avril 24, 2024

Résurrection – Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Auteurs : Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Editeur : J.-C. Lattès

Genre : Thriller

Résumé :

1291, Terre sainte. Un groupe de templiers, chargé d’une mission secrète, est massacré au milieu du désert. Un seul chevalier en réchappe, miraculeusement.

1943. Des ténébreux châteaux allemands aux couloirs troubles du Vatican, Tristan Marcas s’engage malgré lui dans une nouvelle quête.
À la recherche d’un mystère qui le conduira jusqu’aux portes de l’enfer.

Avis :

Initialement prévue comme une trilogie, la saga du Soleil noir a connu un formidable succès critique et commercial. Dans un contexte historique d’une grande rigueur, Giacometti et Ravenne ont exploré de fort belle manière les penchants ésotériques des nazis. Il en ressortait une quête particulièrement dense et bien menée pour présenter cette période sombre sous un angle qui s’éloigne du champ de bataille et des idées reçues. Avec Résurrection, quatrième opus mettant en scène Tristan Marcas, le duo d’auteurs poursuit ce travail d’orfèvre sur des thématiques similaires. En l’occurrence, il est question de se pencher sur le trésor des Templiers et, surtout, de l’aura de mystère qui imprègne (littéralement ?) le Suaire de Turin.

L’intrigue de Résurrection prend place en 1943. Elle s’inscrit donc dans la lignée de son prédécesseur, soit un an après les évènements dépeints dans La Relique du chaos. Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, le contexte s’attarde surtout sur les conséquences géopolitiques du conflit. Sans pour autant se focaliser sur cet aspect, on évoque une situation susceptible de tourner à l’avantage des Alliés. Certains dignitaires nazis semblent conscients d’une potentielle défaite du Reich allemand. On notera que le présent ouvrage fait montre d’une érudition rare pour exposer certains faits ou anecdotes avec une multitude de détails. Cela tient aussi bien aux habitudes des protagonistes ayant réellement existé qu’à l’environnement de l’action.

Le statut d’infiltré de Tristan Marcas devient plus évasif dans le sens où les missions d’espionnage ne sont plus d’actualité. Il y a toujours ces jeux de manipulation à double tranchant, mais l’intérêt national et les enjeux politiques sont sensiblement écartés. Le fonds se concentre donc sur une description fouillée du contexte. Pour cela, le récit se partage essentiellement entre l’Allemagne et l’Italie. L’occasion est donnée de développer le rôle de l’Église catholique lors du conflit. Quant aux agissements des nazis ou des fascistes de Mussolini, ils sont représentés à travers des séquences clefs, comme une scène d’exécution sommaire ou une séance de torture. L’impact sur la population demeure, quant à lui, sciemment en retrait.

Étant donné le contenu et la progression, Résurrection évolue davantage vers des éléments propres au récit historique qu’au thriller ésotérique « pur ». Les deux sont en corrélation, mais cette nouvelle quête tend souvent à se mettre en filigrane des interactions entre les principaux intéressés. Au vu de la qualité des descriptions et du travail de recherche mené, ce n’est en rien péjoratif. L’atmosphère et l’immersion sont au rendez-vous. Dans une certaine mesure, ce sens de la narration rappelle d’ailleurs les œuvres respectives d’Harald Gilbers ou de Philip Kerr, même si ceux-ci se situent davantage dans le polar historique.

Pour autant, les auteurs n’en oublient pas leur point de mire. On y retrouve les fondamentaux du thriller ésotérique. Les énigmes sont bien construites, subtiles et pertinentes afin d’amener le lecteur et les personnages à un nouveau stade de compréhension. L’irruption d’une société secrète est aussi présente. On remarquera aussi l’intégration de fréquentes péripéties qui se rapprochent du récit d’aventures. La maîtrise des écrivains demeure incontestable dans ce domaine. On regrettera néanmoins l’incursion furtive et un traitement trop expéditif concernant l’une des principales intervenantes des précédents tomes.

Au final, Résurrection est un quatrième opus qui s’écarte sensiblement de la trilogie initiale. À l’instar d’une transition pour amorcer une nouvelle quête, cette suite s’avance comme un trait d’union entre le récit historique et le thriller ésotérique. L’amalgame est pertinent, même si l’équilibre des parties n’est pas toujours au rendez-vous. Il n’en demeure pas moins un roman de qualité et rigoureux dans sa description de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci se voit sous le prisme de missions clandestines et éloignées des combats au front. Une lecture entraînante et instructive, notamment à travers de véritables anecdotes qui dépassent la fiction. Une initiative cohérente et enthousiasmante pour un cinquième volume déjà suggéré au terme du livre.

Note : 14/20

Par Dante

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