Titre Original: Heisei Tanuki Gassen Pompoko
De : Isao Takahata
Avec les Voix de Makoto Nonomura, Yuriko Ishida, Akira Kamiya, Shigeru Izumiya
Année : 1994
Pays : Japon
Genre : Animation
Résumé :
Jusqu’au milieu du XXe siècle, les tanukis, emprunts d’habitudes frivoles, partageaient aisément leur espace vital avec les paysans. Leur existence était douce et paisible.
Mais le gouvernement amorce la construction de la ville nouvelle de Tama. On commence à détruire fermes et forêts. Leur habitat devenu trop étroit, les tanukis jadis prospères et pacifistes se font la guerre, l’enjeu étant de conserver son bout de territoire. Efforts dérisoires car la forêt continue de disparaître…
Les humains, avec qui ils ont appris à cohabiter, font preuve d’un expansionnisme inexpliqué. Les chefs de clans coordonnent la riposte. Un plan est établi sur cinq ans : le temps pour les animaux d’étudier les humains et de réveiller leur pouvoir de transformation. Il va falloir tenter d’effrayer les humains en évoquant peurs et superstitions. Les solutions les plus farfelues sont expérimentées…
Avis :
Cofondateur du studio Ghibli, Isao Takahata est aussi un illustre dessinateur et un raconteur d’histoires à la hauteur de Hayao Miyazaki. Pas étonnant donc que les deux comparses s’entendent si bien et que leurs métrages cohabitent avec autant d’osmose. Mais ce qu’il y a d’agréable avec les deux messieurs, c’est que malgré une certaine ressemblance dans le design et les messages, les ambiances sont totalement différentes. Pompoko s’appuie sur un animal très populaire au Japon, le tanuki, puisque un grand nombre de statues y sont érigées en l’honneur de cet animal, et lui confère des pouvoirs magiques, au même titre que le renard par exemple. Dès le départ, le film s’éloigne rapidement des codes que l’on a l’habitude de voir chez le studio Ghibli et cela peut dérouter. Alors qu’est-ce qu’il ressort de ce film ? Est-ce tout de même un bon film ?
Comme des airs de Dragon Ball au pays des blaireaux…
L’histoire commence rapidement avec une voix-off qui fait les présentations. Mais cette dernière aura une importance capitale, puisqu’elle sera présente durant tout le film. On nous raconte alors que les tanukis vivaient en paix et en harmonie avec les humains dans un milieu forestier où les hommes vivaient dans des fermes et n’étaient pas très nombreux. Seulement, l’expansionnisme humain va prendre le dessus et la colline où vivaient les tanukis va être rongée petit à petit pour construire des résidences et des maisons. Les tanukis vont alors faire une coalition pour faire fuir les humains et conserver leur colline. Utilisant leur pouvoir de métamorphose, ils vont essayer plusieurs stratégies. La première chose que l’on remarque, c’est qu’il n’y a pas d’humains héros dans ce film. Mais si on s’y attarde un peu plus, il n’y a pas de héros tout court. En effet, si quelques personnages bénéficient d’un traitement un poil plus poussé que la majorité, on aura surtout une espèce qui lutte pour sa survie et qui va instaurer des votes, des essais, des stratégies pour, soit éradiquer l’homme pour les plus vifs, soit faire peur à l’homme pour le faire fuir pour les plus modérés.
Le film sera alors sujet à des délires visuels incroyables, souvent drôles et dynamiques. Mais c’est surtout grâce à ses changements de design perpétuels que le film va créer une certaine accroche avec le spectateur. Les tanukis sont tantôt représentés sous leur forme animal, puis sous une forme plus humaine et quand ils sont très heureux, sous une forme plus cartoon. Ce qui peut paraitre déroutant se révèle intéressant et donne un certain charme au métrage. Seulement, sous ses airs de films enfantins, se cache un vrai film pour adulte qui sera très difficilement accessible aux plus jeunes. Relativement bavard, le film est souvent osé, montrant les organes génitaux des animaux, qui les utilisent pour faire des tours de magie et pour s’en faire des armes. Les attaques sur les êtres humains sont violentes et les animaux n’hésitent pas à faire des morts en créant des accidents. Enfin, la grande parade monstrueuse vers la fin du métrage risque d’effrayer plus d’un enfant.
Le message est le gros point fort du film. Profondément écologique, il démontre tous les méfaits de l’être humain envers la nature et son profond égoïsme. Si cela reste dans un air cordial, on sent quand même, notamment avec la voix-off, que le message est clair et que les humains ne sont pas les plus sympas sur terre. Néanmoins, cela est nuancé par les actes des tanukis qui sont parfois très violents et cela ne leur sert pas à grand-chose, pire cela envenime la situation. On se rend compte que seul la fourberie et l’intelligence paient. Du coup, Pompoko est un reflet de l’être humain tout en étant un film presque documentaire sur la vie des tanukis. C’est assez drôle de voir la comparaison des deux et cela fonctionne plutôt bien, notamment grâce à un humour omniprésent et parfois assez osé. Le problème réside dans l’absence de lyrisme et d’onirisme qui fait le charme des films de Miyazaki. D’ailleurs, on remarquera que la mélancolie est totalement absente et qu’il manque vraiment une certaine poésie pour le film soit absolument parfait.
Des scrotums parachutes, un concept qui fait grincer des dents.
Au final, Pompoko est un très bon film avec un message profond et toujours d’actualité vingt ans plus tard. Complètement à part dans l’univers du studio Ghibli, le film est un vrai divertissement, mais qui s’oriente vers un public adulte ou adolescent. On regrettera cependant le manque de lyrisme et de mélancolie, toujours présents dans les œuvres de Miyazaki et absents de ce métrage.
Note : 16/20
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Par AqME