avril 25, 2024

Ulver – Flowers of Evil

Avis :

Les changements musicaux, dans une carrière, sont plus nombreux que l’on pourrait le croire. Car si certains groupes restent fidèle à leur style de base, d’autres aiment explorer de nouvelles sonorités et se lancent des défis dangereux. En effet, des groupes comme Linkin Park se sont mis à dos des fans de la première heure lorsqu’ils ont décidé de faire des choses plus pop et électro. Concernant Ulver, c’est une autre paire de manches. Fondé au début des années 90 en Norvège, le groupe va proposer trois albums qui sont du Black Metal pur et dur, malgré quelques touches folkloriques. En 1998, Ulver commence à changer de registre, gardant un aspect métal, mais incluant des sonorités électro plus prégnantes. C’est en 1999 que le changement est radical, les norvégiens délaissant le métal pour plonger pleinement dans la musique électro, parfois même expérimentale.

Essayant de surprendre à chaque album, Ulver va proposer à chaque fois des galettes différentes et qui peuvent laisser sur le carreau. Expérimentant des sons, ajoutant des références à tout va, le groupe, porté par Kristoffer Rygg, s’impose alors dans différents mouvements, gardant ses lettres de noblesse dans le métal, mais partant bien souvent dans un Synthwave bien sombre. Ce qu’il va faire avec Flowers of Evil, qui n’a plus rien de Black en son sein, si ce n’est des paroles lugubres et souvent dépressives. Ici, on est plus proche d’un Depeche Mode que d’un Burzum, et pourtant, l’ensemble nous emballe, nous emporte et l’écoute se révèle bien plus complexe qu’il n’y parait. D’ailleurs, l’ouverture avec One Last Dance donne le ton, avec une ambiance particulière et une voix enchanteresse. Il réside dans ce morceau une noirceur assez forte, pourtant, on va se laisser porter par les mélodies, presque joviales.

Avec Russian Doll, on retrouve un peu de cette mélancolie qui berce un peu tout l’album. Cependant, et malgré des paroles dures, on reste dans une ambiance très douce et soignée. Ulver arrive sans aucun mal à mélanger des choses qui peuvent sembler opposées. La douceur l’emporte sur la noirceur, mais il y a toujours cette ambivalence qui prévaut et qui seront très intéressante. Alors oui, il n’y a plus de trace de Black, même si on retrouve quelques résidus de gratte sur Machine Guns and Peacock Feathers. Le titre est très marquant grâce à ce riff solide, mais aussi et surtout grâce à un refrain qui fait mouche à chaque fois. L’ajout de chant féminin qui vient appuyer les phrases du refrain fait aussi son effet et permet de chanter en même temps. On pourrait alors croire à un effet mercantile, mais il n’en est rien.

On est loin d’une pop facile d’accès. Et cela se confirme avec Hour of the Wolf. Ici, le groupe propose quelque chose d’assez sombre et de très lent. Lancinant et très insidieux, le morceau offre une vision sombre et mélancolique du groupe, démontrant que la noirceur n’est jamais loin d’Ulver. Cependant, c’est peut-être aussi le titre le moins percutant de l’album, celui qui passe le plus au travers. Cela est contrebalancé par Apocalypse 1993, qui est très dark dans ses paroles, mais qui se révèle plutôt joyeux dans la mélodie et les arrangements. Là aussi, le refrain fonctionne à plein régime, gardant une structure très simple, mais avec quelques petites touches particulières qui font toute la saveur du titre. Little Boy ira chercher du côté de Depeche Mode dans ses vocalises et dans ses références, offrant un spectre large mais parfaitement maîtrisé.

Pour les deux derniers morceaux, Ulver va continuer son petit bonhomme de chemin, proposant des titres qui sont assez lumineux dans leur ambiance et leur sonorité, mais qui garde un côté sombre dans les paroles. Nostalgia est un titre qui monte crescendo, trouvant de jolies envolées sur sa fin. Quant à A Thousand Cuts, on navigue dans un morceau tout doux, assez envoûtant, mais qui parfois manque un peu de tact. La guitare revient en filigrane pour quelques notes aériennes, et l’ensemble fonctionne à plein régime. D’ailleurs, une fois le titre terminé, on a qu’une envie, celui de relancer la galette pour une nouvelle écoute et saisir toutes les subtilités cachées.

Au final, Flowers of Evil, le dernier effort en date de Ulver, est une belle réussite. Le groupe, toujours à la recherche de nouveaux sons, de nouvelles mélodies, propose un album qui est entre la Synthwave et le Darkwave, avec quelques excès mélancoliques. L’ensemble est cohérent, solide, et même si l’on ne retrouve plus une seule trace de métal là-dedans, force est de constater que c’est envoûtant, paisible et que le disque tourne rapidement en boucle.

  • One Last Dance
  • Russian Doll
  • Machine Guns and Peacock Feathers
  • Hour of the Wolf
  • Apocalypse 1993
  • Little Boy
  • Nostalgia
  • A Thousand Cuts

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.