingt fois, la faute, encore une fois, à Sean Connery, qui refusait que son personnage soit dépendant à des drogues, comme c’est le cas dans les romans.

Entre les exigences des studios à mettre un héros américain, et les exigences d’un acteur capricieux, il est compliqué dès lors d’avoir un film qui tienne la route. D’autant plus que le montage est absolument chaotique, avec notamment de la post-prod aux fraises sur les effets spéciaux, mais aussi et surtout des coupes insupportables lors des phases d’action, où l’on a droit à un plan toutes les deux secondes. Les scènes de combat ne sont pas crédibles, et il y avait pourtant matière à faire quelque chose de bien. Enfin, difficile de ne pas passer outre le jeu catastrophique de Sean Connery, qui a signé après avoir décliné Matrix et Le Seigneur des Anneaux et ne voulait pas passer à côté d’un carton au box-office. Le karma.

Au final, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est un très mauvais film qui coûta cher aux studios de production, mais aussi et surtout à deux personnes impliquées dans le projet, Sean Connery et Stephen Norrington. Certainement dégoûté par son expérience, c’est le dernier film du réalisateur, qui ne touchera plus une caméra par la suite. Quant Sean Connery, il prendra une retraite bien méritée et ne terminera pas sa carrière sur un chant du cygne. Triste film donc, pour une triste histoire qui démontre à quel point le septième art est cruel et combien il est complexe d’adapter du Alan Moore.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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