avril 25, 2024
BD

Goldorak – Fulguro-Bulles

Auteurs : Xavier Dorison, Alexis Sentenac, Brice Cossu, Denis Bajram

Editeur : Kana

Genre : Fantastique, Science-Fiction

Résumé :

L’empire de Véga vient de réduire en cendre la lointaine planète d’Euphor. Actarus, son prince, assiste impuissant à la mort des siens. Il parvient néanmoins à échapper au massacre en s’emparant de Goldorak, le plus puissant des robots de combat.

Avis :

Avec Les Chevaliers du Zodiaque, Dragon Ball ou encore Albator, Goldorak demeure l’une des figures emblématiques des animes et des mangas parus au cours des années 1970/1980. Véritable prétexte à quelques élans nostalgiques, l’œuvre de Gō Nagai n’a rien perdu de sa superbe. Avec Mazinger Z, Goldorak a posé les fondamentaux des histoires mettant en avant des mechas. Par ailleurs, le genre s’arroge quelques influences héritées du kaijū eiga ; démesure des affrontements et des créatures oblige. Plus de 40 ans après la fin de la série, Goldorak s’offre une nouvelle conclusion, prolongeant le plaisir, mais pas uniquement pour les amateurs de la première heure…

Intitulée sobrement Goldorak, cette bande dessinée a nécessité près de 5 années de travail ; du dossier envoyé à Gō Nagai lui-même jusqu’au processus d’édition. D’emblée, on devine l’indéfectible passion qui unit ces 5 auteurs. Ce projet un peu fou n’est pas seulement un prétexte pour s’immerger dans des souvenirs d’enfance ; pas plus qu’il ne vise des velléités opportunistes. Comme l’indique la lettre d’intention en fin d’ouvrage, il s’agit de rendre hommage au prince d’Euphor sans pour autant se contenter d’une redite dénuée de fond. L’une des ambitions de cette BD est d’offrir une véritable continuité à l’œuvre originelle et de l’inscrire dans une mouvance contemporaine.

En l’occurrence, l’intrigue se situe 10 années après l’ultime bataille contre le Grand Stratéguerre. Les protagonistes ont sensiblement évolué, tout comme les processus narratifs. L’entame suggère un contexte réaliste avec cette incursion sur la Lune. Cela tient aux dessins, à l’atmosphère dépeinte. Le style graphique présente une transition entre la BD « classique » et le manga. Les traits physiques sont davantage appuyés, les décors sont fouillés et fourmillent de nombreux détails. De même, le travail de colorisation alterne entre des teintes vives et d’autres, plus sobres. Le changement des ambiances concourt à l’immersion du lecteur, à l’appréhension de scènes aux tonalités différentes ; qu’elles soient épiques ou dramatiques.

Dans un premier temps, l’intrigue renoue avec les codes de la série et, plus généralement, du genre mecha. On y retrouve ces affrontements titanesques entre robots et extraterrestres. Mention spéciale à la réalisation qui assimile parfaitement la notion de mouvement et de vitesse pour les séquences d’action. La lecture s’avère donc fluide et dynamique. Au vu des premiers chapitres (la structure du récit), on s’attend légitimement à une approche manichéenne. La confrontation avec les forces de Véga est bel et bien présente. Toutefois, celle-ci s’oriente vers des conséquences surprenantes, car plus nuancées dans l’éternelle dualité entre le bien et le mal.

Sans s’attaquer au mythe, on découvre un pan du passé d’Actarus qui le rend plus « humain » ; eu égard à ses failles psychologiques et certains évènements de la guerre sur la planète Euphor. On apprend aussi davantage sur le peuple de Véga ; ses aspirations et ses craintes quant à sa potentielle extinction. Le message écologique demeure sous-jacent, mais ne constitue pas le point le plus notable. Les auteurs se penchent surtout sur le statut de réfugiés et l’accueil que l’on réserve à ce que l’on considère comme des étrangers. En écho à un discours subtil et pragmatique, on apprécie également le rapport de la peur à la violence où l’une engendre l’autre.

Au final, Goldorak s’avance comme une incursion remarquable dans l’œuvre de Gō Nagai. Bien plus qu’un vibrant hommage, cette bande dessinée comprend toute la difficulté à renouer avec un titre culte et la nécessité de le faire évoluer dans un nouveau contexte. Cela tient au style graphique, ainsi qu’à l’histoire. Cette dernière fait preuve d’une grande maturité, évoquant des problématiques contemporaines, sans pour autant sacrifier l’action ou le divertissement que l’on recherche. Il en ressort un épilogue somptueux qui s’éloigne rapidement du fan service pour contenter un plus large public ; des connaisseurs aux novices, des jeunes aux moins jeunes. À l’image de Goldorak, un travail titanesque qui débouche sur une excellente surprise.

Note : 18/20

Par Dante

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